«Garde alternée»: la brune ou la blonde? Pourquoi pas les deux!

La brune Sandrine est mariée avec Jean depuis quinze ans, et le couple a deux enfants. Mais elle ignore que son mari a une relation extraconjugale avec la blonde Virginie. Le jour où elle découvre la supercherie, la surprise est totale ! Une fois passé le choc, la légitime propose à sa rivale un marché assez inattendu consistant à se... partager le mâle ! En somme, une « garde alternée pour mari volage et amant restant tous deux manifestement désirés ».

Mais qu’en pense l’intéressé, lequel va vite s’apercevoir que les deux donzelles ne visent en réalité qu’à lui mener la vie dure ? Un euphémisme… « Garde alternée » est le cinquième long-métrage d’Alexandra Leclère, une auteure-réalisatrice dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a de la suite dans les idées depuis la consécration, en début de siècle, d’un court-métrage intitulé « Bouche à bouche » salué un peu partout où il a été présenté ! Des festivals secondaires certes, mais un sacré tir groupé quand même pour cet ouvrage exclusivement interprété par deux femmes, Hélène Foubert et notre Alexandra Vandernoot.

Suivirent « Les sœurs fâchées » où s’affrontaient cette fois Isabelle Huppert et Catherine Frot en 2004 sous le regard hagard de François Berléand, et « Le prix à payer » où Christian Clavier et Gérard Lanvin, insatisfaits par leurs épouses – Nathalie Baye et Géraldine Pailhas – leur infligeaient un rigoureux « pas de cul, pas de fric ». Nouvelle confrontation féminine entre deux sœurs et leur mère dans « Maman », laquelle a pris la carrure de Josiane Balasko pour le plus grand malheur de Mathilde Seigner et Marina Foïs. On est en 2012. Et trois ans plus tard, Leclère cède à la grande mode du film choral via « Le grand partage », avec Karin Viard, Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Patrick Chesnais, Jackie Berroyer, Firmine Richard, la regrettée Anémone et… Josiane Balasko, irrésistible en concierge acariâtre !

Pour cette « Garde alternée » qui est son avant-dernier film sorti en décembre 2017 avec le soutien de France 2 Cinéma, la cinéaste retrouve à nouveau son thème favori : le duel entre femmes. Sauf que cette fois, on est dans le contexte d’un vrai vaudeville, et qu’au bout du compte, l’infortuné Didier Bourdon vole la vedette à ses deux « harpies » incarnées par Valérie Bonneton et Isabelle Carré, deux excellentes comédiennes utilisées au mieux de leur potentiel. C’est parfois un peu gros, mais dans l’ensemble ça fonctionne joliment et sur un rythme soutenu par des dialogues réussis. Il faut souligner que depuis qu’il a pris ses distances avec « Les inconnus », le natif d’Alger – aujourd’hui entré dans la catégorie des jeunes sexagénaires – est dans tous les bons coups. Avec en tête l’hilarant « Alibi.com » de Philippe Lacheau, dont la suite est impatiemment attendue pour cette fin d’année encore. Voici un peu plus d’un an, Didier Bourdon est encore retourné chez Alexandra Leclère en souffre-douleur de Josiane Balasko et Marilou Berry, mère et fille dans « Mes très chers enfants » !