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Corps à corps sans souffrance

Comment être épanouie dans sa sexualité quand on souffre d’endométriose et que la pénétration engendre des fortes douleurs ? Focus sur l’ouvrage « Endo & Sexo » signé Rose-Marie Galès.

Journaliste Temps de lecture: 6 min

Des sensations pareilles à celles de coups de poignards, des décharges électriques dans le ventre pendant et après les rapports sexuels, des nausées : faire l’amour quand on souffre d’endométriose peut être un enfer et virer au calvaire. Pas moins de 59 % des femmes ayant ce problème de santé qui touche pas moins de 10 % de la population féminine en âge de procréer, vivent de fortes douleurs pendant les rapports sexuels.

Fortes douleurs lors de la pénétration

Mais cette souffrance est méconnue comme la maladie elle–même d’ailleurs. Trop longtemps les médecins ont négligé les plaintes de leurs patientes. Celles-ci étaient considérées comme trop sensibles et trop émotionnelles. Les douleurs se passaient pour les médecins dans la tête ; ne dit-on pas depuis des millénaires que les femmes ne peuvent dissocier sexe et émotions ? Heureusement, l’endométriose commence à sortir de l’ombre.

Si la maladie a été longtemps taboue, passée sous silence quand elle ne fut pas associée à de l’hystérie, elle est depuis quelques décennies identifiée et mieux connue. Elle reste néanmoins souvent ignorée par bien des femmes quand ce ne sont pas des médecins. Difficile dès lors de bien la combattre. Et en ce qui concerne sa dimension intime, la lutte est plus délicate encore car peu d’ouvrages existent en français. « Endo&Sexo » sous-titré « On veut s’envoyer en l’air… sans que ce soit galère » n’en est que plus important. Marie-Rose Galès y donne mille et un conseils pour que les femmes souffrant d’endométriose puissent vivre leur sexualité avec bonheur et plaisir. L’auteure sait de quoi elle parle puisqu’elle souffre de ce mal et a cherché à le vivre plus sereinement en se documentant sur le sujet. En 2016, elle créait le blog à succès « Endométriose mon amour » où elle aborde la maladie avec humour, tout en partageant des astuces « bien-être » et des informations scientifiques. La juriste donne aussi des conférences sur le sujet tant elle le juge essentiel.

Un dysfonctionnement de l’endomètre, le tissu tapissant l’utérus

Mais avant de présenter quelques conseils de Marie-Rose Galès, petite explication de ce qu’est l’endométriose ?

L’endométriose est une maladie gynécologique liée à un dysfonctionnement de l’« endomètre » qui n’est autre que le tissu tapissant l’utérus. Chez toutes les femmes, celui-ci s’épaissit au cours du cycle sous l’effet des hormones en vue d’une éventuelle grossesse, avant de se désagréger et de saigner s’il n’y a pas eu fécondation. Ce sont les règles. Mais chez les femmes qui souffrent d’endométriose, des cellules de l’endomètre se développent en dehors de leur emplacement normal qu’est l’utérus et migrent dans la cavité pelvienne. Cette colonisation a principalement lieu sur les organes génitaux et le péritoine mais elle peut fréquemment s’étendre aux appareils urinaires, digestif et plus rarement pulmonaire. En fait, le développement peut se faire dans toutes les parties du corps. Ainsi, d’une femme atteinte à l’autre, l’endométriose se développe de façon très différente.

L’endométriose rend les rapports sexuels douloureux. Marie-Rose Galès nous explique comment dépasser ses douleurs. Elle donne mille conseils aussi pratiques que psychologiques et relationnels. Ils sont nombreux car il n’y a pas une recette magique unique, pas une méthode infaillible qui convient à toutes les femmes.

Chouchouter son périnée

On épingle ici les exercices pour bien maîtriser le périnée qui est cette sangle musculaire accrochée au petit bassin et qui soutient les organes présents dans l’abdomen.« Ces muscles peuvent être impactés par l’endométriose car la douleur entraîne parfois des contractures involontaires. (…) Ces contractures musculaires vont être douloureuses au quotidien et/ou lors des rapports, soit lors de la pénétration, soit lors des mouvements spasmodiques déclenchés par l’orgasme », explique l’auteure d’« Endo&Sexo »

Pour maîtriser cet ensemble de muscles, il faut faire des exercices : contracter les muscles autour du vagin et de l’anus sans contracter les abdominaux. On ressent alors le muscle qui rentre et remonte à l’intérieur du corps. Puis les relâcher doucement. Il faut observer les sensations engendrées et faire si possible l’exercice un soir sur deux.

Ces exercices, Marie-Rose Galès les pousse plus loin et recommande d’apprendre progressivement à se focaliser sur certaines zones du périnée pour pouvoir contracter les muscles autour de l’anus puis ceux autour du vagin. Autant d’entraînements qui permettent alors de contrôler le périnée et surtout pouvoir le décontracter lors des douleurs liées à l’endométriose.

La respiration de la fleur de lotus

Il faut également faire au quotidien des exercices de respiration : inspirer longuement en veillant bien à cette inspiration fait gonfler le ventre (le diaphragme et plancher pelvien descendent alors). Lors de l’expiration, le ventre se dégonfle (le diaphragme et le plancher pelvien remontent).

Ensuite Marie-Rose Galès recommande de combiner les exercices de contractions musculaires et de respiration. C’est l’exercice de la respiration de la fleur de lotus que la jeune femme emprunte à l’ouvrage du Dr Shatki « L’éveil de la femme à la sexualité tantrique ». Il faut imaginer sa vulve comme une fleur de lotus et à chaque inspiration, visualiser les pétales de fleur s’ouvrant et les muscles se décontractant. Lorsque vous expirez, vous devez sentir les pétales se refermer et les muscles du périnée se contracter.

Ces exercices doivent être faits lentement et peuvent progressivement être associés à des mouvements de bascule du bassin. Vous bougez le bassin au rythme de la respiration et ne craignez pas lors de l’expiration d’exprimer des aaah.

Une pénétration peu profonde

Pour ne pas souffrir lors des relations sexuelles et éviter que la pénétration ne soit pas une succession de coups de poignard dans le bas-ventre, il faut également privilégier les positions dans lesquelles la pénétration n’est pas trop profonde – le pénis appuyant alors sur les lésions. Marie-Rose Galès en explique 3-4 , dessins à l’appui. Mais on note ici seulement que la position de l’« amazone » qui voit la femme assise sur l’homme allongé sur le dos, a l’avantage de sécuriser la femme car elle peut contrôler la profondeur et l’angle de la pénétration.

On évite les à-coups secs et forts pour privilégier les mouvements fluides en vague. Et surtout on pense à élargir sa vision de la relation sexuelle qui ne doit pas se limiter à la sacro-sainte pénétration mais englober des jeux érotiques et caresses sensuelles.

Ainsi « Endo&Sexo » est un livre précieux pour toutes celles, si nombreuses, qui souffrent d’endométriose ou de douleurs au moment de la pénétration. En fin d’ouvrage, par une vingtaine de questions, l’auteure permet à chaque lectrice de se constituer son propre programme.

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Endo&Sexo est paru aux éditions Josette Lyon, 166 p., 16 euros.

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