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Le fauteuil des voluptés du Prince de Galles

Pour ses parties fines à Paris, Édouard VII, futur roi d’Angleterre, fit réaliser une chaise très particulière

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chaise

Une assise confortable, des étriers métalliques, des accoudoirs verticaux de bois : le fauteuil est étrange. Il évoquerait celui du gynécologue s’il n’était recouvert d’un tissu chamarré et n’était superposé à une méridienne dotée de plaques pivotantes. Et cette bizarrerie s’explique quand on sait que le fauteuil devait faciliter les amours de son commanditaire, le prince de Galles, Édouard. Le fils de la reine Victoria d’Angleterre aimait s’adonner confortablement à tous les plaisirs. En 1890, il avait ainsi demandé à Louis Soubrier, artisan du faubourg Saint-Antoine, de lui fabriquer cette pièce de mobilier pour pouvoir jouir de ses deux amies sans trop faire d’effort. C’est qu’à 49 ans, le prince avait un tour de taille imposant – 121 centimètres, dit-on – et le souffle court – il fumait 40 cigarettes par jour – qui pouvaient rendre ses jeux érotiques à trois difficiles à réaliser. Le « trône d’amour » comme il fut surnommé permettait ainsi mille et une positions en toute commodité. La demoiselle allongée sur le dos, les pieds dans les étriers, pouvait être honorée par le prince s’agrippant aux accoudoirs tandis que la seconde assise ou couchée sur la méridienne s’occupait d’autres parties de son anatomie… À moins que ce ne soit lui qui se coucha sur le siège, une jeune femme à genoux entre ses cuisses, elle-même titillée par son amie…

Chacun tentera d’imaginer les jeux de celui qui était surnommé « Dirty Bertie » par les jeunes femmes du bordel que le prince fréquentait. Comme bien d’autres personnes bien nées et nanties, rois, aristos, hommes d’États, diplomates, hauts fonctionnaires et autres vedettes, le prince de Galles se rendait très fréquemment au Chabanais quand il était à Paris. Et dieu sait s’il y était souvent tant il aimait la capitale et la France. La maison close de la rue Chabanais, non loin du Palais-Royal, était considérée comme la plus luxueuse et la plus huppée de la capitale. Madame Kelly sa propriétaire, une ancienne courtisane, avait investi près de 2 millions de francs – une somme considérable à l’époque – pour transformer les lieux en un espace exotique dédié aux plaisirs. Vous frappiez à la porte discrète et un domestique africain habillé à l’orientale vous ouvrait la porte pour vous faire rentrer dans un hall orné de rocailles et cascades. Vous passiez ensuite dans la salle Pompéi recouverte de miroirs et peintures érotiques. C’est là que vous déboursiez 100 francs – l’équivalent de 500 euros – pour recevoir des jetons et vous amuser, boire et monter avec la belle de votre choix dans une des 30 chambres. Madame Kelly les avait aménagées dans des styles très différents, indien, oriental, vénitien – avec un lit en forme de coquille –, japonais – avec force divans et encens –, pirate, médiéval, Louis XV… Le prince lui aimait la suite hindoue. Il l’avait réservée en permanence et y avait fait installer cette « chaise du sexe » ainsi qu’une baignoire de cuivre rouge en forme de cygne et ornée de deux sphinges à la poitrine dénudée. Il aimait, dit la rumeur, y prendre des bains de champagne Mumm Cordon rouge accompagné des pensionnaires du lieu.

Mais ces folies durent prendre fin en 1901 quand le prince sexagénaire monta sur le trône pour devenir pendant neuf courtes années souverain du Royaume-Uni et empereur des Indes. Dès lors, le Chabanais appartenait à son passé de dandy désinvolte, joyeux et aimable. Édouard s’était en effet forgé une réputation de grand séducteur, de noceur excessif et de joueur invétéré. Même s’il était marié à la princesse Alexandra de Danemark dès ses 21 ans et père de cinq enfants, Édouard eut de très nombreuses maîtresses, des actrices, chanteuses, femmes du monde parmi lesquelles la mère de Winston Churchill ou Sarah Bernhardt. On lui prête pas moins de 55 liaisons que son épouse aurait choisi d’accepter.

Quant au fauteuil des voluptés, devenu roi, Édouard le laissa au Chabanais où il devint une pièce maîtresse, un objet de fierté montré et exhibé jusqu’à ce que la maison close fut contrainte de fermer suite au vote de la loi Richard de 1946 qui abolissait le régime de la prostitution réglementé. Le fauteuil fut vendu aux enchères et serait aux mains d’un collectionneur américain. La baignoire elle, fut offerte à Salvador Dali…

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