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Parler de son plaisir: une nécessité pour les femmes!

Plus de la moitié des femmes n’osent pas parler de ce qu’elles aiment au lit… Pourtant communiquer est essentiel au plaisir.

Journaliste Temps de lecture: 4 min

Les femmes jouissent bien moins souvent que les hommes. Le constat est là, sans appel, triste et regrettable : un fossé orgasmique sépare les deux sexes, confirmé par bien des études. Citons seulement celle de 2017, publiée dans la revue Archives of Sexual Behavior qui basée sur les réponses de 52.000 personnes âgées de 18 à 59 ans, établit que 95 % des hommes hétéros ont « souvent ou toujours » un orgasme, contre 65 % des femmes hétéros…

La peur de blesser l’autre

Les raisons de cet écart sont nombreuses, aussi bien culturelles et historiques que physiologiques – c’est la stimulation du clitoris qui offre plus facilement le plaisir aux femmes, bien davantage que la pénétration – et relationnelles. On s’attardera ici à la difficulté de communiquer tant sont grandes la peur et la gêne de dire à l’autre de ce qu’on aime ou n’aime pas. Une étude américaine publiée (1) en novembre dernier a mis en évidence que plus de la moitié – pas moins de 55 % – des 1008 femmes interrogées n’osait pas confier à leur partenaire ce qu’elles appréciaient comme gestes érotiques ou ce qu’elles trouvaient excitant. Elles ont dit en avoir envie mais ont préféré se taire pour ne pas blesser leur partenaire (42 %), parce qu’elles ne se sentaient pas à l’aise de préciser les détails des gestes et positions (40 %), se sentaient gênées (38 %) et ne savaient pas comment demander ce qu’elles voulaient (35 %). D’autres encore (10 %) ont précisé qu’elles ne parlaient pas de ce sujet car elles pensaient que leur partenaire ne se souciait pas de leur plaisir. À quoi bon parler si l’autre donne l’impression de ne penser qu’à sa propre jouissance…

Mais la conséquence de ces silences et absences de communication est simple : pas ou peu d’orgasme et même des jouissances feintes. Les chercheurs de cette étude dirigée par la célèbre sexologue américaine Debby Herbenick – on lui doit une centaine de publications scientifiques – ont mis en évidence que pas moins de 58 % de femmes ont dit simuler l’orgasme.

Une gêne ancestrale

Mais il est vrai que parler de sexualité n’est guère facile. Malgré la libération sexuelle, le sexe reste tabou, pour les femmes sans doute davantage que pour les hommes car des siècles durant, elles ont été considérées comme peu intéressées par la sexualité qui appartenait aux hommes ou essentiellement concernées dans le but de s’attacher un partenaire. Trop longtemps, notre société a exigé des femmes qu’elles affichent une certaine réserve et pudeur sous peine de passer pour des femmes faciles. Elles ont été éduquées à ne pas dissocier sexe et sentiments pour être avant tout des épouses fidèles et des mères dévouées. Parler de ses désirs, de ses zones érogènes, de son clitoris, de ses fantasmes peut dès lors être difficile. Les femmes peuvent se sentir gênées, peut-être même honteuses de dire ce qu’elles aiment. Elles peuvent craindre de trop se livrer. C’est que la sexualité touche à l’intime de chacun. Lié à notre vécu aussi bien émotionnel que sensuel, sexuel, éducationnel, il révèle la partie très profonde et secrète de chacun et il peut être difficile de livrer cette part.

Et puis nombre de personnes croient aussi que la sexualité est innée et purement physiologique, oubliant toutes ses dimensions culturelles, familiales, personnelles. Elles croient que le sexe ne s’apprend pas et que l’entente entre deux partenaires ne se développe pas. Or le plaisir s’acquiert progressivement. Il ne s’offre pas d’emblée aux femmes et les oblige à partir à la découverte de leur corps et des plaisirs qu’il peut offrir. C’est seules qu’elles doivent d’abord le découvrir en explorant leurs sexe, clitoris, zones érogènes et fantasmes. Quand elles connaissent leur fonctionnement, elles sont plus à l’aise dans l’intimité. La même étude (1) a montré que le simple fait d’aborder sereinement le sujet sexuel et de pouvoir tout simplement évoquer le « clitoris », est associé à une plus grande satisfaction sexuelle. Pouvoir parler de cet incroyable organe doté de 8000 terminaisons nerveuses et dédié au plaisir féminin diminue les orgasmes feints et les fausses jouissances

Parler est essentiel mais si les mots sont trop difficiles, les soupirs comme les gestes peuvent aussi guider l’autre. Ou de nouvelles initiatives. Pourquoi attendre que l’autre fasse ce dont on a envie ? Pourquoi ne pas initier de nouveaux jeux érotiques et sensuels ?

(1) Women’s Sexual Satisfaction, Communication, and Reasons for (No Longer) FakingOrgasm : Findings from a U.S. Probability Sample. Etude de Herbenick D, Eastman-Mueller H, Fu TC, Dodge B, Ponander K, Sanders SA. Publiée dans Arch Sex Behavior en novembre 2019

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