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Cunnilingus, un art érotique encore (trop) peu pratiqué

Longtemps tabou, la pratique sexuelle est devenue plus courante. Pourtant elle se heurte encore à certaines rétiscences.

Temps de lecture: 4 min

Il fut longtemps tabou en Occident. En 1952, le cunnilingus était encore épinglé comme une pratique sexuelle pathologique par le « DSM 1 », le très sérieux « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » publié par l’Association américaine de Psychiatrie. Peu d’hommes et de femmes s’adonnaient alors à ce plaisir comme l’attesta une étude menée dans ces mêmes années : 11 % des jeunes Américains disaient l’avoir pratiqué. La lichette était considérée contre-nature, ne servant en rien la reproduction, but ultime de l’acte sexuel. La pratique était aussi vue comme avilissante ; l’homme y perdait sa dignité et sa supériorité de mâle. D’autres griefs furent avancés : non-hygiénique, non-agréable pour l’homme. Et même immoral. Jeanne Moreau pourrait témoigner de ce préjugé, elle qui dans le film de Louis Malle de 1958 « Les Amants » fut moquée et critiquée pour avoir face caméra joui d’une telle pratique.

Fresque des Bains de Pompéi
Fresque des Bains de Pompéi

Tibère et Napoléon

Ce mépris du cunnilingus n’empêcha pas certains de le pratiquer. L’art en témoigne comme la littérature. Une peinture des Bains de Pompéi nous montre un homme agenouillé entre les jambes d’une belle dénudée mais l’acte considéré dans le monde antique comme une attitude regrettable de soumission à la femme se pratiquait plutôt au lupanar que dans le lit conjugal. Les écrits de Suétone font également état de la version féminine du sexe oral ; l’auteur romain du premier siècle attribue avec mépris ce jeu amoureux à l’empereur Tibère qu’il accable de toutes les perversités. Et comment ne pas citer Napoléon qui dans une de ses lettres écrivit à Joséphine « Un baiser plus bas, plus bas que le sein. […] Tu sais bien que je n’oublie pas les petites visites ; tu sais bien, la petite forêt noire. Je lui donne mille baisers et j’attends avec impatience le moment d’y être. »

Fellation et cunni en bonne égalité

Quoi qu’il en soit, les choses ont changé. L’évolution des rapports entre les hommes et les femmes, désormais plus égalitaires, a percolé dans la sphère intime. La réciprocité dans la vie sexuelle est aujourd’hui recherchée par de plus en plus de couples. L’égalité des plaisirs est désirée mais pas forcément réalisée. En 2016, la sociologue Ruth Lewis de l’Université de Northumbria en Grande-Bretagne publia une étude sur le sexe oral dans la revue scientifique Journal of Sex Research et y montra que si les jeunes de son enquête – 71 garçons et filles âgés de 16 à 18 ans en couple depuis 1 an – voulaient une égalité sexuelle, insistaient sur l’importance de donner et recevoir, ils pratiquaient bien davantage la fellation que le cunnilingus. Cette dernière pratique était considérée comme un enjeu, un objectif à atteindre mais peu aisé à accomplir. En réalité, nombreux étaient ceux qui disaient que la lichette était plus désagréable pour l’homme que ne l’était la fellation pour la femme. Sucer : oui, lécher : oui peut-être… De même, le cunni est rarement pratiqué – dans 26 % – pour les coups d’un soir, comme l’établit en 2012 la sociologue Laura Backstrom de l’Université d’Indiana. Bien des hommes confient une certaine réserve par rapport à cette pratique, comme les femmes qui n’osent pas livrer leur sexe qu’elles pensent souvent difforme et malodorant.

L’application Lickster des youtubers The Kloones
L’application Lickster des youtubers The Kloones

Une appli Lickster

Mais chez les couples plus âgés et engagés, le sexe oral féminin a tendance à se pratiquer plus régulièrement. L’enquête sur la sexualité en France réalisée auprès de 12.000 personnes et publiée en 2008 a établi que 85 % des hommes et des femmes l’avaient déjà expérimentée ! Mais seulement 50 % en ont fait une pratique courante. Pourtant le cunnilingus est un des meilleurs moyens de faire jouir les femmes. La grosse majorité des femmes – entre 70 et 80 % – ont besoin d’une stimulation du clitoris pour connaître l’orgasme. Les youtubers de The Kloones l’ont bien compris qui il y a quelques mois diffusaient sur le net une vidéo (gag) des plus amusantes dans laquelle ils présentent Lickster, une application pour smartphone destinée à parfaire l’art du cunni : on pose sa langue sur l’écran, on pointe, on écrase, tourne à gauche, croise… Une façon amusante d’aborder le sujet ! C’est que le cunnilingus est un art qui demande de la délicatesse et des mouvements de langue variés, circulaires, verticaux, horizontaux, lents, plus rapides. Mais attention, il ne faut pas non plus changer de rythme trop vite car la montée du plaisir s’apprivoise progressivement et surtout très différemment d’une femme à l’autre.

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