« Mein Kampf », le livre du pire
Retitré « Historiciser le mal », le brûlot de Hitler est méthodiquement annoté et commenté dans sa traduction française. Un outil d’analyse exigeant et nécessaire.
Une couverture blanche, neutre. Pas de photo du Führer. Un autre titre, savant, qui annonce un traitement critique. Pas de large diffusion en librairie ; disponible uniquement sur commande au prix de 100 euros. Les bénéfices de la vente intégralement reversés à la Fondation Auschwitz-Birkenau. La sortie de la traduction en français de « Mein Kampf » par les éditions Fayard est entourée d’un maximum de précautions. Éviter la polémique, la récupération, le soupçon de vouloir se faire de l’argent. Le pamphlet de Hitler, écrit en 1924-1925 en prison, fait toujours peur. Tombé dans le domaine public en 2016, il a fait l’objet d’une nouvelle parution commentée en Allemagne où il s’est vendu à 100.000 exemplaires. Son tirage français est de 10.000. Avec ses 896 pages, ses 3,6 kilos et 2.800 notes en face à face des passages décortiqués, il analyse ce concentré d’antisémitisme, de racisme et de bellicisme. L’édition française, qui a mobilisé une cinquantaine de chercheurs, est menée avec l’Institut d’histoire contemporaine de Munich (IFZ).