Plus belle la vie: harcelée et victime de racisme, le parcours compliqué de Fabienne Carat (vidéo)

Le milieu de l’audiovisuel est connu pour être au centre des tensions de genre et des questions de discrimination. En l’occurrence, Fabienne Carat en sait quelque chose. Comme elle l’a raconté à la radio VL en évoquant son autobiographie, l’actrice est revenue sur certains moments du tournage de Plus belle la vie. Et entre le harcèlement du réalisateur et la discrimination dont elle fait l’objet pour ses prétendues origines maghrébines, son parcours n’a pas été un long fleuve tranquille.

Des semaines de calvaire

L’un de ses pires souvenirs reste un tournage réalisé en Tunisie, en 2015. Pendant plusieurs semaines, le réalisateur la prend à part et commence à la harceler tout en faisant attention à ne pas être vu des autres membres de l’équipe. « Il m'empoigne en me pinçant sournoisement tout en m'obligeant à courir avec lui sur les pavés », commence à raconter Fabienne Carat en décrivant un des moments les plus frappants de ce harcelement. « Je manque vingt fois de me tordre la cheville mais très concentrée et par miracle, je m'en sors sans une entorse ni une égratignure. Contrairement à ce qu'il cherchait à prouver, je ne suis pas tombée. Une fois la crise passe, le tournage reprit comme si rien ne s'était passé. Pourquoi me suis-je laissée faire ? », se demande-t-elle, en évoquant les moments où la pression était si forte qu’elle était psychologiquement affectée. « Au bout de quinze jours, j'en suis arrivée à me dire qu'il avait peut-être des problèmes avec sa maman ou avec les femmes. On arrive toujours à comprendre les gens en cherchant dans leur passé ».

Avec le recul, elle se rend compte que ce genre d’agissements répété a été un déclencheur dans son changement de caractère, passant de la fille « trop gentille » à une femme qui riposte beaucoup plus facilement. « Je me dis que ce n'est pas possible de se laisser parler comme ça, de se laisser maltraiter comme ça sur un tournage où je suis l'actrice principale. Je ne veux pas être féministe mais je suis désolée, nous les femmes, on doit toujours à un moment donné devenir méchantes et se transformer en pitbull, surtout avec les productions. C'est dramatique de devoir en arrive là pour se faire respecter », dit-elle. Plus tard, elle a appris que le réalisateur en question a été écarté de la série.

Victime de racisme malgré elle

Dans un autre style, Fabienne Carat a subi un autre type d’épreuve : le racisme. A priori, elle n’est pas particulièrement exposée à ce genre de discrimination puisqu’elle est d’origine française, mais son physique a toujours fait penser qu’elle avait des racines plus méridionales. Elle a d’ailleurs souvent été surnommée « l’Espagnole ». Mais quand elle a commencé à travailler sur Paris, elle a remarqué qu’elle était vue comme étant Maghrébine et a commencé à ressentir le racisme tel que vécu par les « vrais » Maghrébins.

« C'est étrange. Avant d'arriver à Paris je n'avais pas conscience du fait que je sois typée. a m'a surprise de sentir du racisme dans les yeux des personnes âgées et puis ce truc de ne pas savoir dans quelle case me mettre. J'étais trop typée ou pas assez, j'étais toujours entre deux », raconte-elle, parlant d’une particularité qui est à la fois « une chance et une force ».

Mais depuis, ce qui l’a frappe surtout, c’est un racisme à l’envers, dû à une discrimination au sein même du métier. « Il y a plein de choses que je rate parce que je ne suis pas une vraie rebeu... [...] Maintenant je le sens inversé, c'est communautaire. C'est plutôt de ne pas être une vraie rebeu, tu sens le rejet. Pas par les fans, j'ai la chance d'être aimée, mais c'est plutôt dans le métier. De ne pas être dans leur communauté. C'est un peu bizarre, mais ce n'est pas grave... », conclut-elle.