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R. Kelly, des sommets de la scène R&B au procès pour abus sexuels

Enfant de Chicago, devenu une star mondiale grâce à des tubes dans les années 1990, R. Kelly a dominé pendant des années la scène R&B en dépit d’une longue série d’accusations d’abus sexuels.

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Déchu, visiblement ruiné et en prison, il s’apprête à comparaître devant le tribunal fédéral de Brooklyn, où la sélection des jurés doit commencer ce lundi. Avec sa voix influencée par le gospel et ses textes remplis de références sexuelles, R. Kelly a vendu 75 millions de disques dans le monde, ce qui en fait l’un des plus grands succès commerciaux du R&B.

Le chanteur a remporté trois Grammy Awards en 1998 avec le hit « I Believe I Can Fly ». Mais son succès a toujours été entouré par les rumeurs et les accusations d’abus sexuels, qu’il a étouffées avec des accords financiers prévoyant des clauses de confidentialité. À une époque précédant le phénomène #metoo, il a pu agir en toute impunité, décrivent les actes d’inculpation qui le visent aujourd’hui. « J’aime les femmes  » mais « est-ce que j’aime coucher avec des filles mineures ? Absolument pas. Est-ce que des gens essaient de détruire ma carrière ? Absolument  », s’était-il défendu dans un entretien à GQ en 2016.

Acquitté

Né le 8 janvier 1967 à Chicago, R. Kelly est élevé par sa mère, au sein d’une fratrie de quatre enfants. Dans une autobiographie sortie en 2012, il confie avoir été témoin de premières scènes sexuelles dès l’âge de huit ans, racontant qu’il avait pour instruction de les photographier. Il dit aussi avoir été victime d’un viol commis par une femme au même âge, puis d’autres abus sexuels avant l’adolescence.

R. Kelly, qui n’est pas allé au lycée, a publié quatorze albums à son nom. Chanteur dans le métro, sa vie va changer quand il est repéré lors d’un barbecue dans le sud de Chicago par un cadre du label Jive Records, qui le fait signer en 1991. Son premier album solo, « 12 Play » (1993), avec les titres très sexuels « Bump N’ Grind » and « I Like the Crotch on You », reste neuf semaines en tête du classement R&B.

Sa vie personnelle tumultueuse, notamment à cause de l’annulation de son mariage avec sa protégée de quinze ans, la chanteuse Aaliyah, n’empêche pas sa célébrité d’exploser. Mais au début des années 2000, un journaliste du Chicago-Sun Times, Jim DeRogatis, reçoit dans un courrier anonyme deux cassettes vidéo où le chanteur a des relations sexuelles avec des jeunes filles, dont l’une va aboutir à son inculpation pour pédopornographie. Après des années de procédure, pendant lesquelles R. Kelly a continué ses tournées, il est acquitté.

« Mute R. Kelly »

De 2005 à 2012, Kelly écrit, produit, réalise et interprète un « hip hopera », « Trapped in the Closet », 33 chapitres d’une histoire étrange où le sexe règne encore. L’œuvre déconcerte mais séduit quand même la critique. En juillet 2017, plusieurs mois avant que l’affaire Weinstein n’entraîne une prise de conscience sur les abus sexuels commis par des hommes puissants, le site BuzzFeed diffuse une longue enquête de Jim DeRogatis accusant R. Kelly de diriger une sorte de secte sexuelle et de séquestrer contre leur gré six femmes, entre Chicago et Atlanta.

Au même moment, à Atlanta, Kenyette Barnes et Oronike Odeleye fondent le mouvement « Mute R. Kelly », qui prône le boycott de ses chansons et mobilise des militants contre ses concerts. En janvier 2019, une série documentaire diffusée sur Lifetime, « Surviving R. Kelly », enfonce le clou. Plusieurs victimes décrivent le chanteur comme manipulateur, violent et obsédé par les très jeunes filles.

Cette fois, son label le lâche et des artistes, dont Lady Gaga, présentent leurs excuses pour avoir travaillé avec lui. Et derrière l’indignation, couvent de nouvelles actions en justice. Depuis, R. Kelly a été inculpé de nombreux abus sexuels à Chicago et au niveau fédéral dans l’Illinois et l’État de New York.

AFP

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