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Instagram inondé de carrés bleus pour défier la Chine

Pour sensibiliser au sort des Ouïghours, discriminés voire torturés par le régime chinois, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann a lancé cette idée sur le réseau social, avec succès.

Temps de lecture: 3 min

Peut-être l’avez-vous vu vous-même. Depuis hier, les profils sur Instagram se parent de carrés bleus ciel. Même les autres réseaux sociaux comme Twitter commencent à suivre le mouvement lancé par Raphaël Glucksmann, eurodéputé français de centre-gauche. Le but : soutenir les Ouïghours, un peuple turcophone de la province chinoise du Xinjiang et de plus en plus opprimé par Pékin, y compris en les plaçant dans des camps d’internement. Le pouvoir chinois nie les faits, malgré la multiplication des preuves. Alors pour faire pression, Raphaël Glucksmann a décidé de frapper un grand coup.

Des carrés pour faire plier Pékin

Si l’eurodéputé a décidé de lancer ce mouvement le 1er octobre, ce n’est pas un hasard. Il s’agit en effet de l’anniversaire de la République populaire de Chine. Une façon de faire un pied de nez à Pékin. « Faisons de la fête nationale chinoise un jour de mobilisation mondiale pour les Ouïghours. […] Nous allons rendre visibles les millions de Ouïghours parqués dans les camps de concentration. Tous les jours. Partout. Voici notre plan de bataille », écrit Raphaël Glucksmann qui incite à adopter le carré bleu (qui est la couleur des Ouïghours et de leur région, le Turkestan oriental) et à partager. « Ne rien faire, c’est être indifférent », note-il.

Depuis hier, cette publication a été aimée près d’un million de fois sur Instagram. Avec cette mobilisation de masse, l’objectif est notamment de faire pression sur les entreprises implantées dans le Xinjiang et accusées d’exploiter les Ouïghours en fermant les yeux sur les agissements de Pékin. Cela a déjà marché pour Lacoste et H&M qui ont décidé d’arrêter toute activité liée à cette minorité, mais d’autres sont restées sourdes comme Nike et Zara. Du côté politique aussi, l’affaire commence à faire du bruit, certaines autorités renonçant à des partenariats avec des sociétés chinoises comme Huawei. En continuant les actions de sensibilisation du public, l’objectif final est de faire plier Pékin et donc d’aider directement les Ouïghours.

Une communauté en plein tourment

Il faut dire que la situation est catastrophique sur le terrain. Si Pékin fait tout pour éviter toute fuite d’informations, les enquêtes internationales sont de plus en plus accablantes. Pour comprendre cette situation, il faut remonter plusieurs décennies en arrière. A la fin du XXe siècle, Pékin a entrepris une politique pour peupler la région du Xinjiang, d’où viennent les Ouïghours, par des Hans, l’ethnie majoritaire chinoise. Face à ce peuplement vécu comme une invasion, les Ouïghours ont de plus en plus voulu défendre leur culture turcophone et musulmane. La tension n’a cessé de grandir entre eux et Pékin, ce dernier renforçant de son côté sa politique d’affaiblissement de la culture ouïghoure. Cette situation a atteint son paroxysme avec plusieurs attentats dont celui de la gare de Kunming, en 2014, attribué à des séparatistes ouïghours.

A partir de ce moment-là, Pékin s’est montré plus dur que jamais en mettant massivement les Ouïghours dans des camps d’internement, qui sont officiellement des camps de rééducation pour lutter notamment contre l’islamisme. D’après les chiffres du gouvernement américain en mai 2019, ils seraient trois millions de détenus à y être mis de force. Là-bas, ils subissent un lavage de cerveau pour adopter pleinement la culture chinoise. Selon des enquêtes menées par des ONG, certains seraient torturés et d’autres finissent par disparaître, tout simplement.

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