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Quand Kellogg mutilait les sexes

Dans son « Sanitarium » de Battle Creek aux États-Unis, le docteur Kellogg avait des méthodes radicales pour empêcher la masturbation.

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Assurément les céréales du petit-déjeuner ont un autre goût quand on sait que John Harvey Kellogg qui en 1897 les mit au point accidentellement – mais c’est une autre histoire – espérait que les flocons d’avoine calmeraient les ardeurs sexuelles de ceux et celles qui les ingéraient. C’est que l’éminent docteur et directeur du « Sanitorium » de Battle Creek dans le Michigan avait quelques problèmes avec le sexe. S’il préconisa aux patients de son centre de bien-être aussi bien une alimentation saine et végétarienne que l’exercice physique régulier, le grand air, la luminothérapie, les lavements intestinaux et l’hydrothérapie pour être en bonne santé et éviter les maladies, en ce qui concerne la sexualité, il se montra beaucoup moins raisonnable. Il recommandait à ses patients mariés de ne pas pratiquer la chose plus d’une fois par mois. Un rythme qu’il s’imposait puisque les époux Kellogg faisaient, dit-on, chambres à part. Aux jeunes gens célibataires, il recommandait l’abstinence sexuelle complète, pas de relation intime et surtout pas de masturbation !

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Pour le docteur Kellogg, l’onanisme était un véritable fléau, « un crime doublement abominable ». Comme il l’écrivit en 1877 dans « Plain Facts for Old and Young », « Faits simples pour vieux et jeunes », le « vice solitaire » pouvait engendrer « un cancer de l’utérus, des maladies urinaires, des émissions nocturnes, l’impuissance, l’épilepsie, la démence, la débilité mentale et physique » et « l’obscurcissement de la vision ». Parfois même, elle pouvait causer la mort : « Les « victimes mouraient littéralement de leurs propres mains ».

En cela il ne se différenciait guère de la plupart de ses confrères, le XIX e diabolisant complètement la pratique. Mais le docteur Kellogg alla plus loin. Il ne se contenta pas de menacer et d’effrayer mais imposa de bander les mains ou de les attacher pendant la nuit. Il fit enfermer les sexes masculins dans des cages de sa fabrication. Pire encore Harvey Kellogg pratiqua sur les jeunes garçons des circoncisions sans anesthésie aucune, espérant que la douleur ressentie les déshabituerait de la pratique jugée aussi amorale que dangereuse pour la santé. Toujours dans « Plain Facts for Old and Young », il précisa « L’opération devrait être effectuée par un chirurgien sans anesthésie, car la brève souffrance qu’en ressentira l’enfant aura un effet salutaire sur son esprit, en particulier si elle est reliée à l’idée de punition, ce qui pourrait bien être le cas parfois. La douleur qui se prolonge pendant plusieurs semaines interrompt la pratique, et, si elle n’a pas été trop profondément enracinée auparavant, elle peut alors être oubliée pour ne jamais revenir. » Outre la circoncision, il pouvait aussi imposer de coudre le prépuce ou d’envoyer des chocs électriques dans les parties génitales…

Vis-à-vis des jeunes femmes, il ne se montra pas plus tendre puisqu’il recommanda l’application d’acide phénolique pur sur le clitoris car c’était pour lui « un excellent moyen de calmer l’excitation anormale ».

Des méthodes qui font frémir… Nul ne sait combien de personnes subirent de tels traitements mais au vu des longues responsabilités qu’assuma le docteur et de l’importance des « Sanitarium » de Battle Creek, on peut craindre le pire. Harvey Kellogg dirigea toute sa vie des centres de santé importants : d’abord pendant 30 ans, de 1876 à 1906 le premier Sanitarium qui au sommet de sa renommée pouvait accueillir plus de 1.250 patients ensuite pendant près de 30 ans, de 1906 à 1931, il dirigea le deuxième Sanitorium qui lui pouvait recevoir 7.000 personnes.

Joëlle Smets.

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