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Polanski: la projection du film «J’accuse» perturbée à Rennes, les salles évacuées

Des militants féministes opposés à la diffusion de « J’accuse » de Roman Polanski, visé par une nouvelle accusation de viol, ont perturbé samedi soir une séance de cinéma du TNB à Rennes, qui a été annulée, a-t-on appris dimanche.

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« On a envahi le TNB à Rennes pour exiger la déprogrammation de ‘J’accuse’!! Des centaines de personnes ont été évacuées, on attend de rencontrer le directeur qui a expliqué dans une lettre que projeter ‘J’accuse’ c’était ouvrir le débat », a posté sur Twitter « Jeanne La Rouge », militante féministe et syndicaliste étudiante. Après une longue discussion avec les militants, la direction a décidé de déprogrammer les trois séances prévues dimanche mais a maintenu les suivantes. « Les militants ont envahi le TNB assez brutalement et déclenché l’alarme qui a interrompu toute l’activité du théâtre, dont deux spectacles, en plein festival. Plus de 1.200 spectateurs ont dû être évacués. Les spectacles ont repris après 30 minutes d’interruption », a réagi la directrice générale Anne Cuisset. Dans une longue lettre publiée sur le site du TNB, le directeur Arthur Nauzyciel explique les raisons de son choix.

Ce film « traite d’un sujet brûlant et d’une page d’histoire honteuse de notre pays et dont le scandale se perpétue encore aujourd’hui », rappelle-t-il. « Cependant, son réalisateur fait l’objet depuis des années de plaintes pour viols et de demandes de réparation en justice. Et depuis des années, notre société est engourdie jusqu’à la surdité quant aux questions de harcèlements sexuels et de violences faites aux femmes », poursuit-il.

À la question de savoir si l’on peut « dissocier l’œuvre de l’homme », il répond : « Ne désirant pas penser seul cette expérience inédite, je prends le risque de maintenir les séances du film pour que cela ouvre une brèche dans la compréhension de ce que nous traversons ». « Déprogrammer le film serait évacuer le débat, sa complexité, et nous ferait rater une chance de conscientiser ce que nous traversons en apprenant de nos erreurs, si ce choix, car c’en est un, s’avère en être une », conclut M. Nauzyciel.

Valentine et Adèle

Avant d’être un théâtre, le TNB fut une prison militaire. C’est justement dans cette prison que le capitaine Alfred Dreyfus a séjourné en 1899 au moment de son procès en révision, dont la ville de Rennes commémore cette année les 120 ans, jusqu’au 29 novembre.

Valentine Monnier, photographe française, ancien mannequin qui a également joué dans quelques films dans les années 80, accuse Roman Polanski de l’avoir frappée et violée en 1975 en Suisse alors qu’elle avait dix-huit ans. Cette Française, dont les accusations s’ajoutent à celles d’autres femmes ces dernières années, toutes également réfutées par Roman Polanski, précise ne pas avoir déposé de plainte pour ces faits, prescrits. Mais elle affirme avoir décidé d’exprimer publiquement cette accusation en raison de la sortie en France de « J’accuse », qui porte sur une célèbre erreur judiciaire de la fin du XIXe siècle, l’accusation à tort du capitaine Alfred Dreyfus.

Adèle Haenel, qui a accusé le 3 novembre le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement » alors qu’elle avait entre 12 et 15 ans, est présentée par le TNB comme une « actrice complice » d’Arthur Nauzyciel depuis 2011. Elle collabore notamment au projet de l’Ecole du TNB.

AFP

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