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L’homosexualité féminine à travers les siècles

Selon les époques et les mentalités, l’homosexualité féminine a été perçue différemment. Panorama avec l’historienne Louise-Marie Libert qui signe «L’histoire de l’homosexualité féminine.»

Temps de lecture: 3 min

La reine d’Égypte Hatchepsout, la poétesse Sappho, la mystique allemande du Moyen-Âge Hildegarde de Bingen, les souveraines des 17 et 18e siècles, Christine de Suède et Marie-Antoinette de France, la poétesse Louise Labé, les auteures Madame de Staël, Colette, Virginia Woolf et bien d’autres femmes de l’histoire vécurent des amours saphiques, exclusives ou non. Souvent dans la discrétion, souvent sous le couvert de l’amitié. Mais comme nous le raconte l’historienne Louise-Marie Libert dans «L’histoire de l’homosexualité féminine», un ouvrage aussi agréable à lire que documenté, le lesbianisme et la bisexualité existent depuis toujours et furent perçus différemment selon les siècles et les cultures.

Les amours féminines remontent à la nuit des temps jusqu’à la préhistoire, expliquez-vous.

Absolument. Dans plusieurs grottes, on peut voir des dessins qui tendent à nous faire croire que l’homosexualité féminine existe. Sur le site de Gönnersdorf en Allemagne, on peut voir deux femmes nues enlacées, frottant leurs seins les uns contre les autres et sur le site de La Magdeleine La Plaine en 1977, un chercheur a mis en évidence une plaquette de calcaire ornée d’un groupe de 4 femmes emboîtées deux à deux et disposées face à face.

L’Antiquité est une civilisation machiste, voyant essentiellement les femmes comme des reproductrices et des mères. Comment considéra-t-elle l’homosexualité féminine?

À Sparte, elle était non seulement acceptée mais encouragée. Mais aussi non dans le monde antique, la femme est avant tout une maîtresse de maison et une mère qui permet à la civilisation de perdurer grâce aux enfants qu’elle met au monde. Mais elle accepte les jeux sexuels entre jeunes filles du même rang pour les faire patienter jusqu’au mariage. Une acceptation qui a l’avantage d’éveiller leur sensualité et de permettre aux femmes de ne pas arriver comme des oies blanches au mariage.

Au Moyen-Âge?

Après le paganisme antique, le christianisme va se mêler de la vie privée des gens et considérer le plaisir comme un péché de luxure. L’homosexualité masculine comme féminine est mise au ban. Mais cette dernière a peu de visibilité. Il n’en reste pas moins qu’elle existe comme je le raconte à travers la vie de la mystique Hildegarde de Bingen qui tomba amoureuse d’une religieuse de vingt ans sa cadette Richardis et lui écrivit des lettres enflammées.

La Renaissance n’est pas comme vous le dites une période libérée.

Bien au contraire, c’est un retour en arrière. La société est régie par un double joug, celui du droit romain et du droit canonique. Les femmes lesbiennes sont parfois considérées comme des sorcières. Si elles sont discrètes, elles ont peu de problèmes mais si elles s’habillent avec des vêtements masculins, elles sont persona non grata, parfois accusées de crimes et condamnées. Selon moi, la société ne supporte pas qu’elles prennent la place des hommes.

Sautons quelques siècles et passons au 19 e qui on le sait est puritain.

À ce moment, la sexualité devient l’affaire des médecins et des moralistes. Les lesbiennes sont considérées comme perverses et dangereuses pour les autres femmes ainsi que pour l’ordre social dominé par les hommes. Ceux-ci voient en elles des rivales.

Vous brossez les portraits de plusieurs femmes lesbiennes. Quels sont leurs points communs?

Elles sont fortes! Pour affirmer qui elles sont dans une société masculine, elles ont dû développer une grande force de caractère!

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L’histoire de l’homosexualité féminine, éd. Jourdan, 267 p., 19,90 euros.

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