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Italie: une présentatrice laisse entendre que les victimes de féminicides l’auraient bien cherché (vidéo)

Elle a suscité une vague d’indignation suite à sa déclaration hautement contestable vu les faits rapportés depuis le terrain.

Temps de lecture: 4 min

Ce vendredi, la présentatrice Barbara Palombelli, très connue en Italie, a suscité une vague d’indignation dans le pays. Pendant l’émission « Forum » sur la chaîne privée Rete 4 (propriété de Mediaset et donc de la famille de Silvio Berlusconi), elle s’est aventurée à faire une réflexion sur les causes des féminicides. Car d’après elle, ces victimes pourraient être en partie responsables de leurs propres morts. Des propos qui choquent dans ce pays où une femme est tuée tous les trois jours en moyenne.

Un doute fallacieux

La présentatrice présente d’abord les faits. « Au cours des sept derniers jours, sept femmes ont été tuées apparemment par sept hommes », explique-t-elle, en l’occurrence des compagnons ou des ex-compagnons de ces femmes. « Mais parfois, il est juste de se demander : est-ce que ces hommes ont complètement perdu la tête, s’ils étaient complètement confus, ou s’il y avait également un comportement exaspérant et agressif de l’autre côté ? », demande-t-elle.

Il n’a pas fallu longtemps avant que des associations ripostent, à l’instar d’Amnesty. « Lorsque des médias affirment qu’un féminicide peut être la conséquence du comportement de la victime, on fait porter la responsabilité sur la victime, ce qui est précisément l’une des causes des féminicides et de l’absence de sanctions et de lois adéquates », écrit l’ONG sur Twitter. La ministre pour l’Égalité des chances et la Famille, Elena Bonetti, s’est elle aussi révoltée. « La violence contre les femmes n’est jamais justifiée », déclare-t-elle en ajoutant que les féminicides constituent un « fléau odieux et inacceptable, encore trop présent dans notre pays ».

Comme le note une enquête du Monde sur les féminicides, ces crimes suivent généralement la même mécanique : « un homme veut posséder "sa" femme, elle tente de lui échapper, il la tue ». « Si on s’intéresse au fond du problème des féminicides, on découvre que ce sont des hommes violents qui ne supportent pas de perdre le contrôle sur leur conjointe. La séparation est d’ailleurs un moment particulièrement à risque pour les femmes », confirme à la RTBF Josiane Coruzzi, directrice du refuge Solidarité Femmes à La Louvière, qui se désole du peu de suivi de la justice. « Il faut le dire : une femme qui dépose une seule plainte pour violences conjugales est déjà en danger. Or, dans certains cas de féminicides, on se rend compte qu’elles ont parfois déposé plusieurs fois plainte ! Ce n’est pas normal ».

(Si vous êtes victime de violences conjugales, vous pouvez appeler en Belgique le numéro de l'association Ecoute Violences Conjugales : 0800.30.030)

Barbara Palombelli, une présentatrice qui n’est pas à sa première polémique

En Italie, face à l’indignation générale, Barbara Palombelli a été amenée à revenir sur le sujet sur le plateau de Stasera Italia, toujours sur Rete 4. « Il n'y a pas de colère, aucun comportement qui puisse justifier le féminicide ou la violence contre les femmes », précise-t-elle. « C'est très clair pour moi et ça doit être clair pour vous aussi. Je m'excuse si ce n'était pas assez clair […] Je ne suis pas cette personne-là ». Une plainte a été déposée à son encontre devant l'Ordre national des journalistes.

Il ne s’agit pas de la première polémique suscitée par Barbara Palombelli. Début mars 2020, au tout début de la crise sanitaire, elle avait suscité de nombreuses critiques lorsqu’elle a tenté d’analyser les chiffres de la mortalité du coronavirus en Italie. Selon elle, si 90% des décès étaient dans le Nord du pays, c’est parce que là-bas « les gens sont plus fidèles, ils vont tous travailler », sous-entendu que ce ne serait pas le cas dans le Sud. Une phrase qui reprend un cliché tenace en Italie selon lequel les habitants du « Mezzogiorno » seraient fainéants. Ces propos n’ont évidemment pas manqué de choquer.

En réalité, si à l’époque le Nord de l’Italie était surtout touché, c’est parce qu’il s’agissait de l’un des premiers foyers mortels du coronavirus en Europe. Des cas importés de Chine ont pu rejoindre la Lombardie, une région très connectée avec l’international, puis se diffuser lors d’événements comme avec un important match de football à Bergame. Rien à voir donc avec un soi-disant attrait des habitants du Nord pour leurs boulots. Dans les semaines et les mois qui ont suivi, le reste du continent (et du monde) n’a pas échappé à l’épidémie de Covid-19 qui continue encore de nos jours.

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