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Un bébé secouru en Méditerranée : le sauveteur raconte

Le garde civil espagnol se confie sur ce moment fort de son opération de sauvetage ainsi que sur le drame qui se déroule à Ceuta.

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C’est une photo qui a fait le tour de l’Europe : un bébé secouru en Méditerranée près de Ceuta, une enclave espagnole située en Afrique et entourée par le Maroc. Elle est devenue le symbole du drame humanitaire qui a lieu dans ce territoire que près de 8.000 migrants, surtout Marocains, ont tenté d’atteindre depuis ce lundi 17 mai. On y voit un membre de la garde civile espagnole porter l’enfant inerte hors des eaux pour lui sauver la vie. Depuis, cet homme, qui s’appelle Juan Francisco, s’est confié à El País sur ce qu’il a ressenti à ce moment-là et sur la gravité de la situation à Ceuta.

« Il ne faisait pas de geste »

Selon les médias espagnols, le bébé a environ deux mois et depuis l’opération de sauvetage, il se porte bien. Mais comme le raconte l’ancien militaire, son état de santé était loin d’être encourageant de prime abord. Car au moment immortalisé par cette photo, il était incapable de dire « si le bébé était mort ou vivant ». Bien qu’il soit formé pour « faire face à toutes les situations en mer », cette situation a été pour lui extrêmement dure.

« Notre travail habituel consiste à récupérer des corps morts dans les eaux, que ce soit dans la mer, un marais ou une rivière ... Mais cette fois, il a fallu sauver des êtres vivants, de tous âges, dans toutes les conditions, et faire le tri entre tellement de gens dans l’eau, entre ceux qui avaient le plus besoin de notre aide. Nous avons pris le bébé, il était gelé, froid, il ne faisait pas de geste », raconte-il.

Il explique que les migrants venus à la nage étaient équipés de moyens extrêmement rudimentaires, certains portant des sortes de gilets de sauvetage en liège qui ne leur permettaient pas d’avoir la tête hors de l’eau. Les enfants étaient souvent attachés à leurs parents, dont le bébé en question ici avant qu’il ne soit secouru. Juan Francisco a passé sa semaine dans l’eau et a dormi moins de 10 heures depuis dimanche. Il explique qu’il ne cesse de penser aux « yeux fous des gens aidés ces jours-ci en mer ».

Cette vague migratoire a été provoquée suite à une montée des tensions entre l’Espagne et le Maroc, d’habitude alliés dans la lutte contre l’immigration clandestine. Fin avril, Madrid a accueilli le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui avait besoin d’être soigné contre le Covid-19. Pour Rabat, cela a résonné comme une provocation. Comme l’explique à l’AFP Isaias Barreñada, professeur de relations internationales à l'Université Complutense de Madrid, cet afflux de migrants n'est « pas un hasard » et constitue « un message fort » de la part du Maroc.

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