Les années Mitterrand (5): les ombres d’un passé trouble
D’abord à droite, pétainiste, le futur président cultive des amitiés coupables qui vont le rattraper une fois élu.
De gauche, acquis aux droits de l’homme, à la justice sociale, aux minorités, homme d’ouverture : le président socialiste soignait sa médaille. Choisi par le peuple sur la base d’un programme généreux, Mitterrand méconnaît le mot « réactionnaire ». Il maintient cette illusion jusqu’à la parution, en 1994, du livre de Pierre Péan, « Une jeunesse française ; François Mitterrand, 1934-1947 ». Il tombe de son piédestal, est confronté à son passé. Le journaliste-écrivain, aux enquêtes toujours très pointues, exhume des faits et des engagements que l’intéressé camoufle avec soin. Mitterrand socialiste ? Il n’en a pas toujours été ainsi. Son éducation bourgeoise et catholique chez les frères maristes a façonné le jeune homme. Il se veut patriote. Il soutient la droite pétainiste. Il admire le maréchal. Il sympathise avec Vichy. Son positionnement à droite, voire à l’extrême droite, ne fait guère de doute. Dans son camp, ces révélations jettent le trouble.