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Les machos sont-ils heureux au lit ?

Croire en la supériorité masculine présente-t-il des avantages sexuels  ?

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Sale temps pour les machos. Même au lit, les mâles persuadés de leur supériorité naturelle ne seraient pas heureux, si l’on en croit une étude menée il y a quelques années – bien avant l’affaire Weinstein – par l’Université de Tel Aviv et la Lawrence University du Wisconsin. Chercheurs et psy de ces établissements ont cherché à connaître les liens qui pouvaient exister entre le machisme et la satisfaction sexuelle. Ils ont ainsi interrogé une centaine d’hommes – 108 très exactement dont 77% avaient moins de 30 ans et 55% étaient célibataires – sur la vision qu’ils avaient de la femme et de l’homme. Pour ce faire, ils leur ont demandé de réagir à des affirmations telles que « Les femmes qui s'intéressent au sexe et sont très libérales sont souvent problématiques en termes de personnalité »; « Une femme sexy n'est généralement pas une bonne mère »; « Les femmes qui se livrent à leurs désirs sexuels sont généralement manipulatrices et égoïstes »; « Une femme avec qui vous pouvez établir une relation à long terme (comme le mariage) n'a généralement pas beaucoup d'expérience sexuelle »; «  Une femme qui a été sexuellement libre dans le passé ne sera jamais fidèle dans le mariage »; « Une femme sexuellement modeste est généralement une femme qui a des valeurs »; « Une femme apte à une relation à court terme ne convient généralement pas pour une relation à long terme, et vice versa »; « Quand un homme aime vraiment une femme, sa passion sexuelle envers elle disparaît ».

Les réponses de ces 108 hommes furent ensuite analysées, comparées, entrecroisées pour permettre aux psys de mettre en lien les visions de la femme d’une part et les rôles sociaux que ces « cobayes » s’accordaient d’autre part. Et l'analyse des résultats a révélé que les hommes qui classaient les femmes en deux catégories distinctes et même opposées – les mères vertueuses versus les libérées - étaient ceux qui justifiaient une domination sociale des hommes et la suprématie de leur sexe dans toutes les structures qu’elles soient sociales ou familiales. Bien sûr, ces mâles défendaient des attitudes sexistes avec les femmes, tantôt bienveillantes et même protectrices, avec les vertueuses, tantôt hostiles avec les dévergondées. En clair, ceux qui défendaient la suprématie naturelle des mâles dans la société étaient ceux qui voyaient les femmes soit comme des êtres éthérés et dévoués qu’on épouse et avec lesquels on fonde une famille, soit comme des femmes de plaisir qu’ils décrivent comme « dévergondées, manipulatrices, et mauvaises » qu’on fuit ou avec lesquelles on passe une nuit.

On ne sera pas surpris... Mais là où cela se gâte pour ces mâles, c’est que cette vision duelle ne les rend pas heureux. Bien au contraire. Ils sont, toujours d’après cette étude, insatisfaits de leurs relations amoureuses car ils se sentent constamment menacés dans leur virilité et anxieux de la défendre. De plus, comme le souligne Orly Bareket, une des auteures de cette étude, « Ces hommes éprouvent des difficultés à se sentir attirés par les femmes qu'ils aiment, et à aimer celles par qui ils se sentent attirés sexuellement, ce qui les conduit à une insatisfaction chronique dans leurs relations amoureuses ». Ils n’ont pas érotisé les femmes vertueuses et ne peuvent être excités que par celles qu’ils jugent sensuelles et libérées alors que toutes les femmes sont multiples, pouvant être madones et putains. Tout comme les hommes d’ailleurs qui peuvent être tantôt époux engagés et pères responsables, tantôt amants déchaînés. Tout dépend du moment !

Bien sûr, ces machos ont des excuses : des millénaires de patriarcat. Pendant très longtemps, trop longtemps, notre société a vécu sur cette dichotomie de la madone et la putain à tel point que les notions sont devenus des archétypes en psychologie. Il y avait d’un côté l’épouse fidèle et la mère vertueuse, dévouée à son époux et à ses enfants et s’adonnant à la « chose » avec modération pour donner la vie et non pour le plaisir. La Vierge Marie en était la figure parfaite, elle qui enfanta sans relation sexuelle. Face à elle, il y avait la diablesse aux mœurs légères qui prenait du plaisir et le recherchait avec avidité car son insatiable sexualité n’était pas limitée par un homme. C’est bien évidemment la première figure féminine que le patriarcat a valorisé pour mieux dominer la femme, s’assurer de sa fidélité et de l’origine de sa progéniture. Mais la révolution féministe de la deuxième moitié du XX e siècle et la découverte de la pilule comme le droit l’avortement ont fait exploser ces catégories. « La société tout entière se trouve concernée, bousculée, transformée de proche en proche parce que les femmes ont abandonné les rôles figés de madone chaste, de mère parfaite ou de prostituée que leur réservait autrefois notre culture. Rien ne sera plus comme avant », écrit l’historien français Robert Muchembled dans l’ouvrage « L’orgasme et l’Occident ».

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