Accueil Soirmag Sexo

Pourquoi tant de femmes perdent le désir?

Combien de femmes ne se plaignent pas de trouble du désir ? Dans « Libérez votre désir ! », le psy et sexologue français Philippe Arlin explique ce déficit d’envies sexuelles et donne des conseils pour retrouver le plaisir. Interview.

Temps de lecture: 5 min

Désir… Le mot semble appartenir au monde masculin bien plus que féminin. Tant de femmes se plaignent de manque de désir, de libido en berne quand l’amour s’est installé et a pris sa vitesse de croisière. Et tant d’hommes se sentent frustrés de l’attitude de leur compagne. Mais comme nous l’explique Philippe Arlin, ce problème n’est pas une fatalité. Dans l’ouvrage « Libérez votre désir ! », le psy et sexologue français analyse les causes du problème et explique comment dépasser cette difficulté pour renouer avec le désir et le plaisir. Rien de moins.

06_BSC2688_DxO

La perte de désir des femmes est un problème très fréquent. Il est même la première cause pour laquelle les femmes consultent un sexologue.

C’est exact. Ce problème est fréquent mais il est bien plus lié à l’histoire des femmes qu’à leur biologie. Pendant des siècles, avant que la contraception n’apparaisse, le désir a mis les femmes en danger ; il pouvait causer une grossesse qui elle-même était susceptible d’entraîner la répudiation et la fin du couple. Pour les femmes, il a été longtemps été plus sage de ne pas écouter leurs désirs. Elles se devaient d’être avant tout des épouses et des mères et surtout pas des séductrices.

La perte de la libido est liée à l’histoire et la culture. Les femmes ont été ainsi éduquées pour ne pas écouter leurs désirs mais ceux de leur partenaire !

Le problème de désir des femmes est lié à des croyances négatives. On dit aux femmes et on leur répète depuis des siècles que la sexualité appartient aux hommes. Et à ces derniers, on laisse croire qu’ils ont de gros « besoins » sexuels et qu’il est naturel de les satisfaire au risque de devoir les imposer à leur partenaire (ce qui nourrit la culture du viol). Ils doivent se montrer virils, performants et dominants. Mais cette idée de besoin sexuel impératif à satisfaire de manière quasi vitale est complètement fausse. Elle est un alibi que les hommes ont utilisé et utilisent encore trop pour imposer leur propre désir à leur partenaire. Je préfère qu’on ne parle pas de « besoin » sexuel mais d’envie sexuelle.

De plus les hommes ont, dites-vous, une approche réductrice de la sexualité.

Ils pensent trop souvent que la relation sexuelle se réduit au fait de bander et sont persuadés que le meilleur outil pour parvenir au plaisir est leur pénis. Les hommes sont phallo-centrés. Ils n’envisagent le rapport sexuel que par leur phallus et n’écoutent pas les envies féminines, ce qui n’aide pas à ce qu’elles s’intéressent à la sexualité.

Mais vous êtes affirmatif : les femmes n’ont pas moins de désir que les hommes. La différence de testostérone entre les deux sexes n’explique pas cette différence de désir ?

La différence est culturelle et non biologique. La testostérone ne joue pas dans le désir mais dans la façon dont il va s’exprimer. Vous pouvez faire des injections de testostérone à une femme, elle ne sera pas forcément plus désirante. Pour qu’elle le soit, je crois davantage au fait de la remettre en contact avec son corps et son désir. Trop souvent le désir des femmes se réduit au fait de faire plaisir à son mari. Elles se contentent de répondre au plaisir de l’autre et d’être désirables. Elles ont été éduquées à être passives en amour. Si elles avaient plus de plaisir et renouaient avec leur corps, elles seraient plus désirantes.

Les femmes ont besoin de préliminaires pour éprouver du plaisir. Or vous dites que les préliminaires sont en diminution !

C’est ce que j’observe dans mon cabinet. Et assez paradoxalement, cette diminution est causée par les femmes elles-mêmes. Comme elles sont peu désirantes, elles veulent que le rapport sexuel qu’elles acceptent se passe le plus vite possible et proposent de passer immédiatement à la phase « coït » du rapport sexuel. C’est un cercle vicieux. Mais les préliminaires sont très importants. Il ne faudrait d’ailleurs plus les appeler « préliminaires » car c’est conforter l’idée que l’acte sexuel est centré sur la pénétration. Or se caresser, s’embrasser, faire un cunnilingus ou une fellation sont aussi des actes sexuels.

Le désir féminin s’émousse avec le temps. Pourquoi de nombreuses femmes ont-elles envie au début de la relation amoureuse et perdent petit à petit leur désir ?

Au début d’une relation, les couples ne cessent de s’embrasser, de se toucher. Ils éveillent leurs désirs mutuels en permanence. Ils flirtent et jouent constamment. Puis avec le temps, ils abandonnent ces jeux érotiques et se privent du même coup de la nourriture du désir.

Il faut donc jouer !

Il y a beaucoup de choses à faire pour que les femmes deviennent désirantes et pas seulement désirables, comme faire des câlins gratuits. Beaucoup de femmes doutent de l’authenticité des sentiments de leur compagnon et pensent qu’ils ne veulent faire des câlins que pour mieux arriver à leur fin, c’est-à-dire satisfaire leurs besoins sexuels et non parce qu’ils sont amoureux. Je propose aux couples de se retrouver en s’offrant des moments où ils se montrent tendres, se caressent, échangent des câlins sans qu’il y ait le moindre dérapage à connotation sexuelle. En dissociant la tendresse et la sexualité, on permet au désir de revenir. Mais Je propose encore d’autres exercices ludiques qui peuvent permettre au couple de se retrouver physiquement.

couverture..

Libérez votre désir ! est paru aux éditions La Musardine, 200 p., 16 euros.

Notre sélection vidéo

Aussi en Sexo

Voir plus d'articles

À la Une