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Jean de La Fontaine, grand libertin

De son vivant, le poète français est plus connu pour ses contes licencieux que ses fables animalières.

Temps de lecture: 5 min

Maître Corbeau, sur un arbre perché,

Tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l’odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage…

Qui n’a pas appris les fables de la Fontaine et récité « Le corbeau et le renard », « La cigale et la fourmi » ou « Pérette et le pot au lait » qui s’en va vendre son lait « légère et court vêtue ». Jean de La Fontaine est entré dans l’histoire de la littérature pour ces fables animalières si morales. Pourtant de son vivant, l’homme fut davantage connu pour ses contes libertins, ses « galipettes » légères. La Fontaine écrivit des dizaines d’histoire où les femmes sont infidèles, les époux cocus, les vierges avides de corps, les voisines trop curieuses, les nonnes voilées et délurées, les religieux généreux donnant l’esprit aux filles en les baisant. Tout simplement !

Le poète français né en 1621 et mort en 1695 célébra les amours multiples, battit en brèche la fidélité, présenta l’amour comme une hypocrisie et le mariage comme l’incarnation de l’ennui. Et il le fit avec des mots élégants, ne décrivant jamais la chose et rarement les corps et leurs embrasements. Pas d’obscénités, ni de verbes crus dans ses contes licencieux même si parfois une main se pose sur un « téton ». Au-delà du libertinage, La Fontaine manifesta comme l’écrit Louis Van Delft dans la préface des « Contes libertins » (édition Librio), une « belle hostilité à toute forme de pouvoir qui sous les grands mots de vertu, péché, damnation héberge une indomptable libido dominandi. »

Ces écrits trahissent le libertin, l’homme de plaisirs que fut Jean de La Fontaine. Le poète ne cacha jamais ce penchant et aimait à annoncer aux femmes qu’il rencontrait et convoitait que jamais il ne s’attachait et qu’elles ne pouvaient rien attendre de lui.

« Même beauté, tant soit exquise,

Rassasie et soule à la fin.

Il me faut d’un et d’autre pain ;

Diversité c’est ma devise »

, écrivit-il dans son conte « Pâté d’anguille ». Le fils du Maître des Eaux et des Forêts de Château-Thierry dans la Vallée de la Marne, courut les filles. Toujours. Souvent. Partout, à Château-Thierry où il grandit comme à Paris où il s’installa. Jean de La Fontaine aimait surtout les filles du peuple, les « jeannetons », les plébéiennes et les filles des bordels qu’il fréquenta avec assiduité jusqu’à la fin de sa vie.

Les grandes dames et femmes de lettres qu’il croisait dans les salons de la haute société parisienne, les Scudéry, La Fayette, Sévigné, La Sablière, et autres aristocrates, il ne les allongeait pas dans son lit mais leur offrait ses contes licencieux, les possédant ainsi par l’imaginaire. La Fontaine fut un tombeur revendiqué et lettré. Il aimait aller de fille en fille sans s’attacher, ni tomber amoureux. On ne lui connaît que de rares maîtresses avec lesquelles il se lia. Comme l’explique Imam Bassalah dans « La Vie sexuelle des écrivains » (éd. Nouveau monde), il y eut Claudine, la fille d’un tailleur de pierre, une femme du peuple qui se prétendait poétesse alors que ses vers étaient écrits par son vieil époux, le poète Colletet. Il y eut aussi Madame Ulrich, la tenancière d’un tripot bordel qu’il fréquentait à la fin de sa vie. Elle publiera d’ailleurs à ses frais ses « Œuvres posthumes ».

Le poète s’attacha rarement, pas même à sa femme, Marie Héricart qu’il épousait à 27 ans à la demande de son père. Il la trouvait ennuyeuse quand d’autres louaient sa beauté et son intelligence. Elle l’aima, malgré sa froideur et ses tromperies nombreuses, ayant même le malheur de découvrir une infidélité dans la maison conjugale avec une femme qui de surcroît était abbesse. Indélicatesse du poète qui dans ses lettres, n’hésitait pas à lui parler des jolies femmes qu’il croisait et des belles bohémiennes aux épaules nues qu’il aimait regarder danser. De quoi attiser le tempérament jaloux de Madame La Fontaine qui dut encore accepter de voir son époux dilapider sa dot en beaux vêtements et perruques bouclées. L’homme aimait dépenser mais n’avait point d’argent. Il vécut financé par ses protectrices et mécènes quand ce ne fut pas ses maîtresses. Cela lui vaudra d’être surnommé « le parasite » par ses amis et de « gras pique-assiette » par ses ennemis.

Des opposants, La Fontaine en eut car sa plume libertine ne plut pas à tout le monde ; son condisciple Furetière qualifia ses écrits de « saletés » et d’« ordures » et le poète verra ses contes condamnés et interdits sur une ordonnance de police de 1675. Pourtant nombre de Français adoraient ses écrits licencieux comme Madame de Sévigné qui les qualifia de chefs-d’œuvre même si elle reconnut que parfois ils étaient trop « gaillards ». Mais Louis XIV devenu sur le tard un très pieux souverain n’aimait pas ses histoires grivoises et les fit condamner. Pour être accepté à l’Académie française, La Fontaine promit alors de ne plus rien commettre de la sorte mais dès son élection en 1684, il reprit de plus belle leur écriture. L’homme ne renonça à ses démons libertins qu’à la fin de sa vie et sous l’influence du jeune abbé Pouget qui venait régulièrement le voir dans son lit de malade. Publiquement, La Fontaine finit par abdiquer et qualifia ses contes d’« infâmes »…

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