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Parkinson: du nouveau en matière de diagnostic

Un software permet de diagnostiquer la maladie à un stade précoce. Mais un lien a aussi été établi avec les troubles du sommeil paradoxal.

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La méthode de base était déjà bien connue des neurologues : on demande au patient de prendre un crayon et un papier et de dessiner une spirale classique, c’est-à-dire ressemblant à la coquille d’un escargot, en commençant du centre. Le tracé obtenu permet au médecin de déceler, entre autres, les signes avant-coureurs de la maladie de Parkinson et d’assurer le suivi du traitement. Le tracé est généralement serré, la spirale est irrégulière, le dessin est petit et exécuté avec lenteur. Mais aujourd’hui, des ingénieurs australiens ont mis au point un outil informatique qui permet d’analyser de façon fiable les résultats d’un tracé de spirale et ce, avant même que les premiers signes de la maladie n’apparaissent. Selon eux, la fiabilité de ce software approcherait les 93 %. Pour autant, nous nous sommes demandé s’il était judicieux pour un patient d’apprendre ce diagnostic à un stade aussi précoce, alors qu’il pourrait encore vivre une vingtaine d’années sans s’en soucier… « A priori, la plupart des patients veulent savoir ce qu’ils ont, connaître la raison de leurs tremblements, nous répond le Dr Frédéric Supiot, neurologue à l’Hôpital Erasme (ULB). Après, il appartient au médecin d’estimer si son patient est capable d’encaisser le diagnostic. Personnellement, il ne m’est arrivé qu’une seule fois qu’une patiente me demande de ne pas lui dire de quoi elle souffrait. Elle est donc repartie avec une prescription de traitement contre les tremblements, sans que j’aie prononcé le mot « Parkinson ». Ses tremblements ont cessé et après un certain temps, elle a fini par accepter qu’on lui confirme ce dont elle se doutait… »

Les signes avant-coureurs

Trois symptômes moteurs peuvent révéler une maladie de Parkinson : un tremblement des membres au repos, une lenteur d’exécution de certaines tâches et une certaine rigidité du corps (qui est constatée lors de l’examen clinique). Mais des symptômes non moteurs peuvent également annoncer la maladie, qui concernent d’autres parties du corps, comme par exemple l’intestin. « La constipation peut ainsi être le premier symptôme d’une maladie de Parkinson, mais comme il s’agit d’un symptôme pouvant être associé à de nombreuses autres pathologies, il ne suffit pas à lui seul pour établir le diagnostic, surtout à un stade précoce de la maladie », nous explique le Dr Supiot. En revanche, les troubles du comportement durant le sommeil en phase paradoxale constituent un symptôme pertinent de la maladie. Ces troubles qui consistent en une agitation motrice des bras et des jambes, parfois jusqu’à en tomber du lit, peuvent dans certains cas être observés déjà vingt ans avant le diagnostic. De toutes récentes recherches, effectuées dans différents centres du sommeil, ont d’ailleurs mis en évidence le fait que ces troubles annonçaient 40 % de risque de développer la maladie de Pakinson.

Dans le cerveau des malades atteints de Parkinson, les cellules productrices de dopamine sont abîmées ou détruites.
Dans le cerveau des malades atteints de Parkinson, les cellules productrices de dopamine sont abîmées ou détruites.

Traiter oui, guérir non

Près de 2.500 nouveaux cas sont diagnostiqués en Belgique chaque année. « On soigne actuellement très bien cette maladie et l’on dispose pour cela de médicaments efficaces, nous dit le Dr Supiot. En revanche, on n’en guérit pas et d’autres problèmes apparaissent au bout de 10, 15 ou 20 ans, comme des troubles cognitifs, des difficultés pour articuler en parlant et des risques de chute, notamment. On propose alors aux patients de compléter la prise de médicaments par des exercices de kinésithérapie et de logopédie. » Les patients qui ne prendraient pas leurs médicaments risquent de connaître de plus en plus de difficultés dans la vie quotidienne, tant pour écrire que pour travailler, s’habiller, effectuer des tâches ménagères… Dans certains cas, lorsque la réponse aux médicaments connaît des fluctuations, ce qui peut arriver après 3 à 5 ans, deux options peuvent être envisagées si le patient le souhaite. « La première consiste en une opération de stimulation cérébrale d’un noyau bien précis du cerveau, afin d’améliorer la réponse du médicament. La seconde est d’implanter un tuyau dans le tube digestif afin que le médicament y passe en continu, nous explique le neurologue. Les critères pour l’une ou l’autre de ces options sont à la fois médicaux et personnels, chaque option pouvant présenter des effets secondaires différents. »

Des causes encore mystérieuses

Seuls 5 % des cas sont issus d’une forme génétique de la maladie de Parkinson, généralement les plus jeunes. Le risque est plus élevé si quelqu’un de la famille est atteint, davantage encore si les deux parents sont concernés. Mais dans 95 % des cas, on ne connaît pas vraiment la cause de la maladie. Des études ont cependant démontré que, pour les agriculteurs, l’utilisation des pesticides augmentait cinq fois le risque de la maladie de Parkinson. Par ailleurs, aux États-Unis, des chercheurs ont constaté un nombre important de cas de Parkinson parmi la population vivant à proximité d’une mine de manganèse. A contrario, le café semble avoir un effet protecteur : en consommer régulièrement diminuerait le risque de 20 % !

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Le tremblement essentiel

Tout tremblement n’est pas significatif de la maladie de Parkinson. Le test de la spirale peut ainsi rapidement faire la distinction entre celle-ci et une autre pathologie, appelée le « tremblement essentiel » dont le symptôme, comme son nom l’indique, est similaire. Dans le cas du tremblement essentiel, le patient effectue sans problème le test de la spirale (régularité de l’espacement, rapidité, grandeur du dessin), sauf que la spirale tracée sera en quelque sorte dentelée. Comme lorsque l’on fait remarquer à quelqu’un qui dessine qu’il a « la tremblote ». Une application pour smartphone existe sur le marché actuellement, qui permet de diagnostiquer ce type de tremblement.

Des points communs avec Alzheimer

« La maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer sont deux pathologies aux physiologies totalement différentes, qui touchent le cerveau à des endroits bien distincts. Mais certains de leurs symptômes peuvent néanmoins se superposer, d’autant que certains médicaments destinés à combattre l’Alzheimer ont un léger effet qui favorise le syndrome parkinsonien. Certains parkinsoniens peuvent ainsi connaître l’altération de leurs facultés cognitives. Cependant, là où le malade d’Alzheimer ne disposera que de deux ans d’autonomie, le parkinsonien sera encore toujours chez lui après 20 ans d’évolution », explique le Dr Frédéric Supiot.

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