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Affaire Stéphane Plaza : c’est quoi le « love bombing » ?

C’est quoi le « love bombing » cette technique de manipulation amoureuse dont il est accusé ?
Temps de lecture: 4 min

Une enquête de Médiapart pointe les comportements violents, les menaces et le « love bombing » utilisés par l’animateur Stéphane Plaza sur ses compagnes. La Voix du Nord a interrogé Lilou Bonnel, du collectif féministe NousToutes Lille, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il nous explique en quoi consiste ce comportement toxique encore trop peu connu.

– D’où vient la notion de love bombing ?

Lilou Bonnel : « Cette stratégie de « bombardement d’amour » est un mécanisme de manipulation qui a été décrit par la psychiatre américaine Margaret Singer dans les années 70. Elle a décrit ce phénomène d’emprise d’abord dans le cadre des sectes. La technique consiste à rassurer les gens par beaucoup d’affection et par la valorisation d’un intérêt commun pour pouvoir, dans un second temps, les utiliser. Le terme a été étendu plus tard aux relations amoureuses. »

– Le « love bomber » est-il forcément un pervers narcissique ?

L. B. : « On a tendance à faire le rapprochement entre les deux mais toute personne faisant du love bombing n’est pas systématiquement un pervers narcissique et tous les pervers narcissiques n’utilisent pas forcément cette stratégie dans leur relation. »

– Quelles phases peut-on repérer dans le love bombing ?

L. B. : « Les psychologues et psychiatres qui ont travaillé sur le sujet ont décrit plusieurs phases. Dans un premier temps, comme décrit par plusieurs ex-compagnes de Stéphane Plaza, le « love bomber » donne une très grosse démonstration d’affection à la personne choisie. Il attire en envoyant plein de messages et plein de compliments, fait des cadeaux pour que la personne se sente un peu spéciale. Le but, c’est de flatter l’ego de l’autre pour qu’il se sente séduit.

La personne séduite va progressivement s’attacher au « love bomber » et à ces attentions et compliments quotidiens qui vont fonctionner comme une sorte de drogue. Cela crée une emprise et une dépendance. C’est là qu’intervient la phase descendante. Le « love bomber » a obtenu ce qu’il veut, la dépendance, et vont arriver au fur et à mesure des comportements violents et dévalorisants avec souvent ce qui évoque un dédoublement de personnalité : une journée, « love bomber » adore sa victime, fait tout pour elle et le lendemain, il l’ignore et fait comme si elle n’avait jamais existé. On peut rentrer ici sur des mécanismes violents de dévalorisation extrême et d’humiliation avec cet effet de boucle où les « love bombers » reviennent ensuite régulièrement demander pardon et dire que cela n’arrivera plus jamais, ce qui bien sûr rend la rupture plus difficile pour la victime. »

– Comment repérer un « love bomber » ?

L. B. : « Dès la phase de la séduction, le « love bomber » ne fait que des compliments superficiels. Il s’immisce dans votre vie, et surtout, il en fait trop, trop de cadeaux, trop de compliments, trop de rendez-vous. Derrière, il n’y a pour lui aucun intérêt réel pour l’autre, il valorise juste pour manipuler et être aimé de façon égoïste. Bien sûr il y a l’isolement qui peut être un signe d’alerte, le côté « il n’y a que moi qui peux te comprendre « ou « toi et moi contre le reste du monde « . Le fait de se rendre compte qu’au fur et à mesure l’autre décide pour vous, aussi. Quand il y a un doute au début de la relation, on peut conseiller de dire « j’ai envie d’aller progressivement dans la relation, de prendre mon temps » et de voir la réaction de l’autre. S’il n’accepte pas, s’énerve ou dit des choses comme « tu ne trouveras pas mieux que moi «, il y a lieu de s’inquiéter. Après le conseil simple que l’on donne toujours, c’est d’écouter son intuition. Dans ce type de relation on entend souvent « dès le début, je ne le sentais pas «, « il y avait quelque chose de bizarre «, « quelque chose clochait « . Et bien sûr, quand on est dans le doute, le meilleur conseil, c’est d’en parler, à des proches, à des professionnels de santé, ou d’appeler le 3919, qui est le numéro d’urgence des victimes de violences sexistes et sexuelles. »

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