Accueil Culture

La twittosphère demande le boycott de Mulan

Alors que le film vient de sortir aux Etats-Unis, le hashtag #BoycottMulan est devenu l’un des plus populaires ce week-end dans le monde.

Temps de lecture: 3 min

Il devait faire un carton mais un petit coronavirus a tout fichu en l’air ! D’abord prévu en mars puis plusieurs fois reporté, il vient d’être annoncé chez nous pour le 4 décembre sur Disney+. Les Américains ont plus de chance : ils peuvent l’acheter sur la plateforme de streaming pour 29,90 dollars depuis vendredi. Et alors que les producteurs pouvaient enfin commencer à espérer combler le déficit budgétaire créé par cette situation, un appel au boycott est devenu l’un des hashtag les plus populaires sur Twitter ce week-end, avec des dizaines de milliers de tweets.

Des déclarations hautement contestées

Qu’a donc fait un film de Disney a priori bien inoffensif pour créer un tel soulèvement ? En réalité, plusieurs choses, mais une raison se distingue tout particulièrement. Lorsque le film est sorti aux Etats-Unis il y a quelques jours, un message de Liu Yifei, l’actrice sino-américaine qui incarne Mulan, est ressorti des placards. Dans celui-ci, elle déclare s’indigner contre le mouvement pour la défense de la démocratie qui a eu lieu à Hong Kong l’année passée, préférant plutôt soutenir le régime autoritaire lié à Pékin. « Je soutiens la police de Hong Kong. Vous pouvez tous m’attaquer maintenant. Quelle honte pour Hong Kong », écrivait-elle.

Vendredi dernier, le leader du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, Joshua Wong, a donc appelé à des représailles en bonne et due forme : « Parce que Disney s’incline devant Pékin et que Liu Yifei approuve ouvertement et fièrement la brutalité policière à Hong Kong, j’exhorte tous ceux qui croient aux Droits de l’homme à #BoycottMulan », dit-il. Son message a été entendu et depuis massivement relayé.

A côté de cela, le terrain était particulièrement fertile pour que cet appel soit pris en compte par la twittosphère. Le film est en effet accusé d’avoir adapté plusieurs fois son scénario pour plaire à Pékin. Exemple : la disparition de Mushu, remplacé par un phénix. Officiellement, la réalisatrice a déclaré à USA Today que l’optique était « de s'en tenir au réalisme de l'histoire » (malgré les combats fantaisistes à la « Tigre et Dragon »). Mais pour Stanley Rosen, spécialiste de la Chine et professeur à l'université de Californie du Sud, les raisons sont plus politiques. Selon lui, « Mushu était très populaire aux Etats-Unis, mais les Chinois le détestaient » car il pervertissait ce symbole de leur culture. Dans un contexte de tension entre les USA et la Chine, cette adaptation n’a pas forcément été bien vue de tous.

Enfin, dernier élément, qui pu jouer dans la popularité de l’appel au boycott : la disparition d’un autre personnage central, le général Li Chang. Pour le producteur Jason Reed, il fallait aussi adapter ce point de l’histoire : « Je pense qu’à l’heure du mouvement #MeToo, le fait qu’il y ait une attirance entre le commandant et Mulan n’est pas approprié », dit-il. Finalement, Li Chang a été scindé en deux rôles distincts : le commandant Tung et Honghui. Mais pas sûr que les fans apprécient une telle adaptation.

Notre sélection vidéo

Sur le même sujet

Aussi en Cinéma

Voir plus d'articles

À la Une