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Le 3e sexe des Inuits

Chez les peuples de l’extrême nord américain, c’est la famille et non la biologie qui parfois décide du sexe de l’enfant.

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On n’aime pas aujourd’hui comme hier, ni ici comme ailleurs. Le sexe est affaire de culture et il se vit partout différemment. Chaque société met en place des systèmes particuliers pour vivre la sexualité et définir sa conception de la famille comme celle des identités sexuelles. Les indiens Inuits illustrent combien ces constructions sociales de la sexualité peuvent être différentes. Pas question chez ce peuple d’avoir une vision binaire de l’identité sexuelle et de lier strictement le genre au sexe comme on l’a longtemps fait chez nous. Petit rappel ; le sexe n’est pas le genre : le sexe est biologique, masculin ou féminin, tandis que le genre est le sentiment d’appartenance à un sexe.

Dans cette société traditionnelle vivant dans les régions arctiques de l’Amérique du Nord, l’identité sexuelle est mouvante et subtile car depuis la nuit des temps, les peuples Inuits envisagent l’existence d’un troisième sexe, social celui-là. Ainsi une famille qui connaît un déséquilibre entre les deux sexes peut décider du genre de l’enfant qui va naître quel que soit son sexe biologique. Si par exemple, il y a trop de filles dans une fratrie, les parents peuvent décider que l’enfant qui va venir au monde sera un garçon, même si son sexe est féminin. Ils vont alors l’habiller et l’éduquer comme un garçon. « J’ai eu l’occasion de rencontrer en Alaska une femme Yupik en provenance des côtes sibériennes du détroit de Béring, qui avait été éduquée comme un garçon, connaissant tout de la chasse, qu’elle avait longtemps pratiquée pour seconder son père. Ce cas de figure est également très fréquent chez les Inuits du Nunavut et du Nunavik. Il en va de même, de façon symétrique et inverse, dans les fratries exclusivement masculines, » raconte Bernard Saladin d’Anglure, anthropologue de l’Université Laval au Québec dans un article de la revue Diogène consacré au troisième sexe des Inuits.

Si les parents décident du genre de leur enfant, ils lui laissent néanmoins la possibilité entre leurs 7 et 12 ans de choisir entre son sexe biologique et son sexe social. Généralement les individus optent pour le sexe social que leurs parents ont choisi. De même, au moment du mariage, ils peuvent décider d’épouser un ou une partenaire qui répond aux désirs de leur sexe biologique ou social…

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Il est encore une autre raison pour laquelle les Inuits peuvent décider du sexe d’un enfant : à la demande d’un membre de la famille décédé. Un défunt peut apparaître en rêve aux futurs parents et leur demander de revivre dans l’enfant à venir pour terminer par exemple l’œuvre commencée sur terre. Le sexe de l’aïeul décédé lui sera dès lors attribué quelle que soit la réalité biologique. C’est ce que les anthropologues appellent le sexe sacré des Inuits. L’enfant est éduqué et socialisé avec le sexe du défunt dont il est la réincarnation. Il est aussi accepté et respecté. Bernard Saladin d’Anglure rapporte avoir vu chez les Inuits un homme à moustache habillé en femme et qui était considéré par tous comme protégé par le Grand Créateur. Se moquer d’un tel individu est susceptible d’engendrer de grands malheurs.

Si ces pratiques peuvent paraître pour le moins étonnantes, elles peuvent nous aider à comprendre que la sexualité est une affaire de culture. Une culture qui évolue comme nous le montre le combat des transgenres pour la reconnaissance de leurs droits Nombre de mouvements LGBT militent aujourd’hui pour la reconnaissance d’un troisième genre, celui des personnes qui ne se reconnaissent ni comme homme ni comme.

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