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Le film «Down with the king» avec le rappeur Freddie Gibbs couronné à Deauville

Le festival du cinéma américain de Deauville a récompensé samedi un film avec la star du hip-hop américain Freddie Gibbs, après une 47e édition marquée par le retour des Américains.

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« Down with the king », un film du français de Diego Ongaro qui remporte le « Grand Prix », raconte l’histoire d’un célèbre rappeur qui se découvre un goût inattendu pour la vie de fermier. Tourné dans le Massachusetts, ce long métrage avait été présenté en juillet à Cannes. « Je n’ai jamais voulu jouer un rappeur dans un film, mais là c’était bien plus intéressant qu’un film de rap. Pour moi, c’était une opportunité formidable », avait déclaré à l’AFP à Cannes le musicien né à Gary, ville sinistrée près de Chicago, qui a longtemps collectionné les problèmes judiciaires avant les succès.

Dans le film, Money Merc, son personnage, se lie d’amitié avec un paysan du coin (Joe), qui lui apprend à dépecer des vaches, nourrir les cochons, ramener les bêtes à l’enclos. Mais le rappeur est vite rappelé à sa réalité : son agent le harcèle pour lui réclamer des démos, ses fans réclament des nouvelles sur les réseaux, ses concurrents le « clashent » dans leurs textes. Le dur à cuir venu de la rue frôle le burnout.

Le film joue avec humour sur le gouffre entre le bling-bling du rap et l’âpreté de la campagne – ramener des cochons dans un survêtement et des baskets immaculés n’est pas simple – et bouscule avec férocité les clichés de la culture hip-hop : l’argent roi, le virilisme envahissant, les textes pleins de poncifs (crack, ghetto et AK47). Diego Ongaro avait déjà fait un film dans cette région du Massachusetts (« Bob and the trees »), où il vit désormais. « Je suis d’autant plus surpris d’être ici ce soir que je pensais arrêter le cinéma il y a deux ans. Avec mon producteur on essayait de trouver des financements et un casting  », a-t-il réagi.

Une fréquentation d’avant Covid

Charlotte Gainsbourg, présidente du jury, a salué « un sujet fort  ». « L’acteur principal est incroyable. C’est tellement proche d’une vérité, l’idée de se retirer, de ne plus être en adéquation avec le métier qu’on a choisi  », a-t-elle commenté à l’issue de la cérémonie. Le réalisateur avait expliqué à Cannes qu’il n’aurait jamais osé espérer une star du rap dans le rôle sans la pandémie. « J’ai pensé à Freddie Gibbs (…) et je me suis décidé en me disant que c’était le meilleur moment : il est comme tout le monde avec sa famille enfermé chez lui ». Les raps du film sont des improvisations de Freddie Gibbs durant le tournage.

Le Prix du jury de Deauville revient lui à la fois à « Pleasure », un premier film interdit aux moins de 18 ans de Ninja Thyberg (en salle le 20 octobre), et à « Red Rocket » de Sean Baker, qui était aussi en compétition à Cannes. Les deux films dénoncent la toxicité des milieux de l’industrie du X. « Red Rocket » décroche aussi le Prix du jury de la critique. Le Prix du jury de la Révélation, présidé lui par Clémence Poésie (Série « En thérapie), est attribué à « John and the hole », un premier film de Pascual Sisto. Ce thriller raconte l’histoire d’un garçon de 13 ans qui retient ses parents et sa sœur prisonniers dans un ancien bunker et rentre chez lui où il est enfin libre de faire ce qu’il veut.

« Blue Bayou » de Justin Chon décroche lui le Prix du public. Ce film raconte l’histoire d’un père de famille recomposée américano-coréen qui a passé sa vie dans le village de Bayou (Louisiane) mais risque d’être expulsé du seul pays qu’il a jamais considéré comme le sien. Treize films, signés par des réalisateurs indépendants des studios d’Hollywood, étaient en compétition.

Selon les organisateurs, le festival a retrouvé la fréquentation d’avant Covid, et devrait finir aux alentours de 60.000 spectateurs comme en 2019, même avec les masques et les pass sanitaires. L’an passé, près de 38.000 spectateurs avaient fait le déplacement, selon la direction.

AFP

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