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La pilule fait-elle chuter le désir?

Bilan des effets de la contraception hormonale.

Temps de lecture: 5 min

La pilule contraceptive est accusée de bien des maux, graves et petits. Alors qu’elle a été perçue – à juste titre – comme libératrice pour les femmes qui ne craignaient plus de grossesse non désirée, l’invention du docteur américain Gregory Pincus se voit aujourd’hui critiquée – si ce n’est délaissée – par un nombre croissant de femmes qui lui préfèrent d’autres moyens contraceptifs. Parmi les problèmes causés par la pilule, il y a celui de la libido. La pilule se voit reprochée de faire chuter le désir. Qu’en est-il réellement?

Tous les scientifiques s’accordent pour dire que la prise de contraceptifs hormonaux fait baisser le taux d’androgènes, dont la testostérone qui est l’hormone du désir. Mais aucun ne peut démontrer un impact systématique de cette contracetion tant il est vrai que la libido est liée à une multitude de facteurs, aussi physiologiques que psychologiques, culturels et éducationnels. Plusieurs études qui ont tenté d’établir un lien entre ces deux éléments ont montré que pour 30% des femmes, la pilule diminuait effectivement le désir mais pour 30% d’autres, le contraceptif hormonal ne changeait rien et pour les 30% restants, il dopait même le désir car les femmes se lâcheraient davantage pendant les rapports, se sentant libérées de la crainte d’une grossesse non désirée. Pour les soucis d’acné, de poids, de petits saignements pendant la prise de contraceptifs, maux de tête, seins douloureux, troubles de l’humeur, ils font partie des effets secondaires les plus courants des contraceptifs hormonaux, mais ils peuvent être généralement évités en changeant de type de pilules.

La fertilité et l’immunité

Mais la diminution du désir n’est pas la seule critique émise vis-à-vis de ce contraceptif. Il est aussi accusé de diminuer la fertilité ultérieure de la femme. S’il est vrai que le spilules contraceptives semblent affecter la fécondité – diminution de la taille des ovaires et de la réserve ovarienne – elles ne le feraient que de manière temporaire. Progressivement, après l’arrêt de la contraception, les hormones qu’elles contiennent vont peu à peu disparaître et le cycle hormonal classique va reprendre son cours, la fertilité revenant à son niveau d’origine mais à un rythme différent selon les femmes. Chez les unes, le cycle normal revient dès l’arrêt de la pilule tandis que chez les autres, après quelques mois seulement. Pour l’immunité, les effets des contraceptifs hormonaux sont complexes. Certaines études suggèrent un affaiblissement du système immunitaire, une concentration plus basse en vitamine C protectrice, en zinc et en cuivre, une altération des protéines immunitaires. Mais d’autres affirment au contraire que les œstrogènes de synthèse des contraceptifs, soutiennent le système immunitaire à l’instar des œstrogènes naturels.

Et quid des risques de cancer ?

Le premeier chef d’accusation est lié au risque de cancer. Des études ont dans le passé avancé que les pilules contraceptives de type combinées (voir plus bas) entraîneraient une légère hausse du risque du cancer du sein, en particulier chez les jeunes femmes qui la prennent depuis peu et chez celles qui l’utilisent depuis dix ans ou plus. Mais en 2018, les spécialistes soulignent qu’aucun lien formel entre cancer et pilule n’a pu être établi. Par rapport aux carcinomes mammaires, cancer développé à partir d’un tissu de la peau ou d’une muqueuse, les études sont très contrastées: les unes soupçonnent le contraceptif de faire légèrement monter les risques, surtout chez les femmes de moins de 35 ans et les autres l’infirment. En ce qui concerne le cancer du col de l’utérus, les gynécologues confirment que son origine est à 90% virale et qu’il ne peut être attribué aux contraceptifs hormonaux. Par contre, l’utilisation à long terme de la pilule ferait légèrement augmenter le risque d’un cancer du foie appelé carcinome hépatocellulaire. Mais, en revanche, les pilules combinées diminueraient les risques de cancer de l’ovaire, de l’endomètre, du côlon et du rectum. Les effets protecteurs se renforcent même avec la durée d’utilisation.

Liens entre pilule et thrombose

Différentes études se sont penchées sur la question avec des résultats contradictoires. Épinglons celle de 2015, menée par l’université de Nottingham, qui a établi que les pilules de la troisième génération (voir plus bas) et celles à base de drospirénome multipliaient par quatre le risque de thrombose! Il est presque doublé (1,5 à 1,8 fois supérieur) pour les femmes prenant des contraceptifs plus anciens. Mais cet accident grave reste toutefois très rare chez les femmes sous contraceptif et plus rare de toute façon que chez celles qui sont enceintes. Ces dernières voient en effet leur risque de thrombose multiplié par dix! La balance bénéfice-risque des contraceptifs hormonaux reste positive en la matière. Cependant, c’est au médecin à l’évaluer car ce risque peut être accru en cas d’hypertension, de diabète, de surpoids, de tabac, d’antécédents personnels ou familiaux.

En conclusion, le bilan des effets de la pilule contraceptive n’est pas simple à établir tant il est complexe. Les risques généralement minimes qu’il entraîne chez la majorité des femmes peuvent augmenter chez celles qui fument, qui souffrent d’hypertension artérielle, de migraines, d’obésité, de diabète ou qui ont des antécédents familiaux d’accidents vasculaires. Sans nul doute, le mieux est-il de discuter avec le gynécologue des risques possibles.

Différents types de pilules

Deux grandes familles de pilules contraceptives existent: les œstroprogestatives, appelées combinées, qui contiennent à la fois un œstrogène et un progestatif et puis les progestatives qui contiennent seulement un progestatif. Parmi les pilules dites combinées, on distingue plusieurs générations. Aux premières pilules, fortement dosées en œstrogènes, ont succédé de nouvelles formulations ambitionnant de réduire les risques cardio-vasculaires, accidents vasculaires cérébraux et infarctus possibles. Sont ainsi apparues les pilules de la deuxième et de la troisième génération contenant de faibles doses d’œstrogènes (moins de 50 mg d’éthinylestradiol) et différents progestatifs. On parle également de pilules de la quatrième génération pour celles qui contiennent de la drospirénone comme progestatif.

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