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Un fossé masturbatoire sépare les hommes et les femmes

Ce 5 septembre est la Journée Mondiale de la Masturbation Égalitaire. Sans doute est-ce l’occasion d’évoquer nos conditionnements sexuels et l’importance de la masturbation.

Journaliste Temps de lecture: 4 min

La jouissance est offerte aux hommes. D’emblée. Elle s’acquiert chez les femmes. Progressivement. On le sait, un fossé orgasmique sépare les hommes et les femmes. Les premiers jouissent bien plus souvent que les secondes. Quelque 95 % des hommes hétéros ont « souvent ou toujours » un orgasme lors d’un rapport contre 65 % des femmes hétéros.(1)

154 masturbations annuelles pour les hommes et 49 pour les femmes

Et ce fossé se retrouve également dans la masturbation ! Comme le montre une toute dernière enquête menée par Womanizer auprès de 6.000 personnes, la différence de pratique masturbatoire entre les deux sexes est importante, montant à 68 %. En moyenne, dans le monde, les hommes se masturbent 154 fois par an, tandis que les femmes le font 49 fois… L’enquête menée dans 12 pays – pas en Belgique – montre des différences nationales mais souvent les mêmes préjugés par rapport à la masturbation féminine. Ainsi dans la France toute proche où selon l’enquête, les hommes se masturbent 104 fois par an et les femmes 40 fois, – le fossé masturbatoire étant de 62 % – la masturbation masculine est bien plus acceptée que la féminine.

Quelque 29 % des Français déclarent que pour les hommes, la masturbation est devenue complètement normale et banale dans notre société, tandis que 15 % pensent que la masturbation féminine est considérée comme tabou et est associée à l’interdit. Pas moins de 11 % rapportent même qu’elle est vue comme dégoûtante et indécente. L’enquête montre que 39 % des femmes françaises ne se masturbent pas du tout (contre 20 % des hommes). En comparaison, dans le monde entier, plus d’un tiers (35 %) des femmes ne se masturbe jamais (contre 12 % des hommes).

Une libido évaluée à 6,5 pour les hommes et à 5,4 pour les femmes

On ne se débarrasse pas du poids des siècles qui ont enfermé les femmes dans le rôle de madones bienveillantes, soucieuses des autres plutôt que de leurs propres plaisirs érotiques. La sexualité a toujours été considérée comme appartenant aux hommes et l’émotionnel, le relationnel aux femmes. Ainsi aujourd’hui encore, les femmes sont perçues comme ayant une sexualité plus relationnelle que les hommes. Pourtant maintes études révèlent la puissance potentielle de leur libido. On ne citera ici que les chiffres donnés par l’enquête de Womanizer. Les participants ont dû évaluer leur propre libido sur une échelle de 1 (libido très faible) à 10 (libido très élevée). Les résultats globaux ont montré que la différence de libido chez l’homme et la femme est beaucoup plus faible que ce que la plupart des gens pensent. En moyenne, les hommes évaluent leur libido à 6,5 et les femmes à 5,4.

Certes d’autres facteurs – physiques, psychiques, pratiques…- entrent en jeu pour expliquer cette masturbation moindre des femmes. Mais il faut souligner l’importance trop souvent négligée des facteurs historiques et sociologiques.

Une masturbation essentielle

Et se masturber est important ! Même si elle fut longtemps condamnée par les autorités religieuses et même médicales, la masturbation appartient à la vie intime de chacun et chacune. Elle leur offre mille bienfaits, diminue le stress, améliore la santé cardio-vasculaire, prévient le cancer de la prostate chez l’homme et les infections du col de l’utérus chez la femme car l’augmentation de production de la glaire cervicale facilite l’évacuation des bactéries. Elle aide à l’endormissement, soutient le système immunitaire. Et surtout dans la vie sexuelle, elle offre la jouissance, une sensation de bien-être et donne confiance en soi. Elle permet de découvrir le plaisir, de jouer avec son excitation, de connaître son corps. Une connaissance qui peut être transférée dans les rapports sexuels.

Se masturber permet de mieux vivre les rapports sexuels avec l’autre et de parvenir plus facilement à la jouissance. Réduire le fossé masturbatoire permettrait ainsi de réduire le fossé orgasmique. En ce 5 septembre, on célèbre donc avec plaisirs la Journée Mondiale de la Masturbation Égalitaire, même si elle est initiée par une marque (commerciale) de sextoys.

(1)Differences in Orgasm Frequency Among Gay, Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Men and Women in a U.S. National Sample. Etude de David A Frederick, H Kate St John, Justin R Garcia, Elisabeth A Lloyd. Publication dans Q

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