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Louis XVI, roi et impuissant sexuel

Le dernier roi de France mit 7 ans avant de pouvoir honorer sa femme Marie-Antoinette, comme nous le raconte Marc Fourny dans « Versailles Confidentiel – Amours et intrigues à la cour du roi de France ».

Temps de lecture: 6 min

Leur nuit de noces fut calme et sage. Louis XVI s’assoupit aux côtés de sa jeune épouse Marie-Antoinette sans l’honorer. Les soirées suivantes furent pareilles même si quelques pénétrations furent tentées. Le jeune roi de France mit sept ans avant d’accomplir son devoir conjugal et surtout royal car il lui fallait donner un héritier à son royaume. Cet épisode intime est évoqué dans les derniers chapitres de « Versailles Confidentiel » de Marc Fourny. Interview de l’auteur, chroniqueur dans l’émission Sous les jupons de l’histoire.

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Le roi Louis XVI était-il physiquement impuissant ? On a parlé souvent d’un phimosis rendant la pénétration douloureuse.

« Plusieurs médecins ont été invités à observer l’anatomie royale et tous ont conclu que le roi souffrait d’une légère malformation sexuelle mais qu’elle ne nécessitait pas d’intervention chirurgicale. Celle-ci pouvait être dépassée progressivement lors des premières relations sexuelles. Le roi Louis XV examina lui-même le sexe de son petit-fils qui lui avait confié qu’il essayait de déflorer la dauphine mais qu’il était arrêté par des sensations douloureuses. Louis XV expliqua alors à son petit-fils qu’il avait comme beaucoup de jeunes, une légère malformation du frein du prépuce qui peut disparaître naturellement. »

Vous parlez d’autres problèmes, plus psychologiques qui empêchent Louis XVI de remplir son devoir conjugal.

« Les époux étaient très jeunes, toujours adolescents, – il a 15 ans et elle 14 – quand ils se sont mariés. Ils étaient aussi très différents, tant au niveau physique que psychologique. Louis XVI était très grand, mesurant près de 2 mètres, maladroit, brusque, timide, très croyant. Il aimait la chasse, la menuiserie, l’horlogerie, la cartographie, la géographie. Elle était menue et adorait les plaisirs de la vie. Tous les deux ignoraient les choses de l’amour. »

Finalement le mariage fut consommé en 1777, quelques mois après la visite du frère de Marie-Antoinette, Joseph II.

« Joseph II fut envoyé par l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse, la mère de Marie-Antoinette, qui s’inquiétait de la non-consommation du mariage. Par une lettre, on sait que le prince autrichien se rapprocha du jeune couple. Il y décrivit à son frère le problème du roi de France : « Dans son lit conjugal, il a des érections fort bien conditionnées, il introduit le membre, reste là sans se remuer deux minutes peut-être, se retire sans jamais décharger, toujours bandant, et souhaite le bonsoir. Cela ne se comprend pas, car avec cela il a parfois des pollutions nocturnes, mais en place ni en faisant l’œuvre jamais. Et il est content, disant tout bonnement qu’il ne faisait cela que par devoir et qu’il n’y avait aucun goût. Ah, si j’aurais (sic) pu être présent une fois, je l’aurais bien arrangé ! Il faudrait le fouetter pour le faire décharger de colère comme les ânes. Ma sœur avec cela a peu de tempérament et ils font deux francs maladroits ensemble ». Trois mois après sa visite, fin août 1777, le mariage fut enfin consommé et Marie-Antoinette écrivit à sa mère « Je suis dans le bonheur le plus essentiel pour toute ma vie. »

Ces difficultés intimes du couple royal avaient déchaîné les critiques populaires.

« Absolument, la non-consommation du mariage était une affaire d’état et la presse devenue de plus en plus puissante depuis le règne de Louis XV vendait des pamphlets se moquant de Marie-Antoinette qui fuyait ses problèmes en faisant la fête. »

Les problèmes d’impuissance de Louis XVI ne font que quelques pages dans votre ouvrage « Versailles Confidentiel » qui s’attache aux amours de trois rois de France, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Vous nous racontez combien les vies royales intimes étaient politiques et publiques. Le roi incarnant le pouvoir absolu, sa vie privée était une affaire que tous devaient connaître. Les nobles du palais de Versailles se chargeaient de tout savoir sur l’intimité des rois, aidés en cela par les domestiques.

« C’est exact. Le roi de France ne s’appartenait pas ; il appartenait au Royaume et il était surveillé en permanence par la cour qui assistait à tous ses faits et gestes. Même l’accouchement était public. C’était un véritable spectacle. Pour celui du premier enfant de Marie-Antoinette, ce fut l’émeute tant il y avait de monde. Certains montèrent même sur des tabourets pour mieux assister à la scène. Tout le monde attendait les naissances, et surtout celle d’un garçon qui assurait la pérennité et la pacification au royaume. L’intimité du roi était connue de tous à Versailles. Les ministres cherchaient à tout savoir par les laquais qu’ils n’hésitaient pas à payer. Ces mêmes politiques ne se gênaient pas d’ailleurs pour faire courir des pamphlets politiques s’ils n’appréciaient pas tel ou tel comportement royal. »

Les pamphlets fleurirent surtout à partir du règne de Louis XV.

« Louis XIV avait instauré un pouvoir très fort et ce ne fut qu’à partir de Louis XV que les pamphlets circulèrent en nombre. Quand ce roi s’enticha d’une jeune femme issue de la haute bourgeoisie – la future Madame de Pompadour-, ce fut un tel scandale que des pamphlets circulèrent pendant dix ans. Ceux-ci appelées « poissonnades » – la marquise de Pompadour est née sous le nom de famille de Poisson – étaient très agressifs : on disait que « la morue sentait le hareng » ! Des gravures pornographiques mettant en scène les ébats royaux circulaient aussi, imprimées en Angleterre. Elles permettaient de faire chanter le roi qui payait parfois pour faire arrêter leur diffusion. Mais il arriva également que la police revende ses pamphlets et dessins, surtout sous le règne de Louis XV. »

Louis XIV ne fut pas l’objet de pamphlets mais il choqua la cour entière quand il s’afficha avec trois femmes.

« Louis XIV avait une police puissante. Il était un roi absolu craint et respecté mais à la fin de son règne, il subit néanmoins quelques pamphlets. Pourtant à cette époque, il était calmé et rangé. Il n’avait plus de multiples maîtresses. Et quand la reine mourut, il se maria en secret avec Madame de Maintenon qui se mit en tête de faire du roi un homme dévot. On était loin des années où il se promenait dans son carrosse avec trois femmes. Jeune, Louis XIV n’était pas fidèle – il est vrai que son épouse, une femme plutôt terne ne lui convenait pas du tout et il sautait alors sur tout ce qui bouge. Louis XIV fut d’abord un roi priapique. »

C’est l’inverse avec Louis XV.

« Louis XV fut d’abord un roi fidèle avant de se déchaîner à 40 ans. Il termina dans les bras d’une prostituée de luxe, surnommée « la plus grande sauteuse de Paris » car on disait qu’elle avait sauté du quartier du Pont-Neuf à Versailles ! Jeanne Bécu qui était connue sous le nom de Madame du Barry était soupçonnée d’avoir travaillé pour une mère maquerelle ayant un bordel de luxe. Belle et non conventionnelle, elle envoûta le roi. Alors que les filles de la bonne société étaient plutôt sages au lit, la comtesse du Barry savait y faire ; elle se parfumait dit-on le sexe, utilisait des pilules miracle et avait des manières sans tabou qui devaient réveiller les ardeurs d’un vieux roi. Mais l’attachement de Louis XV pour la comtesse du Barry scandalisa car le roi se devait de donner l’exemple par un comportement très moral. »

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Versailles Confidentiel, est édité à la librairie Vuibert, 284 p., 19,90 euros.

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