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Les aphrodisiaques naturels: mythe ou réalité?

La nature offre-t-elle aux hommes des produits pouvant soutenir le désir et l’excitation ?

Temps de lecture: 4 min

Broyez quelques feuilles de paliure et de mimosa, mélangez-les avec du miel et laissez macérer pendant 4 jours. Telle serait l’une des plus anciennes recettes d’aphrodisiaque selon Jacques Diezi, spécialiste en pharmacologie de l’Université de Lausanne. Inscrite sur un papyrus égyptien il y a plus de 3.500 ans, elle atteste que depuis la nuit des temps, l’homme a voulu stimuler son désir sexuel grâce à des plantes, épices, légumes et autres substances animales.

L’Égypte songea à un macérat de paliure et mimosa ; Rome préféra, comme nous l’explique Ovide, un mélange de sarriette, graines d’ortie, camomille jaune et vin. La Grèce antique proposa une association d’oignons blancs, feuilles de roquette, œufs, miel et pignons. Et Maïmonide, le célèbre médecin et rabbin séfarade du XII e siècle conseilla quant à lui, un remède à base d’huiles de carottes et de radis, de graines de moutarde auxquelles sont ajoutées des fourmis jaune. Pour prendre un dernier exemple appartanenat à l’histoire, au XVIIe siècle, sous le règne d’Élizabeth Ier, l’Angleterre recommanda les prunes et en servait même gracieusement dans les maisons closes pour soutenir les ardeurs de ces messieurs. Et notre époque croit elle aussi au pouvoir des aphrodisiaques naturels et voit dans de très nombreux aliments des vertus érotiques, du gingembre aux asperges en passant par la cannelle, la carotte, la grenade, la banane, le curcuma, le safran, le romarin, l’oignon, le clou de girofle, la muscade, l’abricot, les amandes, le chocolat, la moutarde, le concombre, les cuisses de grenouille, la truffe, l’huître, la coriandre, la vanille, le concombre, l’artichaut, l’ail, la corne de rhino, le pénis de tigre ou de phoque… La liste est longue de ces aphrodisiaques naturels que l’on consomme sous forme d’infusions, plats ou onguents.

Mais qu’en est-il réellement? Ces produits naturels sont-ils efficaces pour réveiller le désir ? Le professeur Kurt Hostettmann docteur en chimie et professeur honoraire aux Universités de Genève souligne dans son ouvrage « Tout savoir sur les aphrodisiaques naturels » (éd. Favre) que la plupart d’entre eux ne méritent pas leur réputation. Celle-ci trouve souvent son origine notamment dans leur forme suggestive. Ainsi la corne de rhino, le pénis de tigre, la carotte ou l’asperge ne doivent leurs qualités excitantes qu’à leur ressemblance plus ou moins lointaine avec un membre viril. Pareil pour les orchidées dont la tige part dans deux bulbes souterrains. Peut-être faut-il voir dans cette croyance l’héritage du médecin suisse Paracelse qui au XVI e siècle, expliquait que les parties d’une plante ayant la forme d’un organe humain le soignent par sympathie… La science actuelle a montré qu’il se trompait. Ces produits ne soutiennent le désir que grâce au pouvoir de l’imagination. Ils stimulent plus l’imaginaire sexuel que le désir ou même l’excitation mais ils peuvent ainsi grâce à leur effet placebo aider à dépasser une peur de la relation sexuelle ou une angoisse de performance. Parfois aussi, ils peuvent aider indirectement. Le célèbre ginseng, utilisé comme aphrodisiaque en Asie depuis des millénaires, peut aider dans l’intimité car il combat la fatigue. Parfois aussi comme l’explique Bernard Germain dans « La sexualité humaine » (éd ERPI) ces produits sont des adjuvants car ils contiennent des substances bienfaisantes pour l’organisme mais uniquement si elles corrigent une carence comme le zinc contenu dans les huîtres. « Une personne dont l’apport en zinc est suffisant n’améliorera pas ses performances sexuelles en mangeant des huîtres, » écrit-il.

Mouche espagnole et écorce d’arbre africain

Néanmoins quelques très rares produits naturels ont une réelle action non sur le désir mais sur l’excitation, provoquant une érection rapide. Mais ils ne sont pas sans danger !

La cantharide appelée communément la « mouche espagnole » est un coléoptère qui réduit en poudre, provoque une forte érection en irritant le tractus urinaire lorsqu’elle est excrétée par les reins. Cette irritation accroît la circulation sanguine et induit l’érection. Mais celle-ci se transforme parfois en douloureux priapisme. Et dans cet état, on court aux urgences de l’hôpital le plus proche… Autre danger de la cantharide prise à fortes doses : des brûlures dermatologiques, irritations des yeux, lésions rénales et hémorragies internes. Rien de moins !

La yohimbine est un autre aphrodisiaque naturel. Issue de l’écorce d’un arbre africain, le Corynanthe yohimbe, et prise sous forme de thé, la molécule est un vasodilatateur efficace qui offre d’étonnantes érections. Mais mal dosée, elle aussi peut provoquer des nausées, tremblements, problèmes cardiaques ainsi que du priapisme.

La papavérine, enfin, issue du pavot, a été très utilisée dans le traitement des dysfonctionnements érectiles. Ce vasodilatateur n’est toutefois efficace qu’en injection, directement dans le corps caverneux du pénis.

Joëlle Smets

Sexologue clinicienne.

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