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Le spécialiste Damien Ernst imagine une attaque ciblant des lieux stratégiques belges: «C’est un secret de polichinelle»

Si la Belgique était en guerre, que faudrait-il faire ? Le spécialiste de l’énergie Damien Ernst a accepté d’imaginer une attaque russe ciblant des lieux stratégiques belges.

Entretien - Journaliste au Soirmag Temps de lecture: 3 min

Sommes-nous prêts à la guerre en Belgique ? En décembre dernier, le général à la retraite Marc Thys tenait des propos alarmants dans l’émission « De Afspraak » sur la VRT : « Si la guerre éclatait ici, nous serions obligés de jeter des pierres au bout de quelques heures seulement, faute de munitions. » Or, l’Otan craint « un conflit avec la Russie » endéans les 20 prochaines années. Pour « Soir mag », le spécialiste de l’énergie Damien Ernst a accepté d’imaginer une attaque russe ciblant des lieux stratégiques belges.

Les sous-stations ?

C’est un secret de polichinelle : le risque majeur, c’est l’attaque de nos sous-stations dans les réseaux électriques, où se trouvent les transformateurs. S’ils sont attaqués massivement, notamment au niveau européen, le matériel de stockage pour les remplacer manque cruellement. Cela pourrait conduire à des black-out de plusieurs mois. Les sous-stations, c’est le talon d’Achille. Une rupture d’approvisionnement en électricité, pour plusieurs mois, c’est catastrophique, car l’infrastructure auxiliaire – le téléphone, l’eau, etc. – devient inopérante. Cela conduirait à une migration massive des Belges vers l’étranger. Ces sous-stations ne sont ni souterraines ni protégées. Elles seraient attaquées par des drones de combat russes. Nous sommes en Belgique dans le cadre d’un État en paix depuis 1945 qui n’a pas pensé ses infrastructures énergétiques ou de communications pour la guerre.

Les centrales nucléaires ?

Cela dépend de la zone touchée, mais il est difficile de provoquer un incident nucléaire avec relâchement de matériaux radioactifs dans l’environnement avec des drones de combat. Les réacteurs sont dans des bunkers blindés, tout comme les générateurs de secours pour les refroidir. Mais des frappes massives pourraient provoquer un relâchement de matière radioactive dans l’environnement.

Les barrages ?

De telles frappes seraient une catastrophe. Les barrages ne sont pas faciles à faire exploser, mais imaginez le réservoir d’Eupen qui se déverse… Cela entraînerait des milliers de morts.

Attaque nucléaire ?

La Russie parle de guerre non conventionnelle toutes les semaines au plus haut niveau de l’État. La Belgique, avec le siège de l’Otan à Bruxelles, encaisserait des frappes. Soyons clairs : dans l’onde de choc de l’arme atomique, tout le monde meurt. Les autres doivent se protéger, dans un premier temps, des nuages radioactifs. Le meilleur conseil, c’est de rester chez soi plusieurs jours, dans le centre du bâtiment ou dans une cave. Chez soi, le citoyen est extrêmement bien protégé des radiations liées à une bombe atomique. Donc, il faut attendre et espérer ne pas faire face à un hiver nucléaire (refroidissement considérable de l’atmosphère lié à une guerre nucléaire, NDLR). Dans la majorité des scénarios qui modélisent des frappes nucléaires massives, la majorité des gens ne meurent pas d’irradiation ou de l’onde de choc, mais plutôt de faim lors de l’hiver nucléaire. Si les lecteurs du « Soir mag » sont vraiment précautionneux, il faudrait alors stocker pour un an de nourriture et d’eau… Dans le cas d’un hiver nucléaire, je me demande s’il ne vaut mieux pas mourir tout de suite ! J’espère que nous éviterons le scénario catastrophe. Mais indubitablement, le monde est dangereux désormais.

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