L’«homme-femme» de Versailles, au coeur d’un mystérieux fait divers au 19e siècle
Longtemps avant qu’il ne soit question de « transgenre », un fait divers a défrayé la chronique de la capitale des rois de France. Une vieille demoiselle qui n’en était pas une…
Dans les premières années du Second Empire, on pouvait croiser dans les rues de Versailles une demoiselle d’un âge respectable, grande et maigre, au regard furtif sous d’épais sourcils, à l’expression sévère, à la démarche de grenadier. Ses robes avaient connu de meilleurs jours sous la Restauration. Un châle mité jeté sur des épaules anguleuses, elle portait invariablement un bonnet noir encadrant étroitement son visage, et un vaste chapeau aux larges ailes. Les gamins l’avaient affublée du sobriquet moqueur de « tante Barbe », à cause de sa moustache et des poils qui ornaient son menton. Les adultes, qui la savaient de noble extraction, pieuse et charitable, l’appelaient « cette bonne comtesse de Lange ».