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Sexe, le grand tabou

La sexualité reste un sujet sensible. Même en parler au sein du couple est difficile, comme le montre une étude réalisée cette année en France. Pourtant la communication contribue à la satisfaction sexuelle.

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Libérée et libidineuse, telle serait notre société. Le sexe se vivrait aujourd’hui sans complexe, lui qui est décrit, explicité, analysé à longueur d’articles. Sans doute, les choses ont-elles changé depuis la révolution sexuelle des années soixante. Mais nous ne sommes pas pour autant délivrés de la vision qui a perduré durant des millénaires d’une sexualité qui éloignerait l’humain des valeurs morales et ne pourrait qu’engendrer le désordre social et la décadence. Certes le sexe a une force subversive importante mais il est aussi source d’équilibre pour chaque individu et tout couple à tel point qu’il est considéré aujourd’hui comme « l’expérience fondatrice des relations conjugales et affectives, le langage de base de la relation » selon le sociologue français Michel Bozon.

Malheureusement, ce « langage » est souvent problématique tant la sexualité reste tabou. Peu de couples osent parler de leur sexualité, comme le montre l’enquête menée au printemps de cette année par We-Vibe. Avec le cabinet Harris Interactive, le fabricant de sex-toys lançait un sondage sur la communication autour de la sexualité et interrogeait quelque 954 Français pour mettre en évidence que seulement 40% d’entre eux prenaient le temps de discuter régulièrement de sexualité avec leur partenaire. Et 11% déclaraient en parler moins d’une fois par an, voire absolument jamais. Parler de sexualité reste difficile, même pour des partenaires qui vivent depuis des années ensemble !

Seuls 4 Français sur dix prennent le temps de parler sexualité avec leur partenaire

Pourtant une très grosse majorité de ces mêmes sondés – pas moins de 88% - estiment que le sexe est un sujet de discussion d’importance pour leur couple. Mais ils n’en parlent pas car ils ont peur de blesser leur conjoint (62%), se sentent embarrassés à l’idée d’exprimer leurs propres désirs (56%), ne trouvent pas l’autre suffisamment à l’écoute (55%). Ils ressentent de la gêne, ils ont probablement peur de trop se dévoiler, de confier leurs fantasmes et d’être jugés ou moqués ou fragilisés par les confidences. Peut-être pensent-ils que la sexualité n’a pas besoin des mots pour être améliorée. Sans doute craignent-ils d’avoir l’air d’accorder de l’importance à la sexualité et d’être taxés de pervers, d’obsédée.

Mais il reste que la communication autour de la sexualité est essentielle dans le couple. Maintes études confirment la chose. On citera seulement celle « What keeps passion alive ? » « Qu’est ce qui maintient vivante la passion ? qui fut publiée en 2017 dans le célèbre Journal of Sex Research. Menée par l’Université Chapman auprès de 38 747 hommes et femmes – rien de moins - , elle a mis en évidence que la satisfaction sexuelle et le maintien de la passion dans les couples à long terme étaient plus élevés chez les personnes qui disaient communiquer sur le sujet. Bien sûr, parler de sa sexualité ne fut pas le seul critère participant à l’épanouissement mais un élément essentiel. Furent encore épinglés la fréquence des rapports sexuels, le fait d’avoir un orgasme ou non, de s’intéresser à la sexualité, s’informer, lire des bouquins et articles sur le sujet, de profiter des enseignements donnés par ces sources d’infos. Enfin fut soulignée l’importance de varier les actes sexuels. Même si vous savez quels gestes et comportements vous font monter au 7 e ciel, si vous vous en contentez et n’explorez plus rien d’autre, la lassitude sera au rendez-vous.

Et parler est d’autant plus important que la sexualité est éminemment une aptitude, un art, un comportement – on prend le mot qu’on préfère – aussi culturel et personnel que naturel. Contrairement à ce que d’aucuns croient, le sexe ne peut pas être réduit à un comportement physiologique. Bien sûr, certains éléments le sont - être excité, bander, mouiller, jouir - mais ces composantes biologiques sont influencées par des données culturelles historiques comme des éléments éducationnels et personnels. Il faut donc parler – avec les précautions voulues - à l’autre, choisir le bon moment, les mots justes et non blessants mais il est important de dire comment on vit les moments d’intimité, ce qu’on aime et apprécie moins, ce qu’on voudrait…

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