Récupérer les chefs-d’œuvre pillés par les Allemands
Dans « Le trésor de guerre des nazis », le journaliste Geert Sels livre une enquête passionnante sur le pillage systématique des œuvres d’art en Belgique pendant la guerre.


En cette fin des années 30, Moritz Lindemann exerce en qualité de restaurateur d’art ancien à Vienne. Il n’a pas son pareil pour reconnaître les tableaux retouchés parmi les œuvres des maîtres. Ce qui lui a valu son surnom d’« homme aux yeux rayons X ». Dans les années 1920, tant les grands musées autrichiens qu’allemands, belges, néerlandais ou français font appel à son expertise. Mais après l’Anschluss de 1938 (l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne), en tant que Juif, il ne se sent plus en sécurité à Vienne. Il obtient un visa de trois mois pour la Belgique en échange de tableaux qui pourraient intéresser notre pays. Ainsi, le Musée des Beaux-Arts d’Anvers peut acquérir auprès de lui et « à des conditions très favorables auprès d’Autrichiens en fuite », notera le conservateur, deux peintures remarquables de l’École hollandaise, que le musée possède toujours aujourd’hui.