Quand Lou Deprijck racontait l’histoire de «Ça plane pour moi»
Le compositeur est décédé à l’âge de 77 ans.

L’information a été donnée ce matin par « La Dernière Heure ». Lou Deprijck, célèbre producteur de « Ça plane pour moi » est décédé ce mardi, après avoir connu d’importants problèmes de santé ces derniers mois.
Retour en 1977, lorsque le punk est en pleine effervescence. Lou Deprijck et Bert Bertrand, journaliste rock belge, vouent une admiration sans borne pour Jonathan Richman, artiste de la scène punk américaine. « J’étais fou de ce mec. (…) Je retrouvais Bert à tous les concerts. Un jour, il me dit : ‘Tu sais, le premier qui fait un punk en français va cartonner !’ Cela m’a traversé l’esprit », confie Lou Deprijck.
Alors compositeur pour « Two Man Sound » et producteur pour le label Roland Kluger Music, Lou décide de faire quelques essais en studio.
« J’avais pris des musicos, c’était pas des grands musicos, mais comme les punks ne savaient pas jouer, qu’ils étaient tous sur deux accords… »
Les paroles sont écrites par Yvan Lacomblez, alias « Pipou », avec la volonté de « planer » pour rendre hommage à la chanson de Michel Delpech sortie un an plus tôt, « Tu me fais planer ». Le « wououhouhou », lui, est un clin d’oeil aux Beach Boys. « Comme j’étais fan, j’ai rajouté ça pour terminer », explique Lou.
L’original est mis en boîte en une prise. « La feuille est tombée par terre, j’ai mélangé deux couplets, mais on l’a finalement laissé comme ça. »
À la recherche de l’interprète
Le morceau naît en juillet 1977 mais Lou Deprijck ne sait pas quoi en faire. « On va le sortir, mais qui va le chanter ? » se demande-t-il. « Il fallait trouver un interprète. Avec mon Panama et ma moustache, je n’étais pas très punk. Je ne me sentais pas assumer. Et ‘Two Man Sound’ était mon cheval de bataille, je ne voulais pas casser l’image, ni quitter le band. »
Un mois plus tard, Roger Jouret entre dans la danse. Rebaptisé Plastic Bertrand, en référence à Bert Bertrand et aux vêtements de plastique qui habillent les artistes punk à l’époque. « Il est venu au studio, il a écouté et en une seconde, il m’a dit : ‘Je le fais !’ Mais il lui fallait un look. » Lou Deprijck se rend alors à Londres pour faire quelques emplettes : « J’ai acheté un blouson rose avec des tirettes. Ça a été son premier costume. »
« Je l’ai fait répéter au Studio L’Équipe, devant une caméra. Il avait tout compris ! Plastic a quand même un talent… d’exhibitionniste. Il sait se mettre en scène, il n’a peur de rien, il fonce, il sourit. Ça a fait beaucoup ! »
Le 1er décembre 1977, « Ça plane pour moi » est dans les bacs. C’est un véritable carton qui finit par amener l’album « An 1 », réalisé en une semaine.