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#MeToo: la Une polémique du magazine L’Obs choque les internautes

L’hebdomadaire français a fait un choix audacieux. La rédaction se défend en prétextant une couverture « ironique ». Les internautes pointent du doigt, très majoritairement, certains raccourcis.

Temps de lecture: 3 min

« Être un homme (après #MeToo) », titre, en couverture, le magazine L’Obs de ce jeudi 2 août. À peine sorti en kiosques, ce nouveau numéro fait déjà beaucoup réagir sur la toile. La Une de l’hebdomadaire français choque de nombreux internautes. En plus du titre, le magazine a fait le choix d’une illustration un rien provocatrice : un homme torse nu fixe l’objectif, attablé dans ce qui ressemble à une salle à manger. Un petit chien l’observe, un bouquet de fleurs fanées est posé à côté de lui.

Dans les pages du magazine, L’Obs se demande donc « comment être un homme après #MeToo », ce mouvement né aux États-Unis suite à de nombreuses affaires de harcèlement et d’agressions sexuelles. Le hashtag devait servir à la libération des femmes qui souhaitaient se débarrasser d’un poids certain. Le mouvement s’est propagé au-delà des frontières américaines. Notons par ailleurs que L’Obs a toujours été un fervent défenseur de #MeToo.

« Être viril = être violeur ? »

Pour autant, la couverture choque les internautes. Et ce qui attise la polémique, c’est aussi le texte d’accroche publié sur Twitter avec la photo de couverture : « La déferlante féministe a définitivement ébranlé le modèle patriarcal. C’est l’essence même de la virilité qui est questionnée », écrit le magazine sur le réseau social aux 280 caractères. Il n’en fallait pas plus pour que la twittosphère s’emballe et crie aux raccourcis intellectuels. De nombreuses personnes reprochent notamment au magazine le parallèle suggéré entre virilité et agression sexuelle.

« Ah parce qu’être viril = être un violeur ? Depuis quand #MeToo remet en cause la virilité des hommes ? Et puis, qu’est ce que c’est la virilité en fait ? », s’interroge une internaute. « Donc pour @lobs, être un homme c’est être un harceleur, un agresseur ou un violeur. J’prends note », écrit un autre. Les commentaires en ce sens sont très nombreux.

Le contenu du magazine ? « Une horreur »

Une internaute, qui se revendique féministe dans sa courte biographie Twitter, a été voir plus loin que la simple couverture. Et ce qu’elle a découvert dans les pages du magazine ne lui pas beaucoup plus plu. Elle épingle notamment un article qui se termine de la sorte : « L’égalité croissante des femmes, la remise en question du pouvoir masculin et des modèles de l’hétérosexualité, sont source de malaise dans notre civilisatoin, à l’origine de mouvements réactionnaires, voir terroriste comme celui des incels. Les femmes seraient bien avisées d’en prendre note et d’espérer que la ‘guerre des sexes’ restera une métaphore ».

Au-delà de sa couverture maladroite et de sa phrase d’accroche un rien provoc’, le numéro de L’Obs « est une horreur », écrit-elle. « Y a pas un seul truc qui va dans cet article. Mais là, ça se finit carrément en menace de mort ».

Volontairement « ironique »

Face à cette polémique, la direction du magazine français a tenu à réagir. Et notamment par l’intermédiaire de Pascal Riché, le directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire. Ce dernier encourage les internautes à aller plus loin que la publication Twitter et à lire le magazine.

D’après lui, les équipes de L’Obs ont volontairement choisi une « ‘Une’ ironique ». Il tient à préciser que son magazine a toujours soutenu « à fond et depuis le départ #MeToo ». Il explique que dans les pages de la revue, les journalistes constatent « avec enthousiasme la crise de la virilité à l’ancienne et [soulignent] la nécessité d’une autre éducation des garçons ».

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