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Les douze apôtres du Führer

Le roi Édouard VIII, le philosophe Martin Heidegger, le constructeur Henry Ford, le romancier H. P. Lovecraft furent tous des disciples du dictateur nazi. Arnaud de la Croix dresse leur portrait dans un livre.

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À l’été 2015, des images particulièrement étonnantes ont été rendues publiques. Il s’agissait d’un petit film amateur tourné par un membre de la Famille royale britannique. On pouvait y découvrir la future reine Elizabeth II, alors une petite princesse de 7 ans, apprenant à faire le salut nazi. La scène se déroule en 1933, et celui qui lui apprend ce geste fanatique annonciateur de bien sombres événements est son oncle David, alias le futur roi d’Angleterre Édouard VIII. Si, bien sûr, Elizabeth est trop jeune pour comprendre la portée de son geste, son oncle, lui, comprenait parfaitement ce qu’il signifiait. « On argumente régulièrement aujourd’hui qu’il a été contraint à l’abdication en 1936 à cause de sa relation et son futur mariage avec une Américaine divorcée, Wallis Simpson. Je suis persuadé qu’il a été éloigné du Trône pour des raisons politiques », affirme Arnaud de la Croix, philosophe et écrivain belge, auteur de livres d’histoire (“Hitler et la franc-maçonnerie”, “La religion d’Hitler”, “Degrelle”).

« On se rapprochait inéluctablement d’un conflit mondial et le gouvernement britannique considérait le Souverain comme trop proche de l’Allemagne nazie. Il était contre une entrée en guerre de la Grande-Bretagne, se montrait très intéressé par le système social instauré par Hitler, et voyait dans ce dernier un rempart contre le communisme. Il avait aussi passé, dans son enfance et son adolescence, beaucoup de temps en Allemagne, dans cette noblesse allemande dont il était issu, par sa famille, les Saxe-Cobourg-Gotha, qui n’ont changé leur nom en Windsor qu’après la Première Guerre mondiale. » Lors d’un voyage de prospection en Allemagne en 1937, l’ex-roi Édouard VIII, devenu duc de Windsor, avait rencontré Hitler, qui lui avait fait très forte impression. Il dira : « Son regard perçant exerçait une influence magnétique. » Plus tard, il affirmera encore dans un entretien privé : « Hitler n’était pas un si mauvais gars ». Ou encore : « Il n’en a tué que six millions. Il n’a pas fini le travail ».

Le philosophe et le complot mondial

La publication du film amateur britannique, ainsi que la publication en cours en Allemagne des carnets noirs du philosophe Martin Heidegger, où l’on découvre un intellectuel profondément nazi qui dénonce, il en est persuadé, un complot juif en cours à l’échelle planétaire, ont donné l’idée à Arnaud de la Croix d’écrire un livre sur les disciples d’Hitler. « On le dit peu aujourd’hui, mais jusqu’à la défaite de Stalingrad en 1942, Hitler était l’homme d’État le plus populaire d’Allemagne. Cependant, il était aussi très populaire en dehors du pays. Il comptait en Europe comme aux États-Unis toute une série de disciples et de thuriféraires particulièrement enthousiastes à son sujet », nous explique Arnaud de la Croix. « J’en ai choisi douze très différents les uns des autres et qui avaient leurs raisons propres d’adhérer aux thèses nazies.

Cela dit, ils avaient tous un point commun, ils étaient profondément antisémites. Comme le grand mufti de Jérusalem Amin al-Husseini, qui s’opposait à l’établissement d’une colonie juive en Palestine autorisé par les Britanniques. Comme l’écrivain norvégien et prix Nobel de littérature Knut Hamsun, conservateur, qui avait une grande crainte du communisme de Staline. Comme l’évêque autrichien Alois Hudal, qui a tenté de concilier religion catholique et national-socialisme et qui après la guerre a organisé la fuite de dignitaires nazis en Amérique du Sud. Comme le grand aviateur Charles Lindbergh, qui voyait une alliance avec l’Allemagne nazie comme seul rempart d’une civilisation occidentale en danger. » Mais aussi l’immense romancier H. P. Lovecraft pour qui la grande population de Juifs et de Noirs qu’il a vue à New York évoque ces monstres venus de l’extérieur vouant un culte barbare à des entités monstrueuses qu’on peut trouver dans son œuvre. Sans oublier les Mussolini, Degrelle et Henry Ford aux aspirations nazies bien plus connues. Douze apôtres de l’Antéchrist, dont le portrait est dressé sans concession.

admirehitler

“Ils admiraient Hitler. Portraits de 12 disciples du dictateur”, par Arnaud de la Croix, éd. Racine, 160 p., 19,95 euros.

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