Annie Cordy: elle cultivait ses racines belges
Annie Cordy n’a jamais renié ses racines belges.
Même si elle portait une double casquette, jamais elle ne bouda Bruxelles, un ancrage joliment résumé par ces mots : « Il y a en moi deux sœurs jumelles. Annie Bruxelles et Annie Paris. Au fond d’mon cœur, c’est ce que je suis. Ma maison crânait près du palais du Roi. Et papa trônait parmi les copeaux de bois. La fête des frites. Le tram 18. Qui m’emmenait place de Brouckère. Ma vie chantait. Et je me disais : “Accroche-toi bien Nini-la-chance”. Et cette chance fait que je suis Annie Bruxelles, Annie Paris ». Une double appartenance bienheureuse. Côté belge, ses parents – des gens simples, Jan son père menuisier, Maria, sa mère épicière, illettrée, orpheline, aînée de sept enfants – un quartier où le français donne la patte au flamand en se charriant, dans cet avant-guerre en sépia. Elle connaîtra le conflit majeur encore gamine, quand il faut ruser avec l’occupant, quand on subsiste grâce au marché noir.