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La fidélité est-elle une question de chimie?

Rester exclusivement attaché à une personne est-il naturel ou culturel ?

Temps de lecture: 4 min

La fidélité aurait-elle une base chimique ? Ou serait-elle culturelle ? La question taraude bien des psys, sociologues et scientifiques et elle trouve sans doute une partie de réponse dans l’observation des comportements de petits mammifères d’Amérique du Nord, les campagnols des Prairies et des Montagnes. S’ils se ressemblent grandement, ces deux espèces de rongeurs sont très différentes, côté cœur. Les premiers se montrent des plus attachés, ou dirions-nous fidèles, à leur partenaire sexuel ainsi qu’à leur progéniture. Après l’accouplement, mâle et femelle vivent dans le même nid et s’occupent de concert des petits. Ni l’un ni l’autre ne songe un seul instant à faire des galipettes ailleurs. Par contre les campagnols des Montagnes sont des plus infidèles. Les mâles sont très peu attachés à leurs partenaires sexuelles qui sont nombreuses et ils ne se préoccupent pas davantage des petits. Comme l’explique le docteur en neurosciences Serge Wunsch, auteur d’un ouvrage passionnant (et complexe) Comprendre les origines de la sexualité humaine (éd. L’Esprit du temps), la principale différence entre ces deux espèces concerne les récepteurs du système de récompense. Les campagnols des Prairies ont bien plus de récepteurs à l’ocytocine, un neurotransmetteur appelé vulgairement l’hormone de l’attachement, comme à la corticolibérine et l’arginine vasopressine. Ces petits rongeurs sont dès lors physiologiquement, naturellement, attachés à leur partenaire sexuel. C’est ainsi que les campagnols des Prairies se retrouvent dans le groupe très restreint des mammifères fidèles et exclusifs qui ne fait qu’un seul petit pourcent ; ils y côtoient les gibbons, les antilopes dik-dik, les gerbilles de Mongolie, ouistitis et castors, pour ne citer qu’eux… Faut-il préciser que les humains ne font pas partie de ce groupe ; aucune espèce des hominidés n’étant d’ailleurs monogame ? La fidélité humaine est bien davantage une affaire culturelle ! Et personnelle.

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Si les humains ne sont pas naturellement fidèles, cela ne les empêche pas de libérer la fameuse ocytocine quand ils font l’amour et de s’attacher à leur partenaire du moment. En 2012, des études menées par l’université de Bonn en Allemagne, sous la direction du docteur Dirk Scheele ont montré que les hommes ayant un taux élevé d’ocytocine avaient tendance à prendre leurs distances par rapport aux jolies femmes. Lors de leurs expériences, les chercheurs allemands ont en effet recruté 87 jeunes hommes hétérosexuels. À 57 d’entre eux, ils ont administré une dose d’ocytocine via un spray nasal tandis qu’ils donnaient aux 30 autres une solution placebo. Après 45 minutes, ces hommes de 25 ans ont été présentés à une séduisante jeune femme qui devait se rapprocher progressivement d’eux jusqu’à ce qu’ils lui demandent de s’arrêter. Alors que les chercheurs étaient persuadés que les hommes ayant reçu la dose d’ocytocine allaient laisser la jeune femme se rapprocher d’eux plus que les autres – cette hormone facilitant également la confiance entre les gens – ce fut le contraire qui se passa. Ils demandèrent à la jeune femme de s’arrêter à environ 70 centimètres contre 55 -60 pour ceux qui avaient reçu le placebo. L’année suivante, en 2013 le même Dirk Scheele produisait une autre étude sur l’ocytocine qui confirmait son influence sur le comportement des hommes. Cette fois, son équipe a recruté 40 hommes hétérosexuels en relation stable à qui elle a montré des photos de leur partenaire et d’autres femmes. Grâce à l’imagerie par résonance magnétique, le team scientifique a pu observer l’activité cérébrale au cours de l’expérience. Les hommes qui avaient reçu une dose d’ocytocine, voyaient les circuits de récompense du cerveau (ceux-là même qui sont liés aux plaisirs) s’activer uniquement quand ils voyaient des photos de la femme qu’ils aimaient et non à la vue d’une belle femme qu’ils ne connaissaient pas, aussi jolie fut-elle… Et quand ils devaient évaluer l’attirance, les hommes sous ocytocine jugeaient leur partenaire plus attirante…

Et la bonne nouvelle, c’est que l’ocytocine se libère naturellement quand vous faites l’amour. Et en ces moments intimes, vous mémorisez aussi les odeurs de votre partenaire ainsi que les sensations éprouvées. De plus comme le précise Serge Wunsch, l’amour désactive les structures impliquées dans l’évaluation et le jugement ! Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle…

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