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Ayrton Senna, la légende de la F1

Voici déjà 30 ans, le 1er mai 1994, le pilote brésilien se tuait sur le circuit d’Imola lors du Grand Prix de Saint-Marin.

Rédacteur en chef Temps de lecture: 5 min

Les mots de Lewis Hamilton, septuple champion du monde de Formule 1 entre 2008 et 2020, témoignent de l’admiration que les pilotes actuels ont encore à l’égard d’Ayrton Senna, légende du sport automobile dans les années 80 et 90 : « Il est un héros et le restera toujours. » Le 1er mai 1994, voici déjà 30 ans, le pilote brésilien se tuait sur le circuit d’Imola lors du Grand Prix de Saint-Marin, dans des circonstances restées troubles. Retour sur une carrière mémorable et un accident dramatique.

Triple champion du monde

Ayrton Senna, né le 21 mars 1960 à São Paulo, a participé à 161 Grands Prix entre 1984 et 1994. Et son palmarès durant ces dix années est impressionnant : 41 victoires, 80 podiums, trois titres mondiaux avec McLaren en 1988, 1990 et 1991. On ajoutera 65 pole positions, près de 3.000 tours de circuit bouclés en tête et une rivalité exacerbée avec un autre pilote, le Français Alain Prost ! Senna est un pilote de légende, surnommé d’ailleurs « Magic Senna ».

Cette carrière phénoménale prend fin dramatiquement le 1er mai 1994. Le Brésilien est en tête du Grand Prix de Saint-Marin, mais perd le contrôle de sa Renault Williams et heurte violemment un mur au virage Tamburello. Héliporté vers l’hôpital de Bologne, « Magic Senna » est déclaré mort quelques heures plus tard. Ce jour-là, il n’avait pas le cœur à rouler. Deux accidents l’avaient fortement marqué durant le week-end de course. Dès les essais libres du vendredi 29 avril, son compatriote Rubens Barrichello échappe au pire au volant de sa Jordan Hart partie en tonneaux lors d’une sortie de piste à plus de 200 km/h. Senna vient lui-même prendre des nouvelles de Barrichello, à son chevet. Miraculé, celui-ci n’est que légèrement blessé.

Le lendemain, samedi 30 avril, l’Autrichien Roland Ratzenberger aura moins de chance que Barrichello. Lors des qualifications, sa Simtek S941, victime d’une défaillance technique, sort de la route à plus de 300 km/h. Ratzenberger percute le mur de béton dans le virage Gilles Villeneuve. Au bord de la piste, les médecins font un massage cardiaque au pilote, puis celui-ci est transféré à l’hôpital de Bologne, où son décès est officiellement prononcé.

La course, malgré tout

Le lendemain, la course va tout de même avoir lieu. Mais le paddock est sous le choc. C’est le premier accident mortel en F1 depuis 1986 et le décès d’Elio De Angelis, ancien coéquipier de… Senna. Le Brésilien, touché par le crash de Barrichello, est profondément perturbé par l’accident de Ratzenberger. On le voit, prosté, devant un écran de télé qui diffuse les images en direct, puis il se rend lui-même sur les lieux de l’accident. Il n’a pas envie de participer à la course et, en discussion avec d’autres pilotes, exige de nouvelles mesures de sécurité. Au téléphone avec sa compagne Adriana Galisteu, il dit qu’il aimerait ne pas disputer le Grand Prix.

Le 1er mai 1994, à 14h17, la F1 d’Ayrton Senna, alors en tête de la course, percute le mur dans le virage Tamburello à Imola.
Le 1er mai 1994, à 14h17, la F1 d’Ayrton Senna, alors en tête de la course, percute le mur dans le virage Tamburello à Imola. - Content Curation

Sid Watkins, le médecin de la F1, raconte qu’Ayrton Senna a aussi pleuré ce jour-là dans ses bras mais a finalement décidé de courir. Ayrton Senna a prévu de rendre hommage à Roland Ratzenberger et se procure un drapeau autrichien pour l’utiliser sur le podium. Mais cela n’arrivera pas. Parti en pole position, il mène le Grand Prix maudit quand, au septième tour, à 14h17, il perd le contrôle de sa voiture lancée à plus de 300 km/h dans la courbe de Tamburello. Senna freine fort, puis tente d’accélérer pour récupérer la voiture, mais la F1 percute un mur en béton, à une vitesse de 212 km/h selon la télémétrie. Le choc terrible brise la suspension de la F1 et un morceau métallique frappe le casque du Brésilien, perforant la visière. Selon l’autopsie, cette pièce a traversé le visage de Senna sous l’arcade sourcilière droite, provoquant hémorragie et lésions irréversibles. Transporté à l’hôpital en hélicoptère, il est déclaré mort quelques heures plus tard.

Une soudure a lâché

Officiellement, l’enquête a conclu à un accident causé par la rupture de la colonne de direction de la monoplace. Senna avait demandé que le volant soit un peu plus éloigné de son corps et la colonne de direction avait été réduite. Une adaptation fatale : une soudure, sollicitée à pleine vitesse dans le virage Tamburello, a lâché. L’enquête judiciaire a conduit trois principaux responsables de l’écurie Williams (Frank Williams, le propriétaire, Patrick Head, le directeur technique et Adrian Newey, le concepteur de la voiture) devant la justice italienne. Mais celle-ci a prononcé leur acquittement. D’autres hypothèses ont surgi dès l’accident, comme un malaise de Senna, un problème de pression des pneus ou une erreur de trajectoire du Brésilien, mais seule la thèse de la colonne de direction brisée est retenue par les experts.

Mort à 34 ans, Ayrton Senna est entré dans la légende. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles. Et son souvenir n’a jamais disparu. Son décès a aussi entraîné de profondes améliorations de la sécurité des F1. Un seul pilote de Formule 1 s’est tué en course depuis lors. C’était le 5 octobre 2014, 20 ans plus tard donc. Le Français Jules Bianchi est décédé lors du Grand Prix du Japon à Suzuka. En 2018, un halo, sorte d’arceau protégeant la tête du pilote, a été ajouté. Aurait-il sauvé Senna et Bianchi ? Peut-être. Il a en tout cas épargné la vie de Romain Grosjean. À Bahreïn, en 2020, sa F1 de l’écurie Haas a percuté à peine vitesse les barrières de sécurité, avant de prendre feu. Le pilote franco-suisse a réussi à s’extraire seul du brasier après 40 secondes angoissantes. Il ne présentait que des brûlures aux mains et aux pieds. Un miracle. Ou une belle évolution de la sécurité.

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