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Coronavirus: sortons nos défenses!

Notre système immunitaire n’a pas appris à réagir au coronavirus. Les conseils d’un spécialiste pour faire face à ce nouvel ennemi.

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Chaque jour nous apporte son lot de microbes. Nous inhalons ainsi quotidiennement pas moins d’une centaine de… millions de virus ! Autant dire que nous serions dans un bel état si l’on ne pouvait pas compter sur les 30 millions d’anticorps – que chacun d’entre nous possède – prêts à détruire ces agents infectieux. Parmi eux, certains sont capables de reconnaître un virus bien particulier et de s’en débarrasser, tandis que d’autres sont formatés pour pouvoir attaquer des virus inconnus. L’ensemble des réactions de notre corps vis-à-vis des multiples agressions qu’il subit constitue notre « système immunitaire ». Mais la guerre que se livrent virus et anticorps peut être impitoyable et ces derniers n’en sortent pas toujours vainqueurs. Aujourd’hui, le coronavirus, plus précisément le « Sras coronavirus 2 », responsable d’une pneumonie virale appelée récemment Covid 19, représente clairement un nouvel ennemi contre lequel la population générale ne possède encore aucune immunité. Nous nous sommes donc demandé s’il y avait moyen de « booster » notre système immunitaire pour pouvoir le repousser…

« Chaque organisme possède son propre système immunitaire et tenter de booster celui-ci, dans le sens large du terme, n’a aucun sens, nous a répondu le Pr Jean-Christophe Goffard, chef du service de médecine interne et de l’unité de traitement des immunodéficiences à l’Hôpital Erasme. Dans certains cas, le système immunitaire peut s’adapter à un germe qu’il n’a jamais rencontré. Mais, tout comme lors des épidémies précédentes de H1N1, de Sras ou de Mers, notre système immunitaire n’a pas appris à répondre au coronavirus. Par ailleurs, on pense que dans certains cas, c’est la réaction immunitaire elle-même qui tue, en créant une trop grande quantité de médiateurs pro-inflammatoires. Bref : avoir trop peu d’immunité, ce n’est pas bien, et en avoir trop, non plus ! »

Certaines personnes peuvent ainsi bénéficier d’un système immunitaire extrêmement performant et d’autres moins. Tout comme l’on peut avoir un excellent système immunitaire… excepté par rapport à un seul type d’agresseur, comme on peut le voir dans certaines maladies génétiques prédisposant à des complications graves de l’herpès, de certains champignons ou de simples bactéries peu agressives de l’environnement. « Les personnes ayant ces mutations génétiques sont en parfaite santé jusqu’à ce que, malheureusement, elles rencontrent le microbe contre lequel elles sont incapables de réagir », explique le Pr Goffard.

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Surtout les 30-50 ans

Dans le cas du coronavirus, les mille premiers décès ont démontré que c’était la tranche des 30-50 ans qui était la plus affectée. « On explique cela par le fait que la réaction inflammatoire est très forte dans cette catégorie d’âge. Les personnes âgées, elles, réagissent moins sur le plan inflammatoire. En revanche, l’épuisement de leur système immunitaire (avec l’âge, le nombre de lymphocytes diminue et les anticorps reconnaissent moins bien leurs « ennemis ») les rend plus sensibles aux infections », précise l’immunologue.

Dans un article du « Times » consacré à la question, le Pr Janet Lord (université de Birmingham) confirme que le taux de mortalité lié à des infections virales et bactériennes est trois fois plus élevé chez les personnes âgées et que la faiblesse de leur système immunitaire exacerbe l’inflammation, laquelle augmente le risque de cancer, de maladie cardiovasculaire, d’AVC et de démence. Par ailleurs, on a observé que les personnes asymptomatiques (qui ne présentent pas de symptôme) qui ont développé une immunité par rapport au coronavirus sont devenues de véritables « barrières » dans le processus de transmission : en « bloquant » le virus, elles contribuent à éteindre l’épidémie.

Ne prenez pas froid !

Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’un affaiblissement de notre système immunitaire : « Les médicaments constituent la source principale, poursuit le spécialiste. La cortisone, par exemple, est immunodépressive et sa consommation prédispose aux virus. » D’autres éléments, comme l’alcool, le fait d’avoir une cirrhose du foie ou de ne plus avoir de rate diminuent aussi notre immunité. « Le stress et le froid jouent un rôle également, précise le Pr Goffard. Le stress est toujours délétère sur le plan immunitaire. Même les animaux sont beaucoup moins résistants et plus sensibles aux infections virales quand ils sont stressés. C’est pareil pour les humains puisqu’en produisant l’hormone du stress (le cortisol), on libère des immuno-suppresseurs. » Le froid, quant à lui, diminue la capacité de nos cellules respiratoires de pouvoir affronter et éliminer les virus qui circulent dans l’air. Combiné au manque d’aération des habitations en hiver, on comprend que tout cela contribue au risque d’être atteint par un virus. La saison estivale, plus sèche, pourrait donc bien, comme ce fut le cas lors de l’épidémie de Sras, être propice à une diminution de la propagation du virus.

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