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La Ligue Braille, de l’obscurité à la lumière

En Belgique, ses débuts datent de 1920, 100 ans tout juste, lorsque deux amies, elles-mêmes aveugles, forment le projet d’ouvrir une bibliothèque pour les malvoyants.

Journaliste Temps de lecture: 3 min

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C’était il y a un siècle, une éternité, dans un monde fermé, oublieux de ses devoirs. En ce temps-là, les aveugles et amblyopes n’avaient accès à aucune source écrite. La lecture leur était interdite. Mais en février 1920, Elisa Michiels et Lambertine Bonjean lancent une initiative, premier pas vers une intégration tant attendue : rassembler des bénévoles pour transcrire des livres en braille en ouvrant une bibliothèque destinée aux aveugles. Deux ans après ce premier pas, en 1922, la Ligue Braille se constitue en asbl autour d’un noble but : « Venir en aide par tous les moyens et dans toutes les circonstances aux personnes atteintes de cécité. »

2020, la Ligue Braille fête ses 100 ans. Elle s’appuie sur 134 collaborateurs et près de 600 bénévoles. Elle jouit du patronage des reines Élisabeth, Fabiola et aujourd’hui Mathilde se relayant en sa faveur. Basée à Bruxelles, elle compte onze antennes régionales et vient en aide à 15.500 personnes, totalement ou partiellement aveugles. Elle s’installe d’abord dans les combles du Palais d’Egmont, au cœur de Bruxelles. Très vite, elle élargit ses activités. Sous l’impulsion de sa présidente Cécile Douard, elle-même aveugle, elle entame la longue marche de l’intégration.

Elle développe des services gratuits : service social, activités culturelles et de loisirs, imprimerie, atelier de chaiserie, de quoi occuper une main-d’œuvre ignorée jusque-là. Devenus trop exigus, les locaux sont transférés à Saint-Gilles, rue Hôtel des Monnaies, puis rue d’Angleterre, son siège actuel. En 1947, après des années de guerre difficile, Cécile Douard fonde l’Œuvre nationale du chien guide d’aveugle. En 1954, elle met sur pied des cours d’arts ménagers et de locomotion pour favoriser l’autonomie des malvoyants. À l’Expo 58, elle profite de l’événement pour prôner une meilleure intégration socioprofessionnelle. Et ainsi de suite, jusqu’à aujourd’hui avec le lancement du chantier « braille numérique » sur tablettes et smartphones, car la Ligue reste très attentive aux innovations technologiques permettant aux aveugles de mieux vivre en leur assurant une réelle participation.

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L’alphabet braille les sort de leur isolement

Proposer une société inclusive, rompre l’isolement, permettre de s’instruire, de lire, d’échanger sur base de ses propres lectures, ce progrès recherché tient lieu de combat permanent. Il renvoie à l’invention d’un homme un peu providentiel : le Français Louis Braille. Quand il naît le 4 janvier 1809 à Coupvray, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Paris, le jeune Louis ne souffre encore d’aucun handicap. Il se glisse parfois dans l’atelier de son père, bourrelier du village, avec ses outils, son établi, tout cet univers qui le fascine… et qui causera son malheur. À l’âge de 3 ans, il se blesse gravement à l’œil droit. La blessure s’infecte et gagne l’œil gauche. Louis Braille perd la vue, ce qui, paradoxalement, va le faire entrer dans l’Histoire.

Ses parents, qui savent tous deux lire et écrire, ont bien conscience de la valeur d’une bonne instruction pour un enfant handicapé. Ils obtiennent l’inscription du jeune Louis à l’Institution royale des jeunes aveugles. Les pensionnaires y apprennent à lire sur des lettres en relief mais pas à écrire. Louis se signale comme un élève brillant. Et en 1829, à 20 ans à peine, il présente un système révolutionnaire : l’alphabet braille « d’écriture tactile à points saillants ». Le « braille » amorce sa croisade, utile et libératrice, jusque dans les objets quotidiens. Louis Braille meurt à Paris le 6 janvier 1852. Il est enterré au Panthéon. La Ligue Braille belge ne fête pas seulement son centenaire, mais aussi le génie d’un homme.

Toute une série d’activités accompagnent ce 100e anniversaire. Tél. : 02-533.32.11. www.braille.be

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