Verviers: la peur du lendemain
Dévastée par la Vesdre, l’ancienne cité lainière pleure ses morts, compte ses sinistrés et se prépare aux crises à venir.
Le long de la rivière, les Verviétois empilent leurs débris et racontent l’angoisse des mois à venir. Si un phylactère devait flotter au-dessus de chaque sinistré, il serait rempli d’un point d’interrogation. Qu’importe le quartier, de Pré-Javais à Ensival, aucun ne peut avancer avec certitude où il se trouvera dans six mois. Pas même dans deux semaines. Dans la nuit du 14 au 15 juillet, la Vesdre, qui d’ordinaire glougloute à peine, s’est transformée en violents torrents, un mélange boueux d’impressionnantes précipitations et de masses d’eau venues d’Eupen. Les flots déchaînés ont tué des innocents, englouti des voitures et touché 5.112 habitations de Verviers. Pour cette seule commune de la région liégeoise, au moins 10.000 personnes doivent être relogées pour cause de domiciles insalubres, voire inhabitables. Une petite centaine de maisons menacent de s’effondrer. La décrue a révélé l’ampleur des dégâts. En bord de rivière, caves et rez-de-chaussée sont rongés par l’humidité. Les cuisines sont inutilisables et les trottoirs servent de dépotoirs.