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La BBC interdite en Chine après un reportage sur les Ouïghours (vidéo)

Pékin estime que BBC World News est coupable d’avoir diffusé des « contenus en violation de la loi ». Une décision qui aura un impact limité mais qui provoque la fureur de Londres.

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Depuis ce jeudi, il n’est définitivement plus possible de regarder BBC World News en Chine. L’autorité de régulation de l’audiovisuel du pays a édicté que la chaîne avait « sérieusement » enfreint les directives chinoises. En cause : un reportage qui montre des témoignages attestant de tortures, viols et stérilisations forcées de femmes ouïghoures, une population musulmane de la province du Xinjiang, à l’ouest de la Chine. Une décision de Pékin qui s’inscrit dans un cadre plus large de limitation de la liberté de presse et de tensions internationales.

Des témoignages glaçants

Dans un communiqué, l’autorité estime que « les informations doivent être véridiques et justes » et « ne [doivent pas porter] préjudice aux intérêts nationaux de la Chine ». Elle conteste ainsi les témoignages récoltés par la chaîne et « n’autorise pas à la BBC à continuer d’émettre en Chine ». En réalité, cette décision a plus une valeur symbolique qu’autre chose puisque les Chinois ne pouvaient déjà pas voir BBC World News chez eux. Seuls les hôtels internationaux avaient ce privilège qui appartient aujourd’hui au passé.

Dans le reportage en question, on peut voir deux femmes ouïghoures raconter la torture dans les dits « camps de rééducation » chinois. Une enquête qui avait provoqué de vives réactions au sein des gouvernements britannique, américain et australien. La BBC rapporte ainsi des allégations de viols, d’abus sexuels, de torture avec des bâtons électrifiés… Une femme dit avoir été battue jusqu’à avoir tout son corps tuméfié. Un employé d’un de ces camps explique aussi comment ces détenues sont endoctrinées avec des livres de propagande en chinois qu’elles doivent apprendre par cœur sous peine d’être punies. Le gouvernement de Pékin n’a pas voulu répondre directement à ces accusations. Selon sa version, il est juste question de « rééduquer » des personnes pour les éloigner de l’extrémisme religieux. En réalité, la Chine serait coupable de vouloir mater toute volonté d’indépendance du Xinjiang et de détruire complètement la culture des Ouïghours.

Après la censure de Pékin, la BBC a dit regretter cette décision, même si elle ne se dit pas étonnée, insistant sur son traitement de l’actualité « de manière honnête, impartiale et sans crainte ni faveur ». « La Chine a des restrictions parmi les plus strictes du monde concernant la liberté des médias et d’Internet, et cette dernière mesure ne fera qu’endommager la réputation de la Chine aux yeux du monde », a réagi le ministre des affaires étrangères britannique, Dominic Raab.

Cet épisode intervient alors que les Ouïghours installés à l’étranger s’organisent de plus en plus pour récolter les témoignages, par exemple via un « tribunal populaire » constitué à la demande de Dolkun Isa, président du congrès mondial ouïghour, et présidé par Geoffrey Nice, ancien procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. Cela a aussi lieu alors que les tensions sont fortes autour de la montée de l’autoritarisme à Hong-Kong. Londres vient d’ailleurs d’accorder des droits privilégiés à des ressortissants de son ancienne colonie pour émigrer sur son territoire. Une mesure qui n’est peut-être pas étrangère à la riposte de Pékin.

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