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Masturbation féminine : tabou or not tabou?

Trois femmes sur quatre se masturbent selon une étude française. L’onanisme féminin aurait-il perdu son côté sacrilège ?

Temps de lecture: 4 min

Débilité, convulsions, perte d’appétit, amaigrissement, céphalées, dessèchement, problèmes visuels, impuissance, folie… La liste est longue et terrifiante des problèmes de santé qui furent attribués à la masturbation. Longtemps, jusque dans les années cinquante, la pratique fut accusée de tous les maux physiques. Pire encore. La masturbation fut jugée amorale, enfermant la personne dans un plaisir solitaire qui ne pouvait que menacer l’intimité du couple et sa précieuse progéniture. L’onanisme était « contre-nature », un péché, une « souillure manuelle », une « incontinence secrète. Bien évidemment de tels discours pseudo-scientifiques et moraux étaient destinés à effrayer la gent masculine. Nul ne pouvait imaginer que les femmes pouvaient elles aussi se masturber. Ne sont-elles pas des êtres purs, des madones éthérées soucieuses des autres et de leurs enfants ?

Trois femmes sur quatre se masturbent

Les révolutions féministe et sexuelle allaient changer ces croyances et découvrir les mille et une dimensions de la sexualité des femmes dont celle de la masturbation. L’autoérotisme féminin est aujourd’hui considéré comme une pratique sexuelle courante. Une étude publiée en décembre dernier dans « Sexologies », la revue de la Fédération Française de Sexologie et de Santé sexuelle vient de le confirmer. Son auteur, François Kraus y précise les résultats d’une enquête Ifop menée en France auprès de 913 femmes âgées de 18 à 69 ans qui mettent en évidence la généralisation de l’onanisme chez les femmes. Pas moins de 3 femmes sur 4 ont déclaré se masturber ; la fréquence varie bien évidemment, passant de tous les jours pour 2 % des femmes à au moins 1 fois par mois pour 11 % des femmes en couple et 21 % des femmes célibataires. Désormais les pourcentages globaux des femmes se caressant se rapprochent de ceux des hommes même si par rapport à ces derniers, elles sont cinq fois moins nombreuses à dire qu’elles se masturbent presque chaque jour (2 %). L’onanisme est encore loin de devenir une composante du répertoire sexuel des femmes aussi ordinaire que dans celui des hommes.

Mais la masturbation féminine se généralise. Elle se banalise tant elle est évoquée au cinéma, à la télé, dans des séries, chansons ou articles de presse. L’accès aisé aux sites pornos, le succès de livres érotiques – merci Cinquante nuances de Grey –, comme la banalisation des sextoys facilitent la chose. « La pratique plus large de la masturbation féminine est symptomatique d’une approche de plus en plus hédoniste et autonome de la sexualité féminine, en rupture avec la vision traditionnellement « pénétrative » du plaisir féminin, » commente François Kraus.

Et cette généralisation se marque chez les femmes célibataires comme chez les femmes mariées. Quel que soit leur statut, en couple ou seule, les femmes sont aussi nombreuses à s’offrir en solo le 7 e ciel. Celles qui vivent en couple sont 13 % à se toucher au moins une fois par semaine et celles qui vivent seules, 15 %.

Un tabou au sein du couple

Pourtant un tabou subsiste chez les femmes qui vivent en couple car la pratique n’est pas assumée, surtout pas celles qui se déclarent insatisfaites de la qualité et de la quantité de leurs rapports conjugaux. Pas moins de 45 % des femmes en couple qui se caressent jugent que leur pratique est un sujet tabou. Elles n’osent pas confier leur plaisir solitaire à leur partenaire. « Elles craignent sans doute que cette pratique soit interprétée comme le signe de l’incapacité de leur partenaire à satisfaire leurs besoins. Le tabou autour de la masturbation féminine reste donc prégnant, non seulement chez les femmes qui peinent à dissocier sexualité et conjugalité mais aussi chez celles dont le couple donne des signes d’une sexualité défaillante », analyse François Kraus. À leurs yeux, la masturbation est une réponse à des frustrations sexuelles. Pourtant l’étude montre que les femmes en couple qui ont trois rapports sexuels par semaine se masturbent plus fréquemment que les autres.

Une pratique épanouissante

L’autoérotisme offre de nombreux avantages physiques et psychiques. La masturbation détend, diminue le stress, relâche les tensions sexuelles, renforce les muscles du plancher pelvien, dope les défenses immunitaires et donne confiance en soi. Et c’est sans compter l’avantage de mieux connaître son corps, ses zones de plaisir et son fonctionnement érotique. La masturbation développe aussi les fantasmes qui sont des éléments essentiels au désir et plaisir. Tant d’avantages ne peuvent que déculpabiliser les femmes qui jugent encore la pratique taboue !

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