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Zep: «Le sexe est central dans nos vies»

Sites de rencontres, clubs échangistes, sextoys multiformes, objets connectés : Happy Sex2 s’amuse de notre vie sexuelle. Interview de son auteur, Zep.

Journaliste Temps de lecture: 4 min

Et si le sexe était joyeux ? Et si le ratage d’un soir était sujet de fou-rires plutôt que de prises de tête ? C’est en tout cas ce que nous propose Zep. Dans son excellent « Happy Sex2 », l’auteur nous fait rire encore et encore en croquant des scènes de nos vies sexuelles, des massages érotiques trop huilés, des soirées foireuses passées à l’éros club, des effets retardés et désastreux du viagra, des dessous trop soyeux, de l’amour entre filles, du complexe du petit zizi, des cougars, de toutes les possibilités d’un kit sado-maso...

Zep photographié par Vincent Calmel.
Zep photographié par Vincent Calmel.

Rire de nos ébats amoureux est-il thérapeutique ?

« Tout à fait ! Rire ensemble après un ratage – pas pendant – peut vachement le dédramatiser et aider à le dépasser. Un bon éclat de rires peut éviter qu’un problème s’installe et vous bloque dans des complexes. »

La sexualité a –t-elle changé depuis votre précédent Happy sex, sorti il y a 10 ans ?

« On fait toujours l’amour de la même façon mais les rites de rencontre ont évolué. Aujourd’hui le sexe est devenu un objet de consommation. Internet permet de commander sa partenaire et de choisir si on la consomme avec ou sans anchois. On rencontre l’autre via des sites et on peut donner à l’avance ses préférences sexuelles. Internet a ainsi délié les langues et nous a rendus plus cash, faisant disparaître la pudeur. On parle de ce qu’on aime sexuellement et puis on filme ses rapports et les diffuse sur le net. C’est tout le succès du site Jackie et Michel. Cet abandon de la pudeur est assez étonnant. Je ne sais pas quel impact cela aura dans dix ou 20 ans. Peut-être cela engendrera-t-il des névroses incroyables ou peut-être cela nous offrira-t-il une sexualité très légère. Je ne sais pas. »

Vous croquez d’ailleurs la rencontre entre une femme mature et un jeune qui prend des photos de leurs rapports.

« Chez les jeunes, cela semble assez banal. Ils ont grandi avec des images sexuelles et ne craignent pas de se filmer. Ils ont tous vu des images pornos alors que notre génération a une autre approche du X et court emmener son enfant chez le pédopsychiatre s’il a vu de telles images. »

HGyneco de cuisine (2)

Vous évoquez le complexe d’un homme qui a un petit zizi et en 4e de couverture, vous nous faites comprendre que vous n’avez pas de problème de ce côté. C’est important la taille du sexe ?

« Depuis qu’il est gamin, le garçon est obsédé par la taille de son sexe. Et je voulais parler du complexe du petit zizi car pour les hommes il est souvent compliqué de livrer leurs galères sexuelles. Ils n’en parlent pas. On est toujours dans une sexualité de la performance. Et les films pornos n’aident pas à ce que cela change car ils montrent des sexes masculins infaillibles et de taille importante. Ils standardisent également les rapports sexuels et les réduisent de manière complètement idiote à une succession fellation- pénétration- sodomie et éjaculation faciale sans se soucier du plaisir féminin. Qui a jamais rencontré une fille avec qui vivre un rapport de cette façon ? C’est un peu comme si on vous recommandait une recette culinaire à base d’arsenic. »

La femme justement occupe une place importante dans l’album. Elle est aussi sexuelle que l’homme.

« Avec MeToo, la femme a pris la parole et elle revendique davantage sa sexualité. Mais dans les années septante durant lesquelles j’ai grandi, elle revendiquait déjà son droit au plaisir et à l’orgasme. La sexualité était alors égalitaire, même si trop jeune je n’en comprenais pas les enjeux. Et puis il y a eu le sida et les discours sexuels ont basculé. Le sexe est devenu synonyme de mort. Et j’ai toujours eu envie de revenir à un discours libérateur. Le sexe est central dans nos vies. Il est le terrain de jeux de notre vie d’adultes. Peu de jeux sont admis pour les adultes sauf dans le domaine sexuel où on peut tout faire, jouer tous les rôles désirés, même régressifs, même humiliants. Pour autant que l’autre le veuille bien sûr. On vit vachement mieux grâce à lui. »

Vous abordez nombre de jeux sexuels dont l’amour à plusieurs auquel vous consacrez différentes pages. Cette « importance » est due à notre époque ou au fait qu’avec les années, la sexualité d’un individu est plus libre ?

« Les deux éléments jouent. D’une part, notre époque a banalisé cette pratique sexuelle et les clubs échangistes sont nombreux. C’est un vrai changement social. D’autre part la sexualité change avec l’âge. A 20 ans, on cherche davantage des histoires d’amour et à 40, on désire des expériences sexuelles nouvelles. »

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Happy sex2 est paru aux éditions Delcourt, 62 p., 15,95 euros

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