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C’est quoi le Slow sex?

Et si le sexe se vivait autrement, sans obsession de performance ? C’est ce que propose le mouvement Slow sex et que nous explique Emmanuelle Duchesne, l’auteur de « 50 exercices de Slow love et Sex meditation ». Interview.

Temps de lecture: 6 min

S’aimer autrement, pas seulement lentement, mais en pleine conscience, en savourant le moment, la rencontre, les sensations. S’aimer sans se soucier de performance, de timing de pénétration, de dureté d’érection, d’orgasme, c’est ce que propose le Slow sex.

Initié par Diana et Michael Richardson il y a plus de 20 ans, l’approche se nuance aujourd’hui de façon multiple. Le mouvement « sexe lent » se développe différemment en fonction des tempéraments et sensibilités des thérapeutes qui le pratiquent et l’enseignent, marqué tantôt par le tantra, tantôt la méditation, tantôt la pleine conscience.

La française Emmanuelle Duchesne défend elle, une approche qui combine Slow sex et principes de la méditation orgasmique en attachant une attention particulière à la communication. La spécialiste, formée en PNL (Programmation neuro-linguistique), hypnose et méditation orgasmique, signe aujourd’hui un ouvrage « 50 exercices de Slow love et Sex meditation » dans lequel elle présente autant d’exercices qui peuvent aider tout un chacun à développer progressivement une sexualité épanouie en lien avec soi et l’autre et surtout une sexualité non formatée, créative, adaptée aux envies de chacun, son credo étant qu’« à force de vouloir dans le moule, on devient tarte, et c’est vrai aussi dans la sexualité. ». Au fur et à mesure des exercices, Emmanuelle Duchesne nous enseigne comment nous reconnecter à nous-même, améliorer notre estime de soi, nous libérer de nos peurs et fausses croyances, découvrir nos propres désirs, bien communiquer avec l’autre sur son intimité, voir autrement la pénétration… Un ouvrage aussi pratique qu’intéressant qui peut contribuer à libérer notre propre sexualité!!

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Qu’est- ce que le Slow sex ?

Le Slow sex, c’est une sexualité plus consciente ; la conscience permettant une libération des conditionnements qui ne sont pas au service du plaisir et de la liberté d’être soi-même. C’est le développement personnel appliqué à l’intimité. Pour moi, la lenteur n’est pas un but mais un outil comme un autre pour permettre plus d’attention aux perceptions corporelles les plus subtiles et plus de conscience dans sa sexualité. Comme je le dis souvent dans mes ateliers : « Augmenter l’attention augmente l’intensité des sensations. » On observe ses désirs, ses ressentis, ses plaisirs, on observe ceux de l’autre et on communique. Mais c’est ma perception du slow sex. Marie et Jean-François Descombes qui défendent aussi le Slow sex ont une approche peut-être plus spirituelle de la sexualité, se rapprochant ainsi davantage du Tantra que moi. Mais ce qui nous rassemble tous, c’est l’idée de mettre la conscience au service de l’amour et de l’épanouissement sexuel. Et aussi la découverte du « laisser faire le corps » sans intervenir par des mouvements volontaires.

Vous animez des formations et recevez de nombreux couples, quel est selon vous, le problème sexuel le plus fréquent ?

Je suis frappée par le fait que beaucoup de personnes s’imaginent qu’il y a une seule façon de faire l’amour. Mais chacun est différent ! Il est important de se demander ce qu’on aime et de ne pas chercher à reproduire absolument une « norme » issue de l’imaginaire collectif et entretenue par le cinéma.

La sexualité est devenue une performance avec un but, la jouissance orgasmique. Vous vous inscrivez en faux par rapport à cette approche.

Je constate que beaucoup de femmes sont frustrées dans leur vie sexuelle, elles doutent de leur orgasme, pensent de ne pas en avoir ou pas assez. En même temps, elles ont des difficultés à reconnaître et exprimer leurs désirs, surtout s’ils sortent de la norme projetée. De même beaucoup d’hommes sont stressés quand ils font l’amour car ils s’inquiètent autant de la qualité de leur érection, du moment où ils vont éjaculer que des réactions de leur partenaire. Il faut changer cette approche obsédée par la performance et de ne plus être préoccupée par des buts, quels qu’ils soient, mais par le plaisir d’être ensemble et la curiosité pour ce qui peut naître de la connection des corps et des cœurs.

Vous insistez sur la communication entre les partenaires. Mais les mots énoncés ne risquent-ils pas de faire sortir ceux qui les énoncent de l’intimité sensorielle ?

Chez moi, la communication permet au contraire de soutenir, d’approfondir et d’enrichir l’intimité en se connaissant mieux l’un l’autre et en découvrant la palette infinie des sensations du partenaire. Mieux connaître la personne avec qui on fait l’amour permet de ne plus avoir à les deviner, ce qui est très rassurant. Et le fait d’être rassuré permet plus de présence. Si vous ne vous sentez pas très connecté à votre partenaire ou au moment présent ou si vous ne sentez pas la présence de l’autre autant que vous le désirez, décrire vos sensations, vos émotions, exprimer vos désirs peut vous rassembler et vous recentrer sur vos sensations et la connexion à votre partenaire.

Bien sûr, si parler pendant un câlin vous perturbe, si vous avez une bonne connexion avec votre partenaire, vous n’avez pas besoin de parler. Mais vous pouvez aussi parler après le rapport sexuel et dire les sensations ressenties à tel ou tel moment ou les gestes qu’on a appréciés. Cela permet un apprentissage continu pour des plaisirs exponentiels.

Vous confiez que le Slow sex, la méditation orgasmique et le mouvement « sex positive » que vous vous êtes approprié sous le nom de « Sex love life » ont changé votre vie ! Expliquez-nous !

II a changé ma vie car la sexualité n’est plus dramatique. Elle est plus facile, plus ludique, plus tranquille – sans enjeu. Elle est libérée du diktat de l’orgasme mais et en s’en libérant, on respire, se connecte, éprouve plus de sensations et atteint en fait plus facilement la jouissance.

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Insister sur le plaisir, les sensations et les émotions ne vous fait-il pas passer à côté de l’orgasme ? Le Slow sex n’est-il pas associé à moins d’orgasmes ?

Oui et non. J’ai souvent des témoignages de client.e.s et couples qui me racontent avoir vécu des moments d’orgasmes extraordinaires. Et en règle générale le Slow Sex permet d’accéder à des états orgasmiques autant qu’à de meilleurs orgasmes, à des orgasmes multiples ou sans éjaculation pour les hommes.

Dans ma vie à moi, mes petits orgasmes se sont transformés : ils ne forment plus une courbe avec un pic mais sont des dômes de plaisirs sans période réfractaire qui est la période de repos après la jouissance. Mais il est vrai que quand le corps est très détendu, il y a potentiellement moins de climax, d’apothéose de la jouissance. Les orgasmes explosifs se transforment en sensations plus dilatées.

Dans votre ouvrage, vous nous proposez 50 exercices progressifs. Si vous deviez en présenter un seul, lequel choisiriez-vous ?

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Je choisirais les 7 exercices du chapitre de mon livre intitulé « Plaisir matin, midi et soir » car ils permettent de se reconnecter à l’autre et de se libérer de toutes les obligations et devoirs que la vie nous impose. Ce sont des exercices à faire pour que la libido ne disparaisse pas au sein du couple. Le premier, l’exercice 38, s’inspire du « Tibetan Pulsing » et consiste à prévoir 15 minutes (ou plus) le matin ou le soir durant lesquelles le couple se connecte, habillé ou nu, sexe contre sexe, en pénétration ou pas. On se détend, se concentre sur ses sensations et les partage à l’autre. Au début, on peut avoir l’impression de ne pas sentir grand-chose et puis petit à petit on s’éveille aux sensations et se reconnecte.

C’est un très bon exercice pour les personnes dont la sexualité s’est endormie avec les années de couple. Elle permet une reconnexion à l’autre et à l’intimité sans enjeu de pénétration ou de jouissance.

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« 50 exercices de Slow love et Sex meditation » est paru chez Eyrolles, 135 p., 9,90 euros

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