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Pourquoi le désir ne dure pas?

Le temps passe et l’envie de l’autre s’atténue obligatoirement, physiologiquement.

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« Il y a deux tragédies dans la vie : l’une est de ne pas satisfaire son désir et l’autre de le satisfaire », écrivait Oscar Wilde. Le dandy britannique avait tort. Le désir ne s’atténue pas aussi vite qu’une seule fois assouvi. Mais il est tout aussi vrai qu’il évolue progressivement au fil du temps. Brûlant au début, le désir fait palpiter le cœur et le corps. « Je reste sans voix à ta vue. Ma langue se brise. La fièvre me brûle. Mes yeux se brouillent. Mes oreilles bourdonnent. Je transpire, je frissonne. Je verdis, je crois mourir. Je vais jouir ! », chantait Sapphô la poétesse antique. Les gestes de l’autre troublent, émoustillent et excitent. Et puis lentement, inexorablement, ils deviennent plus attendus. Le désir de l’autre diminue comme l’excitation et les nuits d’amour s’espacent. La passion s’assagit. Dans les années cinquante, le sexologue Alfred Kinsey a même chiffré la chose, montrant qu’un couple a autant de relations sexuelles durant sa première année que durant le reste de sa vie amoureuse…

Et rien de plus normal. Naturellement, au fil du temps, l’excitation si liée au désir décroît. Le corps est excité par la nouveauté et l’inconnu. À force d’être touché, caressé par la même personne, il ne réagit plus de la même façon. Après 3 ans pour les uns, 5 ans pour les plus optimistes, il est bien moins émoustillé. Les baisers et caresses ne font plus le même effet. C’est ce qu’on appelle en psychologie le « phénomène d’habituation » qui bien étudié, montre qu’une stimulation voit sa réponse perdre graduellement en fréquence et en intensité quand elle est répétée. « Avec la répétition d’une même stimulation, la réaction électro-physiologique des cellules nerveuses perd en intensité, » écrit le psychologue sexologue belge Philippe Kempeneers dans la revue « Sexualités humaines ». Le corps s’habitue aux stimuli qui se répètent, qu’ils soient négatifs – tel le stress de parler en public – ou positifs. Et sensoriels. Le corps s’habitue aux stimuli érotiques et l’excitation diminue… « La règle d’habituation est une fonction adaptative de base sans laquelle, cela va de soi, nous serions amenés à vivre constamment sur des chardons ardents. De l’anxiété à l’exaltation euphorique : tout tend naturellement à s’apaiser ; pour le meilleur comme pour le pire, peurs et joies se tempèrent. L’affadissement des transports amoureux et des désirs sexuels concomitants ne seraient ainsi que des variations sur le thème universel de l’habituation, » développe le sexologue liégeois.

Mais on se rassure. Cette habituation n’est pas forcément une catastrophe, c’est même la base de l’apprentissage car si le désir de l’autre et l’excitation ont tendance à baisser, l’attachement augmente comme le plaisir. Avec le temps, on a appris à connaître le corps de l’autre et son fonctionnement et on a eu la possibilité – quand tout se passe bien – d’harmoniser les désirs et comportements. Au fil des nuits, on désire moins physiquement l’autre mais on y est plus attaché et on s’offre des sensations plus intenses. Encore faut-il les initier…

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