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Myriam Leroy: «Les femmes sont aussi libérées sexuellement que les hommes»

Dans la pièce « Cherche l’amour », Myriam Leroy croque les rencontres amoureuses à l’heure d’internet. Interview d’une jeune femme talentueuse.

Temps de lecture: 5 min

Il y a François le garagiste qui veut une nana dotée d’une belle carrosserie et puis Sophie qui elle, désire simplement un mec qui l’envoie en l’air en lui claquant les fesses. Il y a Kevin le millionnaire qui se retrouve face à Catharina putain superbe qui profite des réseaux sociaux pour faire vivre son business. Il y a encore Igor qui dès le premier rendez-vous avec Iphigénie lui parle de ses problèmes de peau. Il y a Bruno le rédacteur en chef bedonnant et arrogant qui convoque des jeunes et jolies journalistes cherchant du travail dans l’espoir de les sauter. Il y a encore Jane la fonctionnaire européenne qui vit le poly-amour, et puis ce couple de bourgeois cathos qui veut dynamiser sa vie sexuelle par l’échangisme… Les rencontres amoureuses du spectacle « Cherche l’amour » se suivent et ne se ressemblent pas sauf qu’elles sont toutes cocasses, drôles et si humaines. D’une plume acérée, la talentueuse Myriam Leroy nous raconte les débuts amoureux à l’ère d’internet, de Facebook, Tinder et autres adopteunmec. Ses mots sont ciselés, percutants et intelligents ! La mise en scène est rythmée et les 4 comédiens transformistes passant d’un rôle à l’autre impressionnants.

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Hier comme aujourd’hui, l’homme cherche l’amour ?

Tout le monde cherche l’amour pour de bonnes et de mauvaises raisons. L’amour est l’ultime graal, en particulier pour les femmes car pour elles, il reste malgré tout une façon d’être validées par la société. Les femmes célibataires sont encore considérées comme des intrigantes.

Pourtant dans votre spectacle, les hommes semblent à la recherche de l’amour tout autant que les femmes, si pas davantage.

Je crois que les aspirations des hommes ne sont pas différentes de celles des femmes. Même si la société les encourage à accumuler les conquêtes, ils veulent eux aussi l’amour et ne plus être seuls.

Vos personnages féminins m’ont même semblé plus libidineux que les hommes.

Je crois être crédible avec cet éventail de personnages féminins car je vois autour de moi des femmes aussi libérées que les hommes et moins enfermées dans des normes alors qu’on a dû les bassiner avec ce qui est convenable de faire ou ne pas faire pour une fille. C’est le côté féministe de la pièce. Il est important que les filles ne soient plus éduquées à devenir des princesses oisives attendant le prince charmant qui va les arracher à leur vie misérable et leur offrir un foyer et des enfants.

Est-il plus facile ou difficile de trouver l’amour à notre époque ?

Il est plus facile de faire l’amour, de trouver un partenaire avec qui s’envoyer en l’air. Aujourd’hui vous ne devez plus tourner autour du pot et pouvez être direct et franc si vous avez envie de passer un bon moment. Mais pour trouver l’amour et le vivre, nous sommes toujours aussi paumés. Aucune application ne peut amener à la magie de l’amour qui nous bouleverse complètement. Il y a un côté animal, hormonal dans l’amour, un basculement qui nous met dans un état physique que je compare à celui de la cocaïne. Je ne sais pas définir l’amour mais je sens les effets qu’il me procure ; mon cerveau est plus irrigué et connecté, j’éprouve un sentiment de toute puissance et de confiance dans la vie.

Le public est fait de nombreux couples qui semblent avoir trouvé l’amour. Pourquoi viennent-ils ?

J’imagine qu’ils viennent jouir du spectacle des premières rencontres et s’amuser des difficultés des débuts – c’est vachement dur de trouver quelqu’un – même si ce qu’ils vivent à la maison n’est pas forcément génial. C’est un peu comme regarder la pluie tomber à travers la vitre et se sentir bien même si son appartement est sale et moche. On se dit à ce moment-là qu’on est mieux dedans que dehors.

Vous cherchez l’amour ?

Non mais je cherche à comprendre ce sentiment pour le maîtriser et qu’il ne me file pas entre les doigts.

Vous abordez la problématique du harcèlement sexuel dans votre pièce. Les hommes sont-ils des porcs comme le sous-entend le hashtag balance ton porc ?

Non bien sûr ! Tous les hommes ne sont pas des porcs mais il y en a. Personnellement je ne suis pas convaincue par le terme choisi pour ce mouvement ; j’aurais préféré « balance ton harceleur » mais les hashtags nécessitent des mots courts et qui frappent.

Quand commence le harcèlement ? Quelle est la frontière entre une drague lourde et un harcèlement ?

Il y a harcèlement quand on impose quelque chose à quelqu’un, en particulier quand ça l’insécurise. Il y a des comportements qui passent pour légers mais qui sont clairement des attitudes de prédation. C’est du harcèlement quand on siffle après une fille et lui lance des commentaires graveleux, quand on la poursuit dans une ruelle déserte à 4 heures du matin alors qu’elle est seule et qu’on est en bande, quand on lui balance un jugement sur son physique alors qu’elle n’a rien demandé. Mais il est vrai que les hommes ne sont pas éduqués à se mettre à la place des femmes qu’ils abordent, et que certains, en toute bonne foi, ne se rendent pas compte de l’impact de ce qu’ils font. Je suis persuadée que tous les mecs qui m’ont fait chier tomberaient de haut si je leur disais mon ressenti. De même nous les femmes nous avons été conditionnées à trouver normaux ces comportements de harcèlement.

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Cherche l’amour Jusqu’au 18 novembre, au TTO du mercredi au samedi à 20h30 396-398 Galeries de la Toison d’Or 1050 Ixelles Tél. : 02/510 0 510 (du lundi au samedi de 14 à 18h)

www.ttotheatre.com

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