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Quand l’homme avait un os dans le pénis

Nos ancêtres mâles avaient un os dans le sexe qu’ils ont perdu au cours de l’évolution. Pourquoi ?

Temps de lecture: 4 min

Faut-il le regretter ou s’en réjouir ? L’homme d’aujourd’hui ne possède plus d’os pénien, que les scientifiques appellent baculum. Contrairement à la plupart des mammifères, le chien, le chat, le bonobo, le lion ou le morse (chez qui le baculum mesure plus de 50 centimètres) pour ne citer qu’eux, le mâle de l’espèce humaine a perdu ce petit os souple détaché du squelette qu’il avait il y a 2 millions d’années. Pourquoi n’a-t-il plus cet os flottant qui a l’avantage de permettre au pénis de tenir plus longtemps pendant l’accouplement mais le désavantage de provoquer des douleurs chez la femelle, souffrances qui provoquent la contraction du vagin facilitant l’orgasme du mâle ?

Os péniens (isopix)
Os péniens (isopix)

Bien évidemment les scientifiques se sont penchés sur cette épineuse question pour avancer diverses hypothèses. Certains ont affirmé que l’os pénien devait permettre au mammifère mâle de diriger plus facilement son sexe vers celui de la femelle et de s’y introduire plus aisément. L’homme doté de mains habiles pour positionner son pénis n’avait plus besoin de cet os. Il l’a dès lors perdu. D’autres ont expliqué que cet os servait à stimuler les femelles et à déclencher l’ovulation, comme c’est toujours le cas chez les chats domestiques. Les femelles humaines n’ayant pas de tels œstrus et acceptant les coïts en dehors des périodes de fécondation, les mâles ont perdu cet attribut pénien. Il y a deux ans, deux scientifiques anglais, en l’occurrence Matilda Brindle et Christopher Opie, du département d’anthropologie de l’University College de Londres, ont avancé une nouvelle explication : l’homme a perdu son os pénien car il est devenu une espèce à tendance monogame ! Pour étayer cette hypothèse, les anthropologues se sont penchés sur les bacula des primates. Ils ont constaté qu’ils permettaient de prolonger la durée de la pénétration vaginale et d’augmenter les chances de féconder la partenaire… Ils ont encore observé que plus les bacula étaient longs, plus les durées de pénétration se prolongeaient. Ainsi les Macaques à face rouge, qui ont un os pénien de 53,1 mm, ont une durée de pénétration dépassant les 3 minutes alors que les bonobos qui ont un os pénien de 8 mm tiennent à peine 15 secondes. Et ces coïts prolongés offerts par les bacula représentaient, comme l’explique Matilda Brindle, d’excellents « moyens pour un mâle d’empêcher une femme de se défiler et de s’accoupler avec quelqu’un d’autre avant que son sperme ait eu la possibilité d’atteindre son but ». L’avantage serait indéniable dans une société de primates où les mâles sont en forte compétition sexuelle les uns avec les autres. Et les anthropologues d’expliquer alors que les femmes humaines ayant tendance à être plus fidèles et à n’avoir qu’un seul partenaire sexuel à la fois, les avantages offerts par les bacula seraient devenus inutiles « Les mâles humains en général subissent une compétition sexuelle minimale car les femmes ont tendance à n’avoir qu’un seul partenaire sexuel à la fois. Peut-être que c’est l’adoption de ce modèle d’accouplement, en plus de la courte durée d’intromission – inférieure à deux minutes hors préliminaires –, qui a conduit à la perte de l’os pénien », explique Matilda Brindle.

L’explication est intéressante mais les humains sont-ils vraiment monogames ? La compétition sexuelle est-elle vraiment minimale ? De plus comment expliquer alors que les hommes sans os pénien ont des coïts d’une durée bien plus longue – autour des deux 2 minutes selon les anthropologues – alors que les bonobos qui ont un baculum ne tiennent que 15 secondes… La disparition de l’os pénien n’a pas trouvé son explication ultime. Les scientifiques ont encore de quoi débattre. Et pourquoi la préférence des femelles pour des mâles sans baculum dont le pénis est source de plaisirs plutôt que de souffrances n’aurait-elle pas pu jouer ?

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