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Annie Cordy: son dernier film

Exclusif. Nous avons vu « Annie », le documentaire de Cyrille Gallais tourné chez elle, avec ses confidences. Emotion et pudeur réunies. À voir ce soir sur la Une.

Journaliste Temps de lecture: 3 min

C’est un des adieux les plus justes et les plus émouvants, un documentaire de 52 minutes mais qui a en fait pris plusieurs mois de tournage : Annie Cordy à la maison, acceptant de dialoguer avec le réalisateur pour ce portrait intime. Cyrille Gallais a eu accès à son quotidien. Annie dans son intérieur blanc cossu, avec ses petits éléphants, ses souvenirs, sa piscine en haricot et son balcon sur la Méditerranée. Cet adieu emprunte la première personne du narrateur. Il est sobre, mesuré, affectueux. C’est le récit d’un enfant béat d’admiration, devenu adulte, à qui l’artiste a ouvert ses portes. Un projet que les chaînes rechignaient à financer lors de son lancement et dont « Soir mag » vous avait parlé pour favoriser sa mise en œuvre. Il la filme de face, en plan serré, avec juste un trait de rouge à lèvres (elle restait coquette), sans fard.

Dans sa maison de Vallauris.
Dans sa maison de Vallauris. - Prod

Annie Cordy, sorte de Mary Poppins, « entre Shirley McLaine et Buster Keaton veut « donner de la joie ». Annie en Pierrot, en Charlot devant le rideau rouge, en coulisses, sur scène, le sourire qui illumine, « de toutes les fêtes », dixit Michel Drucker, mais surtout elle-même dans son salon, son cadre de vie, la « Villa Dolly » à Vallauris. Les bras grands ouverts, le cœur sur la main, elle lance « Ma vie est une comédie musicale ». Trop modeste pour sa carrière de 70 ans. Et ajoute « J’aime beaucoup mon métier », comme si nous n’en étions pas pleinement convaincus. Annie n’a pas chanté que « des bêtisettes » comme elle dit. Elle a croisé Bourvil, Aznavour, Michel Blanc, Hervé Vilard qui témoignent tous deux. Elle connaît son métier sur le bout des doigts. « J’ai toujours peur de décevoir et pourtant je travaille. Et le travail, je sais ce que c’est ».

Elle a passé les dernières années sur les hauteurs de Cannes, avec sa nièce Mimi, qui l’accompagnait partout depuis la mort de Bruno, qu’elle appelait « Mon château fort ». Elle nous ouvre son vestiaire, encombré de chapeaux rigolos, de colliers, de déguisements, avec un nez rouge et des chaussures de clown. « Annie, un clown et un diamant », pour Mimi. Son plaisir : sillonner la Croisette en voiture avec ses deux caniches blancs à la fenêtre. Elle disputait des parties de Scrabble. Des images privées nous sont offertes, de son 90e anniversaire, avec Virginie Hocq et les Taloche. « Je suis une femme à ressorts mais j’ai des sentiments », précise celle qui ne voyait pas l’utilité d’écrire ses mémoires. « Je suis de passage… ». Elle allait vers les autres, la bonne humeur à la boutonnière. « Je crois que je suis une solitaire, vraiment ». Et de préciser, sur son profil d’actrice, « J’aime jouer des rôles sobres, vrais, profonds ». Comme dans « Rue Haute ».

Avec le réalisateur Cyrille Gallais.
Avec le réalisateur Cyrille Gallais. - Prod

Dernière séquence à l’Ommegang, en costume d’époque. « Un coup de pouce du destin m’a éloignée de ma Belgique mais où que j’aille, Bruxelles est dans mon cœur. C’est ici que sont mes racines, ma base, mon socle ». Et le public de la Grand-Place d’applaudir ce serment de fidélité. Deux, trois regards encore qui nous la font regretter, Annie qu’on enterre demain, si touchante. Elle mérite ce salut tout en finesse. Elle réussit sa sortie.

Ce soir, à 20h50, sur la Une, après « C’est du belge ».

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