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Livre: quand la chimie devient amusante

Compliquée à saisir, la chimie est souvent un casse-tête pour beaucoup. Mais elle peut aussi se révéler insolite, voire abracadabrante ! Découverte du recueil « Petites histoires caustiques de la chimie » de Xavier Chillier.

Journaliste Temps de lecture: 3 min

La chimie peut-elle être plaisante, voire surprenante ? Oui, répond Xavier Chillier dans son recueil de « Petites histoires caustiques de la chimie ». Pour beaucoup, elle est synonyme de mauvaises notes à l’école et de cours redouté. Elle partage cette réputation avec la physique où seuls les esprits scientifiques trouvent leur bonheur. Mais que serait le monde sans ces deux pôles majeurs ? Chimiste, enseignant, chercheur aux États-Unis et en Europe, l’auteur l’envisage tout autrement : aux formules savantes, parfois rébarbatives, il préfère l’anecdote, la bonne histoire, l’info inattendue. Xavier Chillier a établi son abécédaire. Pendant que la physique fondamentale s’occupait de redéfinir le kilo (moins sujet aux aléas du temps qui passe, moins variable, lire ci-contre), lui picorait dans des histoires véridiques réunies dans ce qu’il présente comme « un essai humoristique ».

Z comme zébrures du zèbre

De A comme ADN à Z comme les zébrures du zèbre, il jette des ponts entre la chimie et la société à travers les arts, la culture, la littérature, l’Histoire. Comment la chimie peut-elle jouer un rôle dans tous ces domaines ? Elle n’est donc pas le domaine réservé de savants fous dans leur drôle de labo, avides d’expériences seulement assimilables par leurs proches. Les molécules aiment-elles la musique ? Quel est le rapport entre Picasso, Manet, Degas ou le fameux bleu de Klein et la chimie ? Le zèbre, avec son curieux pyjama, est-il vraiment spécial ou la chimie entre-t-elle vraiment dans son look et si oui, comment ? On est loin des cours ex cathedra, surtout quand il aborde la cuisine moléculaire, lancée en Catalogne par Ferran Adrià dans son restaurant « El Bulli » et brillamment reprise chez nous par le chef Sang Hoon Degeimbre dans son restaurant « L’Air du temps » à Liernu, gratifié de deux étoiles au « Michelin » et d’un 19/20 au « Gault & Millau » 2018. Voilà de la chimie qui titille les papilles !

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Un drôle de zèbre cet animal !

Intrigués par les rayures du zèbre, nous nous sommes donc penchés sur la dernière lettre épluchée par Xavier Chillier. L’animal ressemble à une incongruité dans la nature. C’est ce qui le rend attirant et unique. Citons l’auteur : « Alan Turing, le célèbre déchiffreur du code d’Enigma, reconnu comme le père de l’informatique, a formulé l’hypothèse suivante : la diffusion du produit d’une réaction chimique dans les couches cutanées pourrait être responsable des dessins du pelage des animaux. Les taches de la girafe ou du léopard, les rayures du zèbre, les zébrures du tigre ou du poisson-chat apparaissent comme dessinées par la main d’un artiste invisible. » Les rayures du zèbre feraient donc partie d’une grande chaîne de réactions chimiques, pas faciles à saisir, mais qu’on peut reproduire dans des éprouvettes.

Le mérite de ce petit ouvrage décomplexé se tient là : la chimie tant redoutée est partout, elle fait partie de la vie. Elle peut produire le pire comme le meilleur. Elle joue même sur les couleurs. La preuve, revenons-en à Yves Klein et son bleu déposé, à base de lapis-lazuli : « Il fut synthétisé pour la première fois en 1868 par le chimiste Guimet », rappelle l’auteur, avant de connaître un succès international. La chimie intervient décidément partout, y compris dans les rapports humains basés sur l’attraction physique. Ne parle-t-on pas alors... d’alchimie ?

« Petites histoires caustiques de la chimie », par Xavier Chillier, 232 p., éd. Jourdan, 19,90 €.

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