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Italie : un décret «anti-Netflix» pour protéger les films italiens

Les films italiens devront d’abord sortir dans les salles de cinéma avant leur diffusion sur des plateformes de vidéo à la demande.

Temps de lecture: 3 min

Le gouvernement italien vient d’annoncer son intention d’imposer un délai variable entre la sortie des films au cinéma et leur diffusion sur les plateformes de vidéo à la demande comme Netflix, afin de protéger l’industrie cinématographique transalpine.

Le sujet avait fait polémique en Italie en septembre lors de la derrière Mostra de Venise, où plusieurs des films en compétition étaient produits par les géants américains du streaming, comme Netflix et Amazon, et donc susceptibles de sortir simultanément sur internet et dans les salles obscures, voire exclusivement en ligne.

Les organisations professionnelles de l’industrie cinématographique ont lancé un appel au ministre italien de la Culture, Alberto Bonisoli, pour assurer un juste délai entre la sortie des films en salles et leur disponibilité en ligne, à l’image de ce que prévoit la législation française, la plus stricte au monde avec un délai légal de 36 mois entre les deux modes de diffusion.

Un décret illusoire  ?

Le ministre issu du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) les a entendus: il a annoncé cette semaine la signature prochaine d’un décret, déjà qualifié d’« anti-Netflix », prévoyant qu’un film italien devra d’abord passer par les salles avant d’être proposé sur une plateforme.

La mesure rend obligatoire le délai actuel de 105 jours, qui n’était jusqu’à présent qu’un usage, mais en y ajoutant un peu de souplesse: ainsi, le délai sera ramené à 60 jours pour les films faiblement distribués (moins de 80 copies) et qui n’ont pas décollé en salle (moins de 50.000 spectateurs les trois premières semaines d’exploitation).

« Avec ce décret, nous poussons certains films à aller directement, ou de façon plus rapide, vers un mode d’exploitation plus facile », a déclaré mercredi le ministre de la Culture. Dans le même temps, « il est important de protéger les salles qui pour fonctionner ont besoin de films capables de leur assurer des rentrées d’argent ».

Les professionnels transalpins se sont aussitôt félicités de ce nouveau texte.

La mesure a le mérite de les prémunir contre « la concurrence déloyale (des plateformes internet), qui risquaient de créer un court-circuit dangereux et préjudiciable », a déclaré dans le quotidien Il Messaggero Carlo Fontana, président de l’Association générale italienne du spectacle (Agis).

« Les géants du streaming comme Netflix réalisent d’énormes chiffres d’affaires en Italie sans créer un seul emploi alors que leur politique est loin d’être transparente », a relevé pour sa part Francesco Rutelli, l’ancien maire de Rome qui préside l’Association nationale des industries cinématographiques et audiovisuelles (Anica). Même s’il considère que « barrer la route à Netflix et aux autres plateformes, destinées à se multiplier, est aussi illusoire qu’inutile ».

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